THE HOUSE AT THE END OF TIME
Genre : ghost movie, mystery, supernatural, time travel
Pays : Vénézuela
Réalisateur : Alejandro Hidalgo
Cast : Guillermo Garcia, Hector Mercando, Rosmel Bustamante, Ruddy Rodriguez
Scénario : Alejandro Hidalgo
Soundtracks : Yoncarlos Medina
Producteur : Alejandro Hidalgo
Distributeur : Jinga Films
Année : 2013
Synopsis :
L’avis du BIFFF :
Avec ce premier film qu’il a écrit, monté, produit et réalisé, Hidalgo montre son amour de la flippe avec une maîtrise phénoménale : partant de la maison hantée classique à la sauce
Lovecraftienne, il y greffe une boucle temporelle culottée qui fait monter la température d’une terreur déjà bouillante de plusieurs crans ! On sent déjà le remake à Hollywood…
L'humble avis d'Alexandra CLEMENT et d'Olivier NELLI :
Dans les années 50, Dulce doit faire face à des phénomènes surnaturels qui lui enlèveront son fils et tueront son mari.
Accusée à tord, elle purge une peine de 30 ans de prison.
A sa sortie, elle retourne sur les lieux du drame.
Les souvenirs du passé refont alors surface, et elle va tout faire pour comprendre ce qui s'est passé 30 ans plus tôt.
C'est un film très difficile à aborder, si on ne veut pas « spoiler ».
Bien réalisée, la narration est fluide, même si les va-et-vient entre les différentes époques de l'histoire nous perdent un peu.
C'est très appréciable d'avoir une histoire qui se termine correctement.
Les cadrages sont très stables, et nous offrent une très bonne lecture du film.
Ils mettent en valeur les décors, même si ceux-ci restent sobres, avec de beaux gros plans sur des poignées de portes très stylisées.
Ils sont d'ailleurs en parfaite adéquation avec ce que nous raconte l'histoire.
Les multiples escaliers montants et descendants, tous donnant sur des portes s'ouvrant elles-mêmes sur d'autres escaliers montants et descendants, sont filmés de telle manière que l'on se
croirait projeté dans "le mouvement perpétuel" de Esher.
De nombreux gros plans sur les visages accompagnent les émotions des
personnages, ce qui les rend plus sympathiques qu'ils n'y paraissent.
Ceux-ci sont assez anthipathiques au début, mais, très vite, par des sourires, des moments volés, ou encore la justesse du jeu, ils nous deviennent attachants, et bienveillants.
Notamment lorsque Dulce regarde ses enfants partir à vélo, en leur souriant, alors que dans la scène précédente, elle les sermonait sur leur comportement agité.
On ressent la tendresse que porte la maman à ses enfants, même si elle semble dure avec eux.
Le grand frère, Léopold, est très attachant.
Son jeu est juste, malgré son jeune âge.
Il arrive à passer d'une scène de jalousie envers son jeune frère, Rodrigo, à une scène plus émouvante, dans la subtilité, avec des larmes et de la tristesse, lorsque celui-ci vient à
disparaitre.
De même, les sourires qu'il lance à Dulce, ou à son petit frère, sont prenants
de sincérité.
C'est un polisson qui, derrière ses airs de chenapan rebelle, adore sa famille.
La musique se fait discrète, et soutient l'action, accompagnant les personnages.
Niveau montage, on n'a pas de surdécoupage.
Les plans restent longs.
Ils prennent le temps de poser l'action, de développer les personnages, et de nous dévoiler la demeure sous ses multiples facettes.
Même si on a un décor de prison, et quelques rues, la maison reste le lieu principal de l'action.
Une bâtisse perdue entre l'espace et le temps.
Les trente ans qui séparent le début du film (1950) et la suite de l'histoire (1980) n'ont pas d'influence sur les murs.
Tout comme les costumes, ils sont intemporels, comme si le temps s'était arrêté en ce lieu.
Cette maison recèle de nombreux passages (portes et escaliers), donnant sur de multiples pièces, s'ouvrant sur d'autres couloirs…
Un véritable labyrinthe !
Même la cave semble reposer sur plusieurs étages.
Durant son exploration, on se demande bien où elle va se terminer…
La lumière est très expressioniste.
Même si elle n'est pas aussi colorée que dans les films italiens des années 80 (chez Mario Bava et Dario Argento), on retrouve des ambiances que n'auraient pas renié "Le masque du démon" ou "Les
3 visages de la peur" (sketch de "la goutte d'eau").
Pour les scènes se situant dans les années 50, en journée, la lumière a une dominante jaune et chaleureuse.
C'est le temps de la vie et de la joie de vivre, Dulce s'occupant de ses enfants en leur donnant tout l'amour qu'ils méritent.
Par contre, la nuit, la lumière est dans des tons bleus/blancs désaturés, renforçant les apparitions fantomatiques.
Ce sont aussi les seuls moments où l'on voit le mari de Dulce.
Rien que par cette lumière froide, on comprend que la situation entre eux touche à sa fin.
Leur relation amoureuse n'est plus que l'ombre d'elle même, un spectre du passé.
Cette même tonalité lumineuse accompagnera aussi la disparition de Rodrigo, et sera présente dans pratiquement toutes les scènes des années 80.
Tout le temps où Dulce se remémorera le passé, en essayant de comprendre ce qui
se passe et au fur et à mesure du dénouement, les couleurs et la clarté reviennent peu à peu, comme si la joie de vivre revenait doucement, en balayant les tristes souvenirs.
Comme SFX, on a seulement un couteau planté dans le cou du père, au moment de son meurtre, une balafre sur le visage de Dulce, et du sang à la comissure des lèvres de Rodrigo.
L'effet spécial le plus important est le vieillissement de Ruddy Rodriguez.
On regrettera cependant que ce maquillage soit un peu trop statique, figé, empêchant, par moment, les émotions de la comédienne de ressortir correctement, et ne rendant donc pas toujours hommage
à son jeu juste, tout en sobriété.
En conclusion, c'est un premier film très réussi, qui mérite d'être découvert, même si d'autres longs métrages, comme "Timecrimes" de Nacho Vigalondo, et "Triangle" de Christopher Smith, traitant
des même thèmes, sont plus aboutis.
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