AVA’S POSSESSIONS


Réalisateur(s) : Jordan Galland
Producteur(s) : Jordan Galland, Maren Olsen, Carlos Velazquez
Scénariste(s) : Jordan Galland
Photographie : Adrian Correia
Montage : Jordan Galland
Musique : Sean Lennon
Interprète(s) : Louisa Krause, Jemima Kirke, William Sadler
Pays : Etats-Unis
Année : 2015
Durée : 1h29

Synopsis :

Ava était possédée.
Ce mal étant désormais reconnu, l’Etat finance sa thérapie pour qu’elle puisse retrouver une vie normale.
Aux Possédés Anonymes, l’ambiance tient parfois de l’aire de jeux pour adultes, avec séances de coloriage, poupées et cris primaux.
Mais pour réparer le tort qu’elle a causé, Ava doit aussi retrouver les victimes de ses frasques démoniaques.
Se lançant à leur recherche, elle découvre de sinistres complots…

L’avis du FEFFS :

Galland fait souffler un vent de fraîcheur et de renouveau sur le film d’exorcisme et prend le spectateur au dépourvu dans un mélange soigné de funk, de démythification et d’humour pince-sans-rire.
Le résultat est séduisant, en partie grâce au charme de Louisa Krause dans le rôle d’Ava.

Mon humble avis :

« Ava’s possession » porte un regard décalé sur le genre, pour mieux le renouveler, dans la lignée de la fausse télé-réalité du « Dernier exorcisme ».

Le message pose la question de la rédemption, est-t-elle possible pour les anciens possédés ?
Le démon possède-t-il un innocent au hasard, ou le possédé est-t-il en partie responsable ?

La réalisation utilise les codes de la comédie indépendante, basée sur ses dialogues avant tout.
La mise en scène prend bien le temps pour l’exposition des caractères.

Les cadrages usent d’une bonne variation de valeurs de plans.
On trouve une assez amusante vue subjective du démon pendant un exorcisme, ds le générique de début.
Il y a beaucoup de gros plans avec une mise au point très précise sur un détail et le reste flou.
On trouve aussi pas mal de plans obliques, insistant sur la déstabilisation psychologique de l’héroïne.
Les mouvements panoramiques sont lents et élégants.
Parfois c’est de la caméra portée, mais ça reste lisible.
On trouve quand même beaucoup de cadrages gratuitement sexy, insistant sur les fesses, les jambes, ou les pieds des nombreuses belles nanas !
Bon, si on prend en compte la sexualité comme moyen du démon de parvenir à ses fins, ça peut être signifiant, et donc pas si gratuit…

La photographie fait dans les couleurs fluos de néons, rose ou vert, avec des contrastes doux et une légère surexposition de jour.
Cette gamme de couleurs est originale, de nuit ça évoque beaucoup les giallo de Dario Argento des années 80.
Les scène diurnes sont plutôt dans des teintes pastels, assez « girly », mais il y a beaucoup de scène nocturnes.

Le montage est très énergique, avec des ellipses narratives fréquentes.

Les décors entretiennent un désordre permanent, pour insister sur la psychologie chamboulée de l’héroïne qui doit se reconstruire.
Son appartement est chaotique, il y a du bordel partout.
Le lieu de réunion des « possédés anonymes » est à l’identique, on voit aussi des ruelles sordides, un hôpital, et une galerie d’art moderne.


Les costumes on un look vraiment particulier, ils sont très travaillés.
Il ne suive pas vraiment une mode connue, c’est plutôt un travail de styliste très créatif : ils sont colorés, légèrement rétro avec des accessoires modernes, baba cool mais classe à la fois, genre le look de nouveau bobos branchouilles !
Par exemple, la mère porte un bandeau de pirate sur un œil, mais même ce dernier est stylisé avec du velours imprimé violet.

Les effets spéciaux sont assez nombreux.
On voit tout d’abord un nounours en peluche parlant, puis une photo aux yeux animés, avant quelques effets gore : une blessure au couteau à la main, un œil poché, un autre crevé, une scène de cannibalisme, puis carrément de découpe de cadavre !
Le maquillage de possédé est assez extrême, avec veines apparentes et blancheur morbide.
Les maquillages de démon ont des look d’homme chauve souris.
L’actrice principale passe du look de possédé à celui d’une démone sur un morphing alors qu’elle est un mouvement, un SFX propre et soigné.

Le casting contient le célèbre William Sadler en père de l’héroïne, toujours parfait.
L’actrice principale, Louisa Krause, est sexy et joue beaucoup sur son physique.
Son interprétation est par ailleurs intense et subtile.
On trouve beaucoup de belles filles à l’écran sur ce film !
L’acteur balaise qui joue le responsable des « possédés anonymes » est plutôt charismatique.
Notons que le rôle de la copine, accro à la possession et tentatrice, est vraiment excellent.

La musique du générique de début utilise du rock avec des choeurs gothiques.
Durant le film c’est plus original, c’est un mélange d’influence de Goblin et de John Carpenter en plus funky et aérien.
On entend aussi du rock rétro, en fait la musique est presque constante, et c’est plutôt un des points forts du film.
Cette bande originale est glamour et bizarre à la fois, entre le jazz et la pop !

En conclusion, le récit a un côté polar, du style enquête d’un amnésique sur ses propres actes (en ce sens ça évoque « Angel Heart » mais dans une toute autre ambiance).
Au final, c’est un simple « whodunit » mais avec le bonus du surnaturel… original et fun, à ne pas rater.
De toute façon, quelque soit l’histoire, quand l’image est belle et que le son est bon, le cinoche peut très bien offrir un plaisir quasi-abstrait, et c’est le cas ici.