Réalisateur(s) : Corin Hardy
Producteur(s) : Felipe Marino, Joe Neurauter, Will Clarke
Scénariste(s) : Corin Hardy, Felipe Marino
Photographie : Martijn Van Broekhuizen
Montage : Nick Emerson
Musique : James Gosling
Interprète(s) : Joseph Mawle, Bojana Novakovic, Michael McElhatton
Pays : Royaume-Unis
Année : 2015
Durée : 1h37
Synopsis :
L’avis du FEFFS :
Corin Hardy réalise un film de monstre au classicisme assumé, une oeuvre organique, sombre et terrifiante. Pourtant, Woods doit surtout être perçu comme une célébration du folklore, une oeuvre mettant en lumière avec passion les légendes irlandaises et leur bestiaire néfaste. Et ce goût des traditions se retrouve d’ailleurs dans la démarche artistique d’un cinéaste qui minimise les effets numériques pour privilégier des techniques d’effets spéciaux classiques dignes des grands maîtres du genre.
Mon Humble Avis
:
Le film aborde la mythologie celtique, et ses créatures mystérieuses.
Il est clairement question de banshees, de changeling, et de « vénérables ».
Une banshee, banshie ou bean sí est une créature féminine surnaturelle de la mythologie celtique irlandaise, considérée comme une magicienne ou une messagère de l'Autre monde (sidh).
Elle est comparable à d'autres créatures mythologiques d'Europe (mythologie galloise ou nordique).
Ultérieurement, dans les légendes du folklore irlandais et écossais, la banshee est décrite comme une messagère de mort, une créature surnaturelle féminine qui commence à gémir ou crier quand
quelqu'un est sur le point de mourir.
Elle est souvent confondue avec la bean nighe, vue en train de nettoyer du linge.
La banshee est souvent comparée à d'autres créatures légendaires d'Europe ou du monde, comme la Dame blanche.
Parfois leur apparition provoque une maladie que nulle médecine ne peut guérir, et qui conduit à la mort, à moins d’une intervention divine.
Cet aspect de maladie étrange se retrouve dans le métrage.
Une caractéristique majeure du folklore de la banshee est son lien avec l'annonce ou le présage de mort.
Dans le folklore plus tardif, notamment la tradition orale du XXe siècle, la banshee annonce la mort par un cri ou hurlement terrifiant.
Cette tradition moderne semble particulièrement présente dans les régions influencées par des cultures non gaéliques, telles que l'Est de l'Irlande, le sud de l'Écosse, le pays de Galles.
Le cri de la banshee se distingue clairement d'un cri humain ou animal, et il se fait toujours entendre durant la nuit.
Il est entendu le soir par les personnes encore éveillées, ou bien il réveille les personnes durant leur sommeil.
Ce cri annonce la mort d'une personne dans la maison ou la famille, ou bien c'est le présage de la mort imminente d'une personne.
De nombreuses références à ce type de cris sont parsemés dans le film, jusqu’au générique final qui se stoppe pour un faire entendre un vraiment terrifiant.
Dans le film, la banshee est citée comme une voleuse d’enfant, or il n’y a rien de tel dans les légendes paganistes associées à ce personnage.
Dans le folklore européen, un changeling ou changelin est un leurre laissé par les fées, trolls, elfes (ou
autres créatures du Petit peuple) à la place d'un nouveau-né humain qu'elles enlèvent.
Il y a clairement ce personnage dans « Hallow », et c’est même un élément clef du scénario.
Les parents dont l'enfant était ainsi victime de substitution pouvaient reconnaître le changeling suivant différentes méthodes.
Une coutume irlandaise veut par exemple qu'on puisse pousser un changeling à se dévoiler en piquant sa curiosité…
Dans certains villages anglais, les changelings étaient également réputés « brûler » comme du bois si on les mettait au feu — ce qui a conduit à des massacres d'enfants, probablement non désirés
ou frappés de diverses tares physiques, sous le prétexte qu'ils auraient été des changelings et non des enfants humains !
Le aos sí ou aes sídhe (irlandais : « habitant du sidh ») est un peuple ou un être surnaturel lié à la mythologie celtique des Gaëls, plus ou moins confondu avec les divinités Tuatha Dé Danann
dans la littérature gaélique médiévale.
Dès le Moyen Âge, les légendes et croyances envers ces êtres sont très importantes dans les régions gaéliques (île d'Irlande, île de Man, Écosse).
Les aes sídhe sont ultérieurement désignés simplement par sidhes, le peuple surnaturel habitant les collines et anciens tumulus.
La croyance et la mémoire des aes sídhe disparaissent entre le XVIIe et XIXe siècle, en les confondant progressivement avec les créatures légendaires du folklore anglo-saxon, notamment les fées
(fairies) et les elfes.
Personnellement, je pense que c’est à eux, les aes sídhe, qu’il est surtout fait référence dans « The hallow ».
Les Aos Sidh sont des êtres surnaturels qui représentent les anciens dieux de la mythologie celtique.
Ils sont décrits dans la littérature épique médiévale comme des créatures ayant un rôle toujours néfaste et maléfique.
Le aos sidh du folklore concerne toutes les légendes et croyances populaires en Irlande et Grande-Bretagne.
Ces légendes étaient transmises de génération en génération, principalement par voie orale (contes, récits, chants, rites).
Ces légendes et croyances sont délimitées par la culture gaélique, et plus précisément par les régions de langues gaéliques, notamment l'Ouest de l'Irlande et une partie de l'Écosse.
Les aos sidh (ou simplement les sidhes) sont restés un objet de croyance depuis le Moyen Âge et la
christianisation, jusqu'à l'époque moderne où les légendes et contes populaires ont été collectés par des chercheurs.
Parmi toutes les créatures surnaturelles du folklore irlandais, les créatures du Sidh étaient probablement les plus
anciennes et les plus distinctes.
Les références écrites anciennes et la notoriété générale des créatures du Sidh étaient les plus importantes, jusqu'à la
fin du XIXe siècle.
La croyance envers les créatures du sidhes dominait autrefois l'ensemble de la vie des Irlandais…
On retrouve bien cet esprit superstitieux de la population rurale dans le film.
Ceux-ci sont craints par la population locale, qui respecte différents tabous et petits rituels quotidiens afin de se
prémunir de leurs malices.
Le Sidh prend ultérieurement le sens de « monticule », « tertre » ou bien d'un « tumulus » (lieu de sépulture), en
référence aux nombreuses buttes de terre ou petites collines du paysage irlandais et écossais, où sont censés habiter les Aos Sidh.
Ceux-ci deviennent ainsi, dans la langue moderne, les « habitants des monticules », avec un fort lien (ou une symbolique)
pour l'Autre Monde ou le royaume des morts.
Ce lieu de tertre mystérieux est un décor concret dans « Hallow » où le héros doit livrer son ultime combat…
Ainsi, les « vénérables » cités dans « Hallow » sont bien des Aos Sidh.
Le message du film traite de la nature se retournant contre ses agresseurs, la mythologie du passé la
protégeant.
C’est une portée écologique évidente, avec une charge contre la déforestation.
La réalisation est sans grande originalité, mais elle vise l’efficacité, avec un récit dégraissé de toute trame secondaire,
allant donc à l’essentiel.
Du coup, cela manque peut être de mystère sur un tel sujet…
Les cadrages en mouvement sont effectués à la caméra portée, pour insister sur la panique s’emparant
des personnages.
On trouve curieusement deux hommages au fameux plan de la pointe se dirigeant vers un œil, tiré du « Chien andalou
».
« Un chien andalou » est un court métrage muet sonorisé surréaliste réalisé par Luis Buñuel, sur un scénario de Buñuel et
de Salvador Dalí, sorti en 1929.
Par la force de ses images ce film qui a marqué l'histoire du septième art est resté un des plus célèbres parmi les
avant-gardes du cinéma.
Les scènes marquantes, ayant été décrites dans les articles et dans les histoires du cinéma, furent connues par nombre de
personnes qui n'avaient jamais vu le film, et ne purent le voir pendant de longues périodes où il n'était plus projeté.
Ainsi la scène d'ouverture, insoutenable pour bien des spectateurs -et surprenante- dont on dit qu'elle sera retirée des
copies dans certains pays : on y voit un homme aiguisant un rasoir, puis avisant pensivement la lune devant laquelle passe un nuage effilé ; l'instant d'après le film montre en gros plan la main
de l'homme tenant le visage d'une jeune femme tandis que le rasoir tranche son œil par le long (cette femme sera ensuite le personnage féminin du film - pour ce plan le réalisateur a utilisé un
œil de bovin).
Même si on ne voit pas bien la relation thématique entre le film surréaliste de Bunuel et ce film de genre abordant la
mythologie irlandaise, il est clair que l’insistance à répéter ce plan deux fois n’est pas un hasard… sans doute une « private joke » du réalisateur souhaitant rendre hommage à un
classique.
La photographie fait dans la nuit américaine, avec des lumières jaunes, et des ombres dures, l’ensemble reste un peu
sombre.
De jour c’est plus naturaliste.
On trouve de beaux effets de lampe torches (faisceaux et éclairage droit vers l’objectif).
Les jeux de lumière dorée à l’aube sont sidérant de beauté !
Le montage est nerveux, dosé pour faire monter la tension et surprendre, donc il ralentit et accélère
uniquement pour cela.
On trouve du montage alterné, entre les actions de la mère et celles du père, pour accentuer encore la tension.
Les scènes d’action sont brutales et barbare.
Les décors sont essentiellement forestiers.
On a aussi la vieille demeure perdue dans les bois, la ferme voisine, un étang, et le terrier des monstres (le Sidh des Aos Sidh).
Les costumes sont réalistes, rien à signaler les concernant, si ce n’est le super look final du père avec sa faux enflammée !
Les effets spéciaux sont le plus possible traditionnels.
Assez vite on repère des racines animées, le film jouant un temps sur la suggestion, avant le déferlement des Aos Sidh.
Ces derniers ont un super design, à l’opposé de leprechaun féeriques : on dirait de petits Gollums tout fondus, se déplaçant parfois à quatre pattes comme des araignées, et plus ou moins
polymorphes (on voit un bras et une main se modifier pour tenter d’atteindre une victime).
On voit aussi une enfant devenue une Aos Sidh, avec un look de mutante zombifiée.
Le bébé lui-même se change en une créature difforme et maléfique par de subtils morphings.
Le héros reçoit des griffures qui fument, car causées par du métal (auquel les Aos Sidh semblent allergiques).
Plus tard, des branches lui pousse même sur le visage !
Le casting déçoit au départ avec son héros désagréable (par son irresponsabilité de mauvais père, et son
physique ordinaire peu charismatique), mais il devient finalement attachant à force, grâce à sa ténacité et à sa force de volonté, pendant son combat intérieur contre le mal qui le ronge.
Ça fait du bien de voir des personnages combatifs se défendre intelligemment, de plus le suspens est accentué par la présence du bébé menacé.
Il y aussi des hommages évidents à la saga « Evil dead », entre la maison en foret, les forces du mal forestières, et certaines scènes précises : le héros pleurnichant devant sa glace à la Bruce
Campbell, et surtout sa transformation évoquant « Evil Ash ».
La musique fait dans les « violons sursauteurs », ce qui est efficace mais hyper cliché.
Il y a quand même de bonnes percussions dans les scènes de poursuites.
Les mélodies dramatiques sont trop classiques pour vraiment émouvoir.
En conclusion, selon mon humble avis, ce film aurait mérité de gagner la compétition du FEFFS 2015, c’est un vrai bon film fantastique, avec de la mythologie encore sous exploitée au cinoche, il
fout bien la trouille, ses SFX sont au top, et sa direction artistique est impeccable (musique mise à part), c’est presque un sans-faute.
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Critique de L'ESPRIT DE LA RUCHE
Critique de THEY LOOK LIKE PEOPLE
Critique de THE TRAGEDY OF BUSHIDO
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