ATTRACTION

(Original title : Prityazhenie)

Genre : disaster, monster movie, SF

Running time : 130'

Pays : Russie

Réalisateur : Fedor Bondarchuck

Cast : Alexander Petrov, Irina Starshenbaum, Rinal Mukhametov

Année : 2017

L'AVIS DU BIFFF :

Moscou est en alerte rouge : alors qu’une pluie de météorites est sur le point de traverser le ciel russe, l’armée a détecté un intrus parmi les gros cailloux interstellaires…

N’étant pas très chaudes pour une rencontre du 3e type, les grosses huiles de l’état-major ordonnent à leurs avions de chasse de dégommer l’énorme vaisseau extraterrestre, sans prendre en compte un facteur physique essentiel : la force d’attraction terrestre.

Une grosse chute plus tard, le vaisseau ennemi a rasé un quartier entier de Moscou, tout en aplatissant des centaines de civils trop curieux pour se planquer.

L’armée établit très vite son périmètre de sécurité, tandis que les chaînes d’info du monde entier font péter les Breaking News en commentant les images de chaos qui leur parviennent de la capitale russe.

Forcément, avec son ambiance fin du monde, la ville est en ébullition : les extrémistes sont à la fête avec ces nouveaux clandestins, les bagarreurs essorés à la vodka frelatée prévoient déjà un accueil à la Rodney King.

Et pourtant, personne n’a encore osé s’approcher de ce monstre échoué sur les décombres d’HLM car, vu la taille de l’engin, ça risque d’être un peu plus rempli qu’un monospace à banquettes repliables.

Et vu ce qu’ils viennent de se prendre dans la gueule, pas sûr qu’ils vont amener les merguez et la bière lors de leur première sortie…

Cador du cinéma populaire russe, Fedor Bondarchuk est habitué à voir les choses en grand : après The 9th Company (2005) choisi pour représenter la Russie aux Oscars, et Stalingrad (2013) – filmé en IMAX et plus gros succès de tous les temps dans la mère patrie -, il relève un nouveau défi : réaliser le plus gros film SF russe de tous les temps, capable de transformer les blockbusters de Roland Emmerich et de Michael Bay en bricolages d’ados.

Pari réussi, Fedor : Attraction est d’ores et déjà une référence en la matière !

MON HUMBLE AVIS :

Attraction est un film de SF russe, une grosse production n'ayant rien à envier aux blockbusters ricains, en termes de moyens techniques.

Le message est dans un premier temps semblable à celui d'Attack The block, montrant que les jeunes racailles font la loi contre tout intrus dans leur quartier !
Au final, il est plus classique, l'amour plus fort que la violence, la compréhension plutôt que la vengeance aveugle, et même un peu d'espoir quand a l'avenir d'une humanité peut être pas condamnée à disparaître si elle reprend confiance en elle-même...
Ce qui décrédibilise un peu le film, c'est le peu d'ampleur que semble déclencher ce contact extra-terrestre.
Comme si c'était juste un accident local, pas de manifestations d'intérêt international, un encerclement militaire finalement assez réduit, bref ce manque de réalisme nuit à notre implication dans les événements contés.

La réalisation est un poil trop sage, ça manque cruellement d'humour pour huiler des mécanismes narratifs déjà-vus.

Les cadrages sont académiques, avec une bonne variété de valeurs.

La photographie est assez sombre, et peu contrastée, avec des teintes brunes, ou bleutées, plutôt tristounette.

Le montage n'est pas trop nerveux durant l'exposition.
Notons un intéressant montage alterne entre une tentative de depucelage et l'atterrissage force de l'OVNI écrasant la ville.
Des scènes de dialogues entre grosses huiles ralentissent le rythme, comme le remplissage des kaijus japonais.
Les grosses scènes d'action attendent la dernière demi-heure...

Les décors urbains font aussi dans le gris sombre crépusculaire.
Le quartier évacué recouvert de poussières de ciment et de blocs épars de béton est réussi.

Les costumes sont réalistes, rien à signaler la dessus.
On y voit pas mal d'uniformes de l'armée russe.

Les sfx attaquent dès le générique avec de la bio-mécanique en synthèse sur fond de cosmos.
Le design du vaisseau alien est original : c'est une boule entourée de deux cercles concentriques, tournoyant sur le même axe, mais dans des sens différents.
Le scaphandre extraterrestre est superbe, novateur et plausible.
Il y a de belles bagarres finales entre émeutiers, soldats, et exo-squelettes aliens, ainsi que les cascades numériques d'une camionnette blindée.

Le casting est jeune, mais joue correctement, avec sobriété.
Le personnage principal féminin est malheureusement assez antipathique.

La musique symphonique joue dans les tons graves avec intensité.
Du rap russe écorche par contre les oreilles.
La chanson pop durant la première scène de destruction est un choix incongru.

En conclusion, le film aurait pu être bien meilleur avec une graine de folie slave, mais en l'état il reste un spectacle d'envergure.
Le scénario caresse un moment les jeunes rebelles dans le sens du poil, c'est un procédé un peu racoleur, à la Besson comme producteur, qu'irritera sans doute une bonne partie du public plus adulte...
Une morale plus bien-pensante vient cependant remettre tout ça en place avant le générique final, un grand écart plutôt casse-gueule.