ARTI THE ADVENTURE BEGINS
Genre animation, fantasy, martial arts
Compétition Compétition Internationale
Audience EA
Pays Taïwan
Audio Chinois
Sous-Titres Anglais, Français, Néerlandais
Réalisateur Huang Wen Chang
Cast Hsu Lin Chih, Huang Li Ling, Hwang Wen Tze, Ma Yun Ting, Ricky Hsiao
Scénario Huang Liang Hsun
Soundtracks Chen Chen Chi
Production Pili International Multimedia Co Ltd, Puppetmotion Entertainment Co Ltd
Distributeur Puppetmotion Entertainment Co Ltd
Année 2015
L’Avis du BIFFF :
Un blaze pas facile à porter, mais qui le laisse pourtant de marbre…
Enfin, de bois, car Arti est un Pinocchio vernis à la laque Bruce Lee, un cyborg en parquet flottant dans l’air comme un rondin 18e dan de kung fu.
Son mojo, il le doit à un élément mystérieux qu’on appelle L’Origine, que la fratrie Zhang recherche activement afin d’éviter au frérot de tomber à cours de carburant.
C’est ainsi qu’ils débarquent à Loulan, petite ville infestée de beaux salauds qui borde la route de la Soie.
A première vue, pas de quoi casser trois pattes à un connard – mis à part lors des tournois d’arts martiaux où Arti va encore montrer de quel bois il se chauffe.
Mais l’arrivée de vers géants du désert qui semblent protéger une force mystérieuse (tadada !!) risque de changer la donne…
Véritables tauliers des marionnettistes à Taïwan, la famille Huang avait déjà impressionné tout le monde en 2000 avec Legend of the Sacred Stone, en combinant cet art séculaire aux nouvelles technologies de l’animation.
16 ans plus tard, épaulés par la Warner, ils transforment les polichinelles traditionnels en Jackie Chan du wuxia dans un morceau d’héroic-fantasy hallucinant !
Ca sent la charrette pour le Muppet Show…
Mon Humble Avis :
Ce film s’inscrit dans la tradition du budaixi (le théâtre de marionnettes traditionnel de Taïwan).
Les marionnettes de Taiwan ont vécu de multiples transformations au cours de plus de 150 ans d’histoire.
Elles composent aujourd’hui un fabuleux kaléidoscope d’une grande richesse symbolique et esthétique, et un univers créatif d’une infinie diversité.
Des studios de télévision développent une pratique orientée vers les nouveaux médias.
De jeunes marionnettistes créent un nouveau type de théâtre, résolument moderne…
Les rituels taoïstes ne sont pas oubliés et sont toujours au centre de cette pratique artistique riche de ses racines bien que tournée vers le futur.
La tradition des budaixi a été introduite à Taiwan sous la dynastie des Qing, au dix-neuvième siècle, et a depuis beaucoup évolué, faisant preuve d’une créativité étonnante.
La quatrième génération de la famille de Huang Churn-hsiung (qui est à l’origine de la première vague de théâtre de marionnettes télévisé), a créé
un «High Energy Puppet Theater» (le «Théâtre de Marionnettes Haute Energie»).
Non seulement elle dispose de sa propre chaîne câblée, mais les personnages auxquels elle a donné vie – comme Su Huanzhen, Ye Xiaochai et Yi Yeshu – sont aussi devenus les idoles de la jeune
génération.
Possédant chacun leur fan club, ils ont fait leur apparition dans les bandes dessinées, les romans, les jeux électroniques et les représentations des théâtres de petite dimension.
Il existe même plus de 40 sites Internet consacrés à High Energy Puppet Productions (HEPP).
Avec ses impeccables démonstrations de combats d’arts martiaux, ses SFX, et son puissant fond sonore, HEPP appartient à la même veine que le metteur en scène hongkongais de films d’action, Tsui
Hark.
Sur la scène, tout semble simple, mais dans les studios, c’est une autre histoire.
L’équipe de tournage compte près de vingt membres, qui travaillent avec quelque 30 000 éclairages.
Les cameramen et les manipulateurs de marionnettes donnent vie aux pantins inanimés.
Dans le même temps, les techniciens en charge de l’éclairage, des accessoires et des costumes, ainsi que les assistants, vaquent à leurs diverses occupations.
Dans un second temps, les effets spéciaux sont le produit d’une animation sur ordinateur.
Fondée en 1992, Pili International Multimédia est une entreprise familiale dont les grands-parents des deux fondateurs, Chris et Vincent Huang, représentaient déjà une des familles insulaires les
plus à la pointe dans l’entretien de cette tradition.
En 2000, le film « Legend of the Sacred Stone » est produit par Pili International et fait preuve d’une modernité qui assure à cette tradition sa pérennité.
Il a donc fallu attendre 16 ans pour voir leur nouveau film, « Arti », un blockbuster à gros budget, éclatant les limites du genre du film de marionnettes.
Le message du film est plutôt écolo, mais j’avoue que les enjeux de l’histoire sont difficiles à suivre, car on est distrait par les aspects visuels d’une richesse à couper le souffle.
On ressent une inspiration japonaise dans ce film taïwanais, notamment dans les designs : le sentaï, le kaïju, les robots géants, et même Nausica des studios Ghibli sont évoqués.
On sent donc la volonté de créer une culture d’héroïc fantasy pan-asiatique.
La réalisation faste est celle d’un wuxiapian mixant les genres (fantasy, SF…), voulant démontrer qu’on peut faire autant (si ce n’est plus) avec
cette technique qu’en live, n’hésitant pas à la mise en abîme culottée d’un spectacle d’ombres chinoises dans un film de marionnettes !
Les cadrages sont assez variés, plans larges, plans tailles, gros plans… ils usent aussi de zooms rapides façon films de kung-fu.
Il y a des plans en mouvement, des mouvements rotatifs lents et élégants, en fait on trouve toute la grammaire d’un film live.
La photographie a des tons dorés, des camaïeux chauds, éclairés d’une lumière douce.
Ce sont des images composées avec soin, dans un esthétisme bourré de détails, sans faute de goût.
Le montage est énergique, avec des plans courts.
Il y a une scène en clip, pour faire une ellipse sur le temps passé aux arènes.
On trouve aussi quelques passages bavards un peu longuets, au milieu de bastons homériques, dus à la complexité de la trame scénaristique.
Les décors nous montrent des scènes de nature miniature (forêts, désert, fleuve, et le pays souterrain des racines géantes).
On y voit aussi un village de wuxiapian au look légèrement western, un barrage, un pont suspendu, et la ville plus colorée des arènes.
Les intérieurs (auberge, palais, etc…) sont sublimes.
Les costumes font dans la fantasy steampunk à la mode asiatique !
C’est souvent un mélange de matériaux en couches successives de partchworks assemblés avec le goût du détail.
On y voit beaucoup d’ornements et d’accessoires décoratifs.
Les masques insectoïdes des méchants font penser aux vilains des feuilletons sentaï nippons.
Les effets spéciaux sont nombreux, mais le film entier est en quelque sorte un effet spécial puisque tous ses personnages sont en marionnettes ou en synthèse, et que tous ses décors sont en
maquettes.
Des bonsaïs sont utilisés avec des plantes en plastiques pour la nature.
Les plans généraux sur les villes sont en synthèse, c’est en maquette une fois dans les rues.
Les fils ou tiges qui animent les marionnettes sont effacées (sûrement image par image).
La liste de tous les SFX est impossible à faire, mais voici ce que j’ai retenu : un éternuement d’une poupée, la poussière soulevée au sol
quand ils marchent, les engrenages internes du robot steampunk, la tempête de sable, le tremblement de terre, Arti et le canard sont tout en synthèse, tout comme les monstrueux insectes géants,
les papillons multicolores ou le sumo géant avec la queue en tire-bouchon, les effets liquides sont aussi en animation (barrage cédant, magie, etc…), le décor de la faille aux cascades est
impressionnant…
Il y a parfois un léger problème d’échelle, car certains éléments sont encore trop grands par rapport aux poupées : l’eau, le feu, la nourriture, les fleurs, et même
les bâtiments.
Les chorégraphies martiales sont bien dynamiques, on y ressent toute l’expérience de la tradition du budaixi.
Le générique de fin sert aussi de making of, il est plutôt impressionnant, on y voit la démesure du boulot démentiel et l’ingéniosité qui furent nécessaires pour
mettre tout ça en image.
Les marionnettes ont des bouches légèrement articulées, pour imiter la parole.
C’est assez dingue qu’elles arrivent à nous émouvoir malgré leur manque d’expression faciale, mais grâce à la mise en scène et à la musique, ça fonctionne plutôt bien.
Leurs jambes sont cachées par les toges et les robes, permettant l’animation.
Les robes, cheveux longs, et traits fins de tous les personnages n’aident pas toujours à leur distinction sexuelle, pour le public occidental.
Les meilleurs personnages sont sans aucun doute le pantin de bois Arti, le super mécha géant final (évoquant Maijin), les chameaux géants, les pantins musiciens à la cour, le combattant Yin/Yang au look sobre, et la superbe déesse en porcelaine et soie blanche.
La musique fait dans l’épique conventionnel, avec tout de même une belle dimension dramatique dans la gravité et le suspens, mais c’est surtout du « Mickey-Moosing » qui se contente d’illustrer l’action sans véritable thème mélodique.
On entend de belles voix éthérales durant les moments de magie.
Décors à grande échelle, combat de troupes nombreuses, c’est beaucoup plus ambitieux qu’on puisse d’y attendre, et techniquement irréprochable.
En conclusion, à part un humour limite à base de gros prouts, c’est bien un spectacle familial de distraction pure.
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