GLENN 3948
a Marc Goldstein film
Screenplay: Marc Goldstein
Cast: Billy Boyd, Dominic Gould, Patrick Bauchau, Gérard Depardieu, Smadi Wolfman, Geoffrey
Carey, Vincent Eaton, Malinda Coleman, David Lopes, CinSyla Key
Running time: 80 min.
Contries : Belgique
L'avis du BIFFF :
Jack et Henry sont deux génies du piano avec un ego hypertrophié qui leur empêche de porter un col roulé. Ça tombe bien : leur tenue de combat préférée, c’est la veste en queue de pie et
l’affrontement se fait généralement à coups de doubles croches et d’arpèges épileptiques. Jusqu’au jour où Henry – non content d’avoir déjà volé la promise de Jack – lui explose quelques
métatarses sur un chambranle. Aussi rédhibitoire qu’une castration chimique pour Rocco Siffredi, ce nouvel handicap plonge Jack dans une profonde dépression qu’il irrigue avec Daniel’s et Lawson,
ne prêtant guère attention à son joujou domotique, 3948, programmé pour le ménage (mesdames, c’est de la fiction, n’oubliez pas). Mais quand son robot développe des capacités insoupçonnées pour
la musique, Jack se dit qu’il tient là sa revanche : son Deep Blue perso prêt à affronter le Kasparov du classique et lui faire manger ses gammes une fois pour toutes…
Tournage sauvage de trois ans, partagé entre New York, Louvain et la place Flagey, ce premier long-métrage de Marc Goldstein est avant tout une gageure : 350 plans d’effets spéciaux, des acteurs
de premier plan dont Billy Boyd (Le seigneur des anneaux) et Gégé Depardieu, un compositeur emprunté à Luc Besson, et un script qui réussit à faire bondir le palpitant avec du Glenn Gould, c’est
du costaud ! Maintenant qu’on connaît la musique, on attend avec impatience son deuxième film… à propos d’un violoniste extra-terrestre.
MON HUMBLE AVIS :
Il chantait (très bien d’ailleurs) dans « Les deux tours » de Peter Jackson, éh bien Billy – Pippin – Boyd revient et cette fois il joue du piano !
2 pianistes égocentriques forment avec une jeune femme un triangle amoureux, pour lequel leur rivalité professionnelle et artistique n’arrange rien.
Le héros se fera accidentellement écraser la main dans une porte par son rival… heureusement pour lui, l’histoire se passe dans un futur proche où les progrès de la robotique permettent désormais
d’avoir un droïd à son service domestique.
Il se rendra compte que ce dernier est si dévoué qu’il est prêt à apprendre à jouer du piano avec autant de sensibilité qu’un humain, aussi les vielles rancunes et autres rivalités vont vite
pouvoir reprendre par son intermédiaire…
La mise en scène académique sert habilement ce récit d’abord romantique puis où le suspens rejoint l’anticipation.
De belles variations de valeurs de cadres privilégient toujours l’émotion du jeu des acteurs, et les mouvements aériens des robots rajoutés dans les décors en images de synthèse.
La photographie est classe, dans les tons chauds, bois, or, avec une lumière douce (à la David Hamilton style « Bilitis
»).
Le montage est assez lent, il y a aussi des moments de flottements dans le script, qui ralentissent le rythme.
Les décors sont peu nombreux, on voit quelques vues extérieures de New York, mais l’essentiel du récit se déroule dans l’appartement cosy du héros, heureusement aménagé avec goût (boiseries,
bibliothèque, piano, tubulures cuivrées futuristes).
Les costumes des acteurs sont quelconques, mais ce qui compte dans ce film c’est le look judicieusement designé des robots numériques : ils sont à la fois rétro et SF, pour s’harmoniser avec le
style du reste de la direction artistique, et volent grâce à leurs plots antigravitiques pour éviter intelligemment de nombreux problèmes d’animation de la marche et d’incrustation dans les
décors.
Ces SFX élégants ont été le défi numéro 1 d’une longue post-prod, et le réalisateur peut être fier du résultat.
Il y a par exemple une scène, certes un peu gratuite dans le récit, qui démontre tout le savoir faire des animateurs, c’est celle du combat entre le robot domestique et le robot chauffeur de
taxi, ça cartonne avec dynamisme et efficacité.
Les acteurs jouent leurs personnages avec brio, on y croit, l’émotion est là sans qu’ils en rajoutent dans le pathos, Billy Boyd prouve qu’il n’est pas l’acteur d’un seul rôle.
Il faut aussi noter un caméo réjouissant de notre Depardiou national, doublé en anglais à cause de son accent pourrave, impayable cet Obélix !
La musique est bien évidemment un élément central de l’histoire, puisque tout le duel entre le héros et sa némésis est basé sur leur compétence dans ce domaine.
Un soin tout particulier a donc été apporté à sa composition, à son orchestration, à son enregistrement, ainsi qu’à son mixage… le tout est fait avec beaucoup de subtilité et de finesse.
La musique classique, évidemment jouée par ses 2 pianistes virtuoses, se mêle à la bande originale, parfois plus rock (ou folk), sans heurt et tout
en douceur.
Le concept final du duel musical, qu’on peut voir comme un remake de « Speed » avec un piano à la place du bus ( ! ), est d’une originalité renversante, tout comme sa conclusion d’ailleurs… tant
de subtilité devient inédite au cinéma.
En conclusion, ce film est une réussite, dans son genre dépourvu de violence graphique, il peut plaire aux amateurs de fantastique comme de science fiction, à condition d’aimer aussi les drames
romantiques.
Une scène mémorable qui vous donnera (peut être) envie de voir le film :
La meilleure scène est sans conteste celle où le héros découvre les possibilités de pianiste de son robot. C’est à ce moment que le mixage musical est le plus
subtil… d’abord c’est la BO qui occupe tout l’espace sonore, avec une mélodie de suspens quand le robot s’intéresse au clavier. Va-t-il être capable de jouer ? il n’y a pas de dialogues car le
héros dort à ce moment, c’est la musique qui nous montre toute l’importance de ce qui se joue. La BO se fond dans le silence de la pièce, alors que le robot presse quelques touches, les notes
pures résonnent, éveillant le héros, intrigué. Le robot se met à jouer une des compositions du pianiste, alors que celui-ci se rapproche du piano fasciné par ce qu’il voit (et entend surtout),
alors la BO revient subtilement se mêler à la musique diégétique, en en renforçant la puissance émotionnelle. Bravo, du grand art.
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