KANDISHA
Director: Jérôme Cohen Olivar
Genre: Fantasy
Countries: Maroc
Writer: Jérôme Cohen Olivar
Actor: Amira Casar, Said Taghmaoui, Assad Bouab,...
Producer: Albert Levy
Distributor: Salaman Films
Costums: Martine Lopez
Composer: Armand Amar
Photo director: Dominique Gentil
Art director: Albert Levy
Editor: Julien Foure
Version: Fr and Arab. V. st. En, Fr, Nl
Length: 100
Format: 35 mm
L'AVIS DU BIFFF :
Nyla Jayde est avocate au Maroc, où elle vit avec Mehdi, son mari. Depuis la mort brutale de leur petite fille, l'harmonie qui régnait entre eux a disparu. Un beau matin, elle est abordée dans la
rue par une inconnue, qui la supplie de prendre la défense d'une certaine Mona, injustement accusée d'avoir décapité son mari. En prison, cette même Mona prétend connaître la coupable :
Kandisha. Le hic, c'est que Kandisha est l'héroïne d'une légende vieille de quatorze siècles. Et même si l'on raconte que cette belle créature a trucidé quelques époux infidèles ou brutaux, en
2009, ce n'est pas le genre d'argument qui convainc les juges. Ni une brillante avocate. Mais lorsqu'elle commence à croiser un étrange conteur et des témoins morts depuis un bail, Nyla se dit,
qu'après tout, il y a peut-être bien du Kandisha là-dessous.
Ce n'est pas tous les jours : voilà un film marocain aux ambitions internationales. À un budget conséquent, par rapport aux dépenses habituelles en matière de productions locales, ajoutez un
casting choisi, entre les Amira Casar (Anatomie de l'Enfer), Saïd Taghmaoui (Wanted), Hiam Abbass (The Visitor) et autres David Kill Bill Carradine. Pour ne rien gâcher, Kandisha est subtil,
porté par le rythme d'un certain cinéma asiatique. En perpétuant ce mythe issu de la culture marocaine, Jérôme Cohen-Olivar aurait pu juste en faire l'héroïne d'un film d'horreur. Genre :
Aicha Kandisha, sans un regard, reine de Sabah, et paf une tête qui vole. Mais non. En filigrane, dans cette allégorie de l'être tentateur qui précipite la perte de ceux qui se laissent séduire,
il nous parle aussi de la condition féminine. Et ça, ce n'est pas tous les jours non plus.
MON HUMBLE AVIS :
Kandisha est un film pavé de bonnes intentions.
Son script pesant est malheureusement plombé par sa lenteur, on regrettera de même l’absence de fil conducteur entre les trois récits parallèles développés. Celui de la perte d’un enfant pour
l’héroïne, l’histoire de revenant hantant l’esprit d’un père abusif et celle du procès de la femme battue. Si le parallèle thématique entre ces trois lignes narratives est évident, on aurait aimé
qu’elles se rejoignent au cours du déroulement de l’enquête, cependant, il n’en est rien. La fin est elle aussi un peu décevante, la conclusion peu réaliste du procès où tous les maris battants
leur femmes se lèvent tel le "cercle des poètes disparus" pour soutenir l’avocate paraît un peu too much.
La mise scène est sobre et intelligente, les cadrages privilégient les grands axes, plus de plans larges que de gros plans donc, ce qui nous
éloignent parfois de l’implication émotionnelle des personnages, mais a au moins le mérite de nous montrer un peu du décor d’un autre pays. N’attendez pas là une représentation exotique et
bariolée tel que l’aurait fait les techniciens de bollywood, mais plutôt quelque chose de sombre et délabré qui donne peu envie d’aller y faire du tourisme.
La photographie du film est assez sophistiquée, elle privilégie les tons chauds, oranges, dorés, ce qui correspond assez bien au cadre désertique. Les zones d’ombre et les reflets sont aussi
utilisés avec soin.
Le montage aurait mérité d’être un peu plus serré, de longs plans parfois trop statiques finissent par ennuyer les téléspectateurs les plus jeunes.
Les bruitages sont aussi parfois trop classiques, certains effets faciles pour faire sursauter l’audience tombe un peu à plat. La musique utilise des voix féminines locales et des orchestrations
folkloriques, néanmoins dans les atmosphères effrayantes, elle peine à nous faire ressentir un quelconque effroi.
Le défaut majeur qui pour moi m’a gêné pour rentrer vraiment dans l’histoire est le manque flagrant de charisme de l’actrice principale. On ne peut
pas dire qu’elle interprète mal son personnage, mais finalement de façon si authentiquement déprimante que ça en devient lassant pour le public. Vous serez surpris de trouver au milieu du film un
caméo saugrenu de David Carradine en aliéné enfermé dans un asile au fin fond du Maroc, qui déclame son texte de façon aussi théâtrale que dans Kill Bill, avec un aplomb hors du commun quel que
soi le rôle aussi bizarre soit-il...
Avec sa voix grave, il aurait pu donner quelques cours de charisme à l’héroïne.
Si le message du film touche juste, la forme déjà beaucoup moins, en conclusion, je ne conseillerai pas ce film au fantastiquophile pur et dur. Par contre les amateurs de films d’auteur à message
l’apprécieront peut-être.
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