LA CHISPA DE LA VIDA (AS LUCK WOULD HAVE IT)
Director: Alex de la Iglesia
Genre: Thriller
Section: Compétition Thriller, Sélection Officielle
Competition: Compétition Thriller 2012
Countries: Espagne
Year: 2012
Actor: José Mota, Salma Hayek, Blanca Portillo, Juan Luis Galiardo
Producer: Andrés Vicente Gómez, Ximo Pérez
Executive producer: Randy Feldman, Jenette Kahn, Géraldine Polveroni, Adam Richman
L’AVIS DU BIFFF
Après sa critique barrée du fascisme dans The Last Circus (présenté au BIFFF l’année passée), notre ami de la Iglesia s’attaque cette fois à la dictature des médias en tant que trépanation quotidienne des spectateurs. Le morbide voyeuriste, le sensationnel, la télé-réalité, autant de sujets d’actualité qui font de ce film le digne successeur de Network (Sidney Lumet). Les nominés sont Salma Hayek, Nacho Vigalondo, Santiago Segura et Carolina Bang. C’est tout… Pour le moment.
MON HUMBLE AVIS
Seul « Live ! » de Bill Guttentag était, à ma connaissance, déjà dans le même registre, mais là encore il proposait une situation inédite, n’existant heureusement pas encore (la mort en direct pour une émission de télé réalité), pour servir son propos, alors que « La chispa de la vida » se contente d’une situation anodine de fait divers, tout à fait crédible, puisqu’il en arrive de semblables sans arrêt de par le monde.
Qu’est ce qu’Alex de la Iglesia peut donc apporter de nouveau dans un tel contexte ?
Il apporte le ton général de son film bien sûr, plus acerbe, plus critique, plus « jusqu’auboutiste » dans la description des bassesses amorales des faiseurs de fric
de la télé, avec de l’humour, noir bien sûr mais moins cruel que d’habitude, plus tendre avec ses personnages, et avec un positionnement politique clairement engagé à gauche, et pas juste une
critique anarchiste, comme c’est souvent le cas sur ce genre de thème.
Sa réalisation est toujours vive, avec un montage alerte, les gags caustiques et les situations émouvantes s’enchaînent sans temps morts, dans une trame narrative
finalement toute simple.
Il y a beaucoup de variations de valeurs de cadre, allant des gros plans sur des personnages souvent immobiles, à leur position dans le décor par des plans larges
sur le théâtre antique.
D’ailleurs, le générique de début s’ouvre sur des détails de statues en hyper-gros plans et en fondus enchaînés, dont on ne comprend l’importance qu’une fois arrivé
à la fameuse scène de l’accident.
La photographie est professionnelle, mais assez anodine, l’image semblant moins travaillée que d’habitude chez le réalisateur, pour un look plus téléfilm, convenant
finalement assez bien au sujet.
Les ruines romaines sont un décor idéal pour le drame humain s’y déroulant, ramenant le citoyen lambda au statut de gladiateur, ou de spectateur
d’arène, ce qu’il est chaque jour devant sa télévision.
Rien à signaler sur les costumes (si ce n’est les tenues quand même classes et sexy de Salma Hayek, censée n’être qu’une simple ménagère, femme de chômeur !).
Il n’y a pratiquement pas de SFX, on trouve juste une simple touche finale de gore, pour un film finalement très loin (dans sa forme uniquement) du grand guignol des débuts d’Alex de la Iglesia
(« Action mutante », ou « Le jour de la bête » par exemple).
Les acteurs font tout le travail sur un tel film, et ils le font bien.
José Mota qui a le rôle principal est en route pour les Goya (les oscars espagnols), et il le mérite car sa performance est impressionnante, de force et de justesse, surtout pour un comique télé
complètement à contre emploi.
Pour un premier rôle au cinéma, c’est assez fort de parvenir à nous émouvoir autant en restant immobilisé les deux tiers du film.
Il n’en fait pas de trop, juste ce qu’il faut pour être assez gauche et pathétique pour qu’on s’attache à lui, et qu’on comprenne son besoin de reconnaissance, quitte à vendre sa dignité à tous
ces rapaces…
Salma Hayek est éblouissante, après avoir fait ses classes dans des films d’auteur, tout en ayant conservé ses fans dus à ses rôles dans des
blockbusters fantastiques, elle n’a plus rien à prouver, mais se fait plaisir en jouant un vrai rôle de femme forte, que le cinoche américain aurait du mal à fournir à une actrice qu’il réduit à
son tour de poitrine.
On trouve aussi beaucoup de seconds rôles savoureux évidemment, et des habitués du cinéaste (Santiago Segura bien sûr, mais aussi Carolina Bang, Javier Botet,
Guillermo Toledo, Fernando Tejero, Javier Gutiérrez, ou José Manuel Cervino, qui ont tous déjà joué dans un de ses films, ou dans ceux de Segura) qui font de ce métrage une réussite, un film
d’acteurs bien mené.
Espérons que cette infidélité ne soit que passagère !
En conclusion, « La chispa de la vida » est un film excellent, quoique sans grande surprise finalement, mais qui dit des choses si vraies, et toujours pas assez dîtes (ou comprises), qu’il mérite d’être vu et apprécié par le plus grand nombre…
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