MILOCRORZE

 

Director: Yoshimasa Ishibashi
Genre: Absurde, Camp/Trash, Comédie, Culte
Section: 7e Parallèlle, Première Européenne, Sélection Officielle
Competition: 7e Parallèlle 2011
Countries: Japon
Year: 2009

L'AVIS DU BIFFF

Attention, petit exercice : dites très vite « triptyque très psychédélique ». Buvez une Troll, recommencez neuf fois, et vous serez prêts pour Milocrorze ! 1) Le train train quotidien d’OvreneliVreneligari (répétez-le après le triptyque), un Peter Pan nippon, se voit complètement chamboulé lorsqu’il pose ses yeux sur une bombe (an)atomique répondant au doux nom de Milocrorze. Son amour obsessionnel qui frôle l’érotomanie va complètement le perdre… 2) Kumagai Besson, un conseiller à la jeunesse qui n’arrive pas à l’ouvrir sans jurer comme un charretier, distille ses conseils de serial lover aux adolescents en utilisant chant et danse pour les amadouer aux frottis lascifs. 3) Tamon, un ronin cyclope, se retrouve embringué dans une baston épique avec une douzaine de gangsters alors que, tout ce qu’il désire, s’est retrouver Yori, sa chère et tendre kidnappée devant ses yeux des années auparavant…

L’année passée, le BIFFF avait lâché le Symbol de Matsumoto devant un public ahuri et stupéfait. Cette année, on recommence avec ce premier film de Yoshima Ishibashi : déjanté, barré, unique, inclassable. Et c’est pauvre pour définir Milocrorze ! à la fois conte de fée, épopée gore, absurdité à la Beckett, ce spoutnik se faufile avec un culot rarement éprouvé à travers tous les genres et se pose en candidat plus qu’idéal de notre 7e Parallèle !


L’HUMBLE AVIS DE LAURENCE

Ce film qui raconte trois histoires différentes, un peu comme dans « Symbol », mélange trois vies différentes, et ces trois petites histoires se fondent en une seule dont le thème principal est l’amour… mais de façon comique et atypique, comme son réalisateur d’ailleurs, qui n’a pas hésité lors de la présentation de son film et pour répondre au public du BIFFF pour la sempiternelle chanson réclamée, de nous faire un moonwalk, de danser et de chanter « Smooth Criminal » de Michael Jackson (avec bruitage et mimique inclus… la totale…).

On trouve dans ce film une mise en scène débordante d’imagination usant de tous les artifices possibles de la réalisation, ça va du film animation au film d’arts martiaux, en passant par la comédie musicale, tout un style très acidulés comme seuls les japonais savent le faire.

Une grande diversité de cadrage, du gros plan au plan large, use des accélérés comme des ralentis à profusion.

Le montage est bien speed et il tient le spectateur en haleine jusqu’au bout.

Il y a une magnifique photographie, très riche en couleur et bien pétante à souhait.

L’interprétation des acteurs est très bonne, notons la superbe performance de l’acteur principal Takayuki Yamada qui se retrouve dans la peau d’un homme différent pour les besoins de chaque histoire, jouant le super tombeur à la Travolta dans « La fièvre du samedi soir », le jeune homme niais pas sur de lui et le combattant ultime luttant pour retrouver sa bien-aimée.

Que dire des décors et des costumes… C’est un festival de couleurs (et c’est peu dire, osant le mélange perruque cheveux orange, pull avec losanges verts pomme fluo et pantalon à carreaux roses…) On y voit un monde imaginaire, champêtre puis urbain, traditionnel ou moderne.

Il y a beaucoup d’effets spéciaux en synthèse, des effets de combats à la style mangas, les effets de faux sang dans la bataille finale contre les hommes de mains usant des ralentis à la « Matrix », ou pour la création du monde imaginaire.
On peut décrire quelques effets plus précisément : lors du premier sketch, le jeune homme timide est confronté à une brute qui veut l’assommer par jalousie. Pour rajouter du dynamisme à leur affrontement, le réalisateur place en incrustations dans l’image des arrières plans façon mangaka (des traits accentuant la perspective, des étoiles pour signifier les chocs, etc…), ce qui fonctionne impeccablement bien.
De même, la baston finale du dernier sketch est un pur régal cinétique, un plan séquence interminable pour notre plus grand plaisir, où les variations de défilement de l’image ajoute un style très original. Filmée sûrement entièrement au ralenti, la séquence est ensuite, au montage, passée à vitesse normale ou en accélérée, ou au contraire parfois figée sur des positions marquantes, en fonction des poses clefs, ou des mouvements dans le cadre… exécutée avec art, cette technique renforce magnifiquement l’action, et la scène rejoint les meilleures séquences mémorables de baston que nous a offert le cinoche asiatique (le plan séquence de « Hard boiled », la baston au marteau d’«Old boy », la montée d’escalier de Tony Jaa dans « L’honneur du dragon », le final de « City of violence », etc…). Je précise que ce ne sont pas ici les exploits martiaux qui sortent de l’ordinaire, mais bien leur mise en scène.

La seconde histoire excelle par sa musique très tendance et très funkie avec une chorégraphie à s’en tordre de rire. La musique s’adapte à l’histoire qui nous est présentée et donne beaucoup de rythme à ce film.

En conclusion, un film qui en fera sourire plus d’un, voir pleurer de rire les plus enthousiastes… Un bon divertissement où l’on ne s’ennuie pas une minute, un vrai plaisir pour les yeux… Une très bonne détente à ne pas prendre au sérieux !