MY BIG NIGHT
Genre black comedy
Pays Espagne
Audience ENA
Audio Espagnol
Sous-Titres Anglais, Français, Néerlandais
Réalisateur Alex de la Iglesia
Cast Blanca Suarez, Carlos Areces, Carolina Bang, Hugo Silva, Mario Casas, Pepon Nieto, Raphael
Scénario Alex de la Iglesia
Soundtracks Joan Valent
Production Canal Plus Spain, Enrique Cerezo Prods Cinematograficas, Telefonica Studios, Tve
Distributeur Film Factory Entertainment
Année 2015
L’Avis du BIFFF :
Bienvenue à l’enregistrement du grand show du nouvel an !
À première vue, on nage dans le strass, les paillettes, le glamour et les bubulles qui font rire.
Pourtant, si l’on creuse un peu, cette émission ressemble probablement à ce qui se rapproche le plus de l’enfer sur Terre : des syndicats enragés bloquent l’entrée du studio à l’extérieur, tandis
que les figurants sont pris en otage depuis plus d’une semaine pour emballer ce foutu divertissement.
Forcément, ces tricards du spectacle finissent par péter une durite : certains copulent sous les tables, alors que d’autres organisent un marché noir de gnôle afin de tenir le coup.
En coulisses, ce n’est guère mieux : Adanne, le chanteur à mi(di)nettes, s’est fait décapsuler le lutin folâtre par une fan vénale, très intéressée par sa royale semence.
Quant à Yuri, le fils illégitime du mythique chanteur Alphonso, il attend de pied ferme le tueur qu’il a engagé dans le but de trouer son géniteur tyrannique sur scène.
Mais ce qu’il ignore, c’est que son homme de main est un fan absolu du crooner mi-Julio Iglesia mi-Dark Vador.
Et là, autant vous prévenir, on n’est pas encore arrivé au plat principal…
Le nouveau millésime de tonton Alex est à déguster sans modération !
Comédie noire endiablée qui n’épargne aucun ego, My Big Night (en hommage à la chanson de Raphael, qui interprète Alphonso) est une montagne russe de cynisme jouissif, bourrée de clins d’œil à
Star Wars, Nerfs à Vif ou encore L’Arme Fatale, réunissant un casting de tronches abonnées aux délires proverbiaux du maestro.
Et, cette fois encore, il s’est surpassé !
Mon Humble Avis :
Alex de la Iglesia a déjà montré la folie du showbiz espagnol avec son film sur un duo de comiques (« Muertos de risa » en 1999), mais ici c’est davantage l’aspect musical qui semble
prédominer…
Le message, comme toujours, brosse une peinture sociale au vitriol d’un milieu cynique, décadent et égocentrique, que le réalisateur connaît bien.
Une réplique assez juste du film donne aussi une morale philosophique à tout ce cirque : « les cicatrices sont réelles, pas comme les tatouages que l’on choisit »… c’est une belle métaphore du
scénario entier au sujet de la vacuité des valeurs artificielles du showbiz.
La réalisation de ce film choral est enlevée et frétillante, le « games of thrones » n’y accorde que peu d’importance à la vie humaine (en tout cas aucune à sa dignité) !
L’humour est bavard, et les intrigues multiples sont emmêlées avec art.
Les cadrages usent d’une bonne variation de valeurs de plans, les plans larges sont riches en figuration.
Une caméra embarquée nerveuse sert souvent à illustrer la frénésie de l’action.
La photographie est dorée, avec beaucoup de sources de lumières dirigées vers la caméra.
Sur le plateau télé et dans les loges, l’image est resplendissante de couleurs chaudes et vives, tandis qu’en coulisses elle devient sombre et verdâtre, pour bien enfoncer le clou de la
pourriture qui y sévit !
Le montage est énergique et même endiablé par moment, mais il sait se calmer pour bien exposer les objectifs des multiples personnages, et les nombreux enjeux du scénario…
Il use de plus de stock-shots de vieilles émissions télé.
Le décor principal est celui de la scène de télé, avec son restaurant factice de cabaret en toc, où l’on sert des poulets en plastique et des
boissons imbuvables (mais qui donnent bien à l’image).
Curieusement, Alex de la Iglesia profite des décors pour placer des clins d’œil à Star Wars, comme ses immenses personnages en Légo Star wars dans l’appartement de la sœur du héros (irréaliste
d’ailleurs dans la chambre d’un enfant de cet âge), où comme la loge tape à l’œil de la vieille star de la chanson tyranique, qui ressemble au bureau de l’empereur Palpatine !
Bizarre, on ne connaissait pas cette fibre geek chez Alex de la Iglésia, qui n’avait pas abordé la SF depuis son premier film « Action mutante », peut être y reviendra-t-il (on a le droit de
rêver, non ?)…
Le « dessous de table » devient un décor le temps d’une scène, encore une belle métaphore au sujet du showbiz.
Notons l’ampleur de la plupart des décors, comme la rue entière en émeute, avec ses poubelles en feux, où le camion vidéo renversé, jusqu’au final foufou en soirée mousse catastrophe !
La démesure à l’espagnole !!!
Les costumes de scène sont extravagants, et les costumes civils un peu ringards, façon seventies.
Les effets spéciaux sont minimalistes, juste quelques maquillages à l’ancienne, comme une gueule écrasée, et un œil poché.
Le casting est bien sûr éblouissant, c’est ce qui fait toujours la force des films d’Alex de la Iglésia.
Santiago Segura (tout mince) joue comme d’habitude un détestable méchant cynique, qui signe des autographes sur les tracts des manifestants sans même comprendre que ces derniers revendiquent
contre sa chaîne.
Alex est toujours fidèle envers les acteurs qui ont créé le succès de ses premiers films.
Ici, la mère du héros est encore jouée par Terele Pávez qui jouait déjà la vieille gâteuse dans « Le jour de la bête » !
Notons un acteur nain qui joue un agent de star avec une assurance et une férocité amusante, en décalage bien sûr avec son physique.
Carlos Areces est encore grimé (en blond platine cette fois), toujours pathétique à souhait, l’acteur masochiste par excellence.
Au vu des moyens déployés en terme de casting et de figuration, on se dit que De la Iglésia a pu placer tous ceux qui veulent jouer dans ses films en une seule fois !
Il y a surtout le plaisir des tronches pas possibles de vieux mecs, et des filles jeunes et sexy pour contrebalancer !!!
La musique est assez effacée entre les morceaux de pop-électro-latino diégétiques.
En conclusion, Alex de la iglésia veut en mettre beaucoup pour un seul film, ça manque un peu de sobriété et de concision sur un thème choisi, mais le savoir-faire
du réalisateur ambitieux vainc tous les obstacles, arrivant finalement à mêler suspens, rire et émotion, dans un indescriptible « chaos organisé », sans atteindre toutefois la pureté de ses chefs
d’œuvres, où l’hystérie était moins forcée.
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