RONAL THE BARBARIAN

 

Director: Kresten Vestbjerg Andersen, Thorbjørn Christoffersen, Philip Einstein Lipski
Genre: Comedy, Fantasy
Section: Méliès Competition, Official Selection
Competition: Méliès Competition 2012
Countries: Denmark
Year: 2011
Actor: Anders Juul, Hadi Ka-Koush, Laerke Winther Andersen,...
Producer: Trine Heidegaard, Eddy May
Executive producer: Jan Duckert, Bobby Francavillo, Trine Heidegaard, Henrik Juul, Bjarne Spellerberg Orfelt
Length: 88 min.

L’AVIS DU BIFFF

Après Conan le Barbare, les Barbarians, Barbarella et Barbara Streisand, voici les barbares danois ! Taillés comme des golems, capables de décapiter un gueux d’une mandale à réaligner les chakras, ils sont craints par tous et leur réputation sulfureuse est loin d’être surfaite. De véritables chars d’assauts humains boostés aux stéroïdes, on vous dit ! À ceci près qu’ils sont cons à bouffer du foin… Et l’infâme Volkazar, prétendant sérieux à l’axe du mal, n’a dès lors plus qu’à attendre la fin de leur guet-à-pintes pour les enlever dans un raid éclair. Mais un barbare échappera à cette razzia et… enfin, barbare, c’est un peu galvaudé. En fait, c’est Ronal qui ressemble plus à une crevette anémique, dont les triceps sont aussi gros que la noisette de beurre qui sert de cerveau à ses cousins. Ce freluquet est donc le seul espoir de sa tribu (dans la famille J’ai pas de bol, qui dit mieux ?) et il décide de monter une équipe de choc pour la contre-attaque : Alibert, un barde versé dans l’epic-metal, Zandra, castagneuse maso, et Elric, l’elfe métrosexuel qui ressemble à Legolas dans une Gay Pride. Qui a dit mission suicide ?!

Après Terkel in trouble (2004) et Journey to Saturn (2008), voici la nouvelle galette irrévérencieuse de ces génies danois : chiadé comme un Pixar, Ronal the Barbarian fait sauter les codes du prêt-à-penser gentillet de l’animation, tourne en dérision les blockbusters de l’héroic-fantasy (Conan, le Seigneur des Anneaux, etc.) et nous convie à un savoureux moment de déconnade en dessous de la ceinture.

MON HUMBLE AVIS

L’ère des « Musclors » est définitivement révolue, quoiqu’en pensent les has been d’ « Expendables », la preuve : l’homme fort de cette caricature du genre est encore une femme !
Il n’y a pas d’autre message dans ce film d’animation que la parodie de Conan et de toute la « Sword and sorcery », ainsi que de la culture de l’adoration du corps, et ce à travers une histoire dressant la ruse contre le muscle, même si son antihéros est en fait plus chanceux que vraiment rusé.
La réalisation manque un peu d’énergie, il y a beaucoup de temps morts dans un scénario à la construction prévisible, qui aurait mérité de se concentrer davantage sur ses gags, puisque son cheminement narratif nous est si facile à deviner.
Il y a des variations de valeurs de cadre, mais on trouve quand même beaucoup de plans qui en change par zoom ou travelling, usant de la facilité offerte par la 3D.
Les plans aériens sont aussi très nombreux.

La photographie utilise des tons bruns de roches et de sable, ou rouges comme le feu ou le métal en fusion, ce qui donne au final un look très « volcanique » au métrage.
Cela est plus varié après la première moitié du film, on va enfin trouver des couleurs grises, bleues et vertes à partir de la visite chez les elfes, en tout cas les images sont toujours soigneusement éclairées.
Le montage n’est pas trop épileptique pour une animation en 3D, par rapport à un « Kung Fu Panda » par exemple.
C’est même assez lent dans les scènes de dialogues (surtout avec une animation limitée des personnages).
Il y a de jolis décors bien dans le style fantasy hyboréennes, mais en plus « Pierrafeux » quand même !
Chacun d’eux ajoute au film sa touche de ridicule, comme par exemple cette sculpture géante de guerrier, façon porte Argonath du « Seigneur des anneaux », avec un arbre mort juste devant lui, donnant l’impression qu’il est entrain de pisser…

Ou bien la tour des elfes, que le héros escalade comme Conan sa tour de l’éléphant, pour trouver au sommet une statue d’elfe, penché pour porter un grimoire sur son dos, ce qui laisse imaginer la position de tafiole du mage elfe venant réviser ses sorts !
Notons que la scène emblématique du film « Conan le barbare » de John Milius, où Conan trouve son épée, est parodiée à la fin de « Ronal », et qu’on reconnaît l’allusion immédiatement, justement grâce aux décors.
La seule référence hors genre, que j’ai notée du moins, est celle aux véhicules de jawas de « Starwars », imité pour les esclavagistes, mais de façon médiévale.
Les costumes insistent lourdement sur le style Homo Sado Maso, à la « Cruising », surtout pour les bad guys aux percings de tétons, mais tous les personnages sont en pagne-string, « moule-bites », avec ficelle dans le cul !
Les elfes font énormément penser à ceux des films de Peter Jackson, notamment à cause de leurs casques.
Il n’y a pas de SFX à proprement parler dans ce film, puisque c’en est un tout du long, en tant qu’animation 3D en images de synthèses.

Parlons donc plutôt des gags, éléments essentiels de ce spectacle débilitant :
J’ai surtout retenu le bon gag du guerrier si balaise qu’il ne passe pas par les portes, les crânes magiques servant de téléphones portables, et les systématiques positions homosexuelles après chaque chute de personnages !
Mais le meilleur est sans conteste la mission que le héros tente de faire après s’être enduit d’un philtre rendant invisible…
N’ayant pas assez de potion, il est invisible de partout, sauf des couilles !
Cela donne donc lieu à toute une mini-aventure où l’on suit une paire de roupettes infiltrant un donjon, hilarant ! ! !
Par contre, les acteurs effectuant le doublage sont trop caricaturaux.
De même, les designs sont grossiers, choisis pour être faciles à animer, car pas trop détaillés, mais finalement ils sont plutôt rigolos dans l’ensemble.
On trouve par exemple des méchants ayant un style proche des Uruk-hai de Peter Jackson, et des tas d’autres allusions de designs, citons le personnage féminin proche de Sonja la rousse de Robert Howard, l’elfe pèlerin rappelant par moment Elric de Melniboné de Moorcock, la reine des amazones, femme cougar, au physique identique à Brigitte Nielsen dans Kalidor, un golem de lave comme dans « Salomon Kane », et même un oiseau géant faisant penser au Arzach de Moébius époque Métal Hurlant…

Mais, globalement, les personnages sont trop rendus ridicules, et le ton trop moqueur, pour que le film puisse nous émouvoir, même lors de la mort d’un gentil.
La musique rappelle le Lee Holdridge du « Beastmaster » de Don Coscarelli, en plus « Mickey-mousing ».
Il y a des passages utilisant du classique, comme dans le « Fantasia » de Disney, par exemple quand les héros sont contre les farfadets, d’autres moments évoquent ce que Joseph Lo Duca a écrit pour le feuilleton « Xéna », évidemment chez les amazones, et on entend même une parodie du « Psychose » de Bernard Herrmann au retour inespéré de l’elfe.

 

En conclusion, on rigole beaucoup, souvent avec des gags visant « en dessous de la ceinture », mais en espérant en vain un déroulement original.

Cependant, le rire fait tout pardonner, d’ailleurs avec un générique hard rock, dont les paroles ne parlent que de burnes, et chanté par des têtes de mort, comment ne pas succomber ?