Genre: Arts Martial, Fantasy
Section: Sélection Officielle
Countries: Chine, Hong Kong
Year: 2011
Actor: Jet Li, Eva Huang, Raymond Lam, Charlene Choi, Wen Zhang, Jiang Wu
Producer: Po Chu Chui
Executive producer: Zi Yang
Length: 100 min.
L’AVIS DU BIFFF
Nouvelle adaptation de cette légende chinoise (Tsui Hark s’y était lui aussi collé en 1993 avec Green Snake) par un orfèvre bien connu du sérail, Tony Ching. L’homme derrière Chinese Ghost Story, The Swordsman et même le clip l’Âme-Stram-Gram (Mylène Farmer) s’attèle cette fois à la légende en prenant le moine Fahai (Jet Li, impérial !) comme personnage principal. Et quand un chorégraphe de la tatane comme Ching s’acoquine avec un maître du wushu comme Li, on vous laisse deviner ce que ça donne…
MON HUMBLE AVIS
Ce film est un remake de « Green Snake » (Ching Se), un autre film hong-kongais, réalisé par Tsui Hark, et sorti en 1993.
Mais il s'agissait déjà à l’époque d'un remake du film « Madame White Snake » (Byaku fujin no yoren), réalisé par Shirō Toyoda en 1956, suivi d’un dessin animé japonais en 1958, et de « La
légende du serpent blanc », un autre film de Fu Chaowu en 1980 !
« Green Snake » fut nommé au prix de la meilleure direction artistique (Bill Lui), meilleurs costumes et maquillages (William Cheng et Ng Po-ling) et meilleure musique, lors des Hong Kong Film
Awards de 1994, ça va être difficile de proposer mieux, visuellement du moins.
Cette histoire est inspirée de la Légende du serpent blanc.
Il y a deux serpents inséparables : l'un a 1000 ans, l'autre 500 ans ; l'un est blanc, l'autre vert.
Un jour, ils trouvent le chapelet du bouddha et se transforment en deux jolies filles.
Elles apprennent toutes les choses humaines mais n'arrivent pas à comprendre les sentiments.
Au fil de l'histoire, les sentiments finissent par arriver naturellement.
La Légende du serpent blanc (en mandarin : báishézhùan) est l’une des légendes chinoises les plus populaires, également connue au Japon.
Chin Siu Tung (qui se fait appeler maintenant Tony Ching pour l’exportation de ses films en occident), le réalisateur entre autres films
cultes d’ « Histoire de fantôme chinois » ou de « Naked Weapon », est un chorégraphe martial accompli, et un spécialiste des effets spéciaux, même numériques depuis leur arrivée à Hong
Kong.
Il paraît donc à la hauteur pour relever le défi d’une énième adaptation de ce conte, afin de le mettre aux goûts du jour, et d’y intéresser les jeunes générations
de chinois, pour qui ce folklore est aussi étranger que pour nous, puisqu’ils sont branchés par les jeux vidéos et autres blockbusters américains, exactement comme chez nous !
Alors, comment Tony Ching s’en sort-il pour rajeunir cette mythologie ?
Tout d’abord, il utilise une grande variété de valeurs de cadres, et beaucoup de plans très larges, avec des matte-painting, ainsi que de nombreux plans composites à
effets spéciaux en synthèse 3D.
Ces plans sont en mouvement quand il s’agit entièrement d’animation numérique, sinon ce sont au contraire plus souvent des plans fixes quand c’est en live devant la
caméra.
La photographie est éclatante, offrant des couleurs vives, chatoyantes et variées.
Le « jardin d’Eden » à la chinoise au début du film, puis le festival des bateaux-dragons avec ses lanternes multicolores donnent le ton, et tout le film est à
l’avenant de ce feu d’artifices coloré !
Il y a là une dérive « carte postale », où l’image devient trop policée, comme celle d’une publicité ou d’un joli clip.
Le montage est classique, donnant son importance à chaque étape du récit, bien que l’éclosion des sentiments amoureux reste superficielle.
Les scènes d’action de grande ampleur ont tout le temps de donner du spectacle.
Pour les décors, il y a un abus évident de la synthèse (à la George Lucas), 80% du film étant shooté devant un écran vert, et des matte painting infographiques sont
rajoutées ensuite.
Cependant ces décors sont superbes, et c’est aussi un plaisir de voir se concrétiser des images fantastiques tirées des contes chinois, mais c’est dommage par
exemple que la ville soit toujours réduite à une ruelle et un canal, comme dans les 80’s.
Les effets spéciaux sont très nombreux.
Principalement, ils concernent les deux filles serpents (qui ont le haut du corps humain, et une queue de reptile rampant à la place des jambes, comme des sirènes),
un effet qui fut d’habitude suggéré dans les adaptations précédentes, et qui est ici au contraire largement montré, et ce dés le début.
Tony Ching et ses techniciens en sont sûrement très fiers, mais les anciennes suggestions n’étaient-elles pas plus poétiques ?
Certes, mais le public visé veut voir tout ce qu’il y a à voir, et plus se contenter de l’imaginer…
On trouve d’autres créatures intéressantes (comme les démons renards blancs par exemple), et d’autres effets plaisants visuellement (comme ces femmes sortant d’une tige de bambou), mais le plus
spectaculaire est le final, carrément grandiloquent (à la Roland Emmerich), où un tsunami effrayant amène le film dans le genre catastrophe (montrant ainsi la nouvelle phobie asiatique).
Jet Li est monolithique, il assume son âge, faisant un rôle de mentor sérieux, qui doit lui plaire, mais n’est pas le registre qui lui convient le mieux (personnellement je le préfère dans les
rôles de « naïf enragé »).
Les deux jeunes actrices jouent bien, mais elles sont très loin d’avoir le charisme de celles de « Green snake » (les superbes Joey Wong & Maggie Cheung), car elles sont trop jeunes et
inexpérimentées.
La musique, qui utilise des instruments traditionnels chinois, et un orchestre symphonique, et si épique et fracassante, cherchant à être somptueuse, qu’elle en fait parfois de trop, dans les
scènes d’action très enflammées surtout, au risque d’être tapageuse.
En conclusion, si Tony Ching échoue à restituer l’ambiance si romantique d’ « Histoire de fantôme chinois », ou la magie trouble de « Green snake », il parvient véritablement à composer un
spectaculaire divertissement de grande ampleur.
Ce n’est donc pas fait pour ceux qui préfèrent la suggestion, mais pour ceux qui veulent en prendre plein la vue… à condition d’être prêt pour la simplicité naïve d’un récit moralisateur (un des
personnages principal est un religieux bouddhiste vraiment extrémiste), et dénué de l’érotisme délicat qui faisait autrefois son charme (puisque cette fois ci ce sont les enfants qui sont
visés).
Depuis la fin de la dynastie Ming où elle a été couchée par écrit, elle a connu toutes sortes d’interprétations : musicales, poétiques, théâtrales,
littéraires (y compris bande dessinée et littérature enfantine), cinématographiques et télévisuelles.
Elle est régulièrement évoquée le jour de la fête des bateaux dragons, une scène cruciale de l’intrigue se déroulant ce jour-là.
On reconnaît dans l’histoire plusieurs sources d’inspiration :
_ les légendes indiennes et bouddhistes, avec les thèmes des Nagas et des pagodes qui emprisonnent les mauvais génies sous leurs fondations, ou au contraire renferment des objets précieux qui ne
peuvent être délivrés que par un sage (comme le Sūtra Maha Vairocana fut délivré par Nagarjuna).
_ les mythes relatant l’union d’un humain et d’un animal doué de pouvoirs spéciaux, en l’occurrence un serpent ; le thème, fréquent en Asie du Sud-Est, se retrouve aussi dans d’autres endroits du
monde, comme en témoigne la légende française de Mélusine.
_ le folklore lié à la fête des bateaux dragons, jour où l’on exorcise les mauvaises influences pour affronter l’été et son cortège de maladies infectieuses.
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