THE WARD


Director: John Carpenter
Genre: Horreur, Thriller
Section: Sélection Officielle
Countries: Etats-Unis
Year: 2010

L'AVIS DU BIFFF

Après avoir foutu le feu à une ferme et tenté de semer les forces de l’ordre en piquant un marathon sylvestre en petite tenue, Kristen est finalement alpaguée et envoyée dans un asile d’aliénés. L’endroit est sinistre à souhaits, ses nouveaux chaperons aiment la thérapie lourde, privilégiant la trépanation à la psychanalyse, et ses nouvelles copines de chambrée semblent sorties tout droit de vol au dessus d’un nid de cocottes. Bref, un cadre idéal pour s’oxygéner le subconscient. Mais, comme on n’est pas dans Girl, Interrupted et que c’est notre charpentier préféré qui dirige, Kristen va rapidement découvrir que les pensionnaires partagent un secret bien plus lourd qu’un trafic de Diazépam. Et le secret en question, hé bien, il hante les couloirs de l’asile et il est particulièrement rancunier.

Halleluja ! Le messie du fantastique est de retour : après dix ans d’absence du grand écran – son dernier méfait en demi-teinte était Ghosts of Mars (2001) – John Carpenter rempile avec son savoir-faire légendaire et son synthé sous le bras avec une histoire de fous aussi croustillante qu’un Krisprolls. Amber Heard (Zombieland, le prochain RumDiary avec Johnny Depp) et Lyndsy Fonseca (Kick-Ass) ont été convoquées pour vous faire péter un câble dans cette toute nouvelle sonate en grain majeur du maestro.

MON HUMBLE AVIS

Après une décennie d’absence, il revient, « Jean Charpentier » notre Master Of Horror préféré… Mais aurait-il mieux fait de rester à la retraite ? C’est la terrible question que tous se posaient en entrant dans la salle exceptionnellement bondée du BIFFF… Verdict en fin d’article !
Déjà manque de bol, le film sort un mois après le Zack Snider sur un thème similaire, pour un résultat dix fois moins spectaculaire… Qu’a cela ne tienne, papy Carpenter ne va pas nous faire de l’esbroufe pyrotechnique, mais du cinoche à l’ancienne, solidement mis en scène comme à son habitude.

La réalisation est celle de ses derniers films, c’est à dire post « Vampires » (le 1er où il employait parfois des fondus à la place des cut). Il y a un peu plus de mouvements de caméras toujours maîtrisées par des rails et des grues (pas de « shakycam » à la noix), mais on retrouve son sens du cadre soigné, en scope et de la photographie contrastée aux couleurs chaudes en extérieurs, et froides évidemment dans l’hôpital psychiatrique.

Un montage dégraissé, avançant nerveusement dans le récit , nous rappelle pourquoi on aimait tant ce réalisateur précieux.

Les actrices sont très bonnes, mais on sent quand même que Carpenter est plus à l’aise avec les héros testostérones et machos… Même si il a aussi créé de beaux personnages féminins avec « Halloween », « Fog » ou même « Ghost of mars », on se rappellera avant tout de son cinéma pour Snake Plissken et consorts… en plaçant son intrigue dans les années 70, papy évite l’écueil d’avoir à parler de jeunes d’aujourd’hui qu’il ne comprendrait pas, mais il ne peut nous épargner des ringardises comme les parents sirupeux ou la musique yéyé et les danses ridicules qui vont avec.
C’est dommage aussi que malgré un bon casting pour les jeunes filles, les rôles d’adultes (le psy ambiguë, l’infirmière sadique…) soient tenus par des acteurs peu charismatiques et trop en retenu.

Un beau bâtiment isolé sert de décor à l’asile, mais s’il est certes réaliste, il n’offre pas de lieu photogénique pour autant.

Les costumes d’époque sont déjà plus marrants, surtout les tenues des héroïnes : entre les robes qu’aucune jeune fille ne voudrait plus porter, il faut aussi voir le jeans moulant de cette héroïne anorexique pour le croire… et oui nos vieux se sont fringués comme ça quand ils étaient djeuns !

Les maquillages spéciaux de KNB sont très beaux, les détails y sont soignés. On a donc droit à un fantôme dans le plus pur style du cinoche asiatique, mais en plus décomposé quand même, et à des mises à mort très intéressantes, reprenant toutes les anciennes techniques de soins psychiatriques (lobotomie, électrochocs…) en les détournant de façon sadique et gore.
Juste ce qu’il faut de sang quand il le faut, des SFX bien maîtrisés et dosés, donc.

Le gros point faible du film est sa musique. Tous les fans auraient espéré retrouver John himself au commande d’une nouvelle BO culte, mais ce n’est pas le cas. Si Kilian compose avec plus de densité et de niveau d’écriture que Carpenter, sa musique reste toujours une atmosphère d’arrière-plan, jamais à égalité de force avec les images. Même un simple remix de thèmes de « In the mouth of madness » aurait été préférable… gros gros gâchis.

La conclusion attendue…
Carpenter « bienvenu au club Dario », le club des vieux ringards dépassés et à côtés de la plaque, ou pas encore ?
… NAN, pas franchement.
Si on est en droit de se demander pourquoi ce retour ?
Après avoir déclaré ne revenir qu’avec une production digne d’un blockbuster, pourquoi faire une prod fauchée ?
Pourquoi rajouter un titre à une filmo quasi parfaite, si ce n’est pas pour faire un film mémorable ? ? ?
Bizarre, néanmoins le film reste une honnête série B, gardant sous le coude un très bon twist final, qui si il détruit l’aspect fantastique, ne réduit pas pour autant la force horrifique du scénario.

Carpenter est toujours là, il entend bien continuer de faire du cinéma malgré ses 63 ans, alors abandonnons tout jeunisme et allons vieillir un bon coup avec lui…
« C’était mieux avant » semble dire papy…
Eh oui, il a raison, et ses films aussi étaient mieux ! ! !