THIRST

 

a Chan-wook Park film
Screeplay: Seo-gyeong Jeong & Chan-wook Park
Inspired by Emile Zola's book : Thérèse Raquin
Cast: Kang-ho Song, Ok-bin Kim, Hae-sook Kim, Ha-kyun Shin, In-hwan Park, Dai-su Oh, Youngchang
Song, Mercedes Cabral, Eriq Ebouaney, Hee-jin Choi, Woo-seul-hye Hwang, Hwa-ryong Lee,
Mi-ran Ra
Running time: 133 min.
Contries : Corée du sud / U.S.A.

L'avis du BIFFF en 2010 :
Emmanuelle n’a plus les traits de Sylvia Kristel et sa chaise en osier a probablement fini chez Troc International.

Pourtant, elle continue à faire des ravages puisque c’est désormais le nom d’un virus qui a déjà envoyé cinquante cobayes bouffer les pissenlits par la racine, alors qu’ils étaient en train de tester le vaccin…

Seul le prêtre Sang-Hyeon a miraculeusement survécu et, s’il se fait maintenant harceler par les abonnés de Lourdes et autres fétichistes du cierge, il va surtout remarquer que sa rémission lui impose un nouveau régime à base de transfusions sanguines en guise de Tetra pak matinal.

Minimisant l’affaire en se tapant un baxter de comateux de temps à autre, Sang-Hyeon va jouer au sophrologue chez les cancéreux et c’est ainsi qu’il va revoir une vieille connaissance métastasée, Kangwoo, marié à sa soeur adoptive, Tae-ju.

Cette dernière lui fera connaître une variante de l’afflux sanguin, celle du bas-ventre, et l’entraînera dans un tourbillon macabre qui l’obligera à multiplier les extrêmes onctions et boire autre chose que le sang du Christ tous les dimanches.
Est-ce son Grand prix du Jury et sa Palme d’Or à Cannes en 2004 (pour Old Boy) qui a poussé Chan-wook Park a s’intéresser à l’auteur français Emile Zola ?

Est-ce qu’il ne faut pas être sacrément doué pour donner à Thérèse Raquin l’allure d’un poème d’Edgar Allan Poe avec une mise en scène iconoclaste et épurée ?

Et des vampires qui, pour une fois, évitent de faire des high-kicks toutes les cinq minutes en fouettant leur Ray-ban avec leur catogan, ça ne vous donne pas soif, vous ?

L'avis du BIFFF en 2017 :La figure du vampire a toujours été une inspiration formidable pour le cinéma (ou pas…, merci les beaux gosses qui brillent au soleil) !

Et en Corée du Sud résident quelques sublimes utilisations de cette légende dont Thirst (2009), de Park Chan-wook.

Ici, le récit se centre sur un prêtre travaillant dans un hôpital qui rejoint les rangs de ces entités de la nuit.

Puisque l’on est dans le cinéma d’un des meilleurs cinéastes asiatiques du moment, autant le dire : ça prend rapidement une tournure complètement folle et, surtout, intelligente !

La complexité du protagoniste, joué par Song Kang-ho (inoubliable dans Old Boy), permet au récit de passer d’un questionnement interne (de par sa dualité religieux-vampire) vers une descente dans les abysses du vice…

A tout amateur du genre, allez-y les yeux fermés (pas littéralement, n’est-ce pas !) et les crocs à l’air, c’est un grand cru !

 

MON HUMBLE AVIS :

Après sa célèbre trilogie sur la vengeance, et sa comédie romantique déjantée en asile psychiatrique, Park Chang Wook change encore de registre, et s’essaie au genre fantastique, avec ce film de vampire humoristique et original.
Le vampirisme y est une maladie, contractée par un prêtre prêt à se sacrifier pour la recherche médicale, l’obligeant ensuite à boire le sang des comateux par leur perfusion.
Il cherche à résister à l’appel du sang, aide juste des candidats au suicide à passer à l’acte, mais c’est une femme qui déclenchera en lui des pulsions nouvelles, le véritable appel de la chair !
Elle le poussera au meurtre pour se débarrasser de son encombrant mari, mais leur idylle ne se simplifiera pas pour autant…
Ramener le mythe du vampire à des considérations triviales d’organisation pratique, cette approche n’est pas inédite (Romero et Ferrara sont déjà passés par là), mais l’humour noir du réalisateur et sa volonté de faire un film sensuel lui permettent finalement de rafraîchir le genre.
Sa mise en scène est toujours très classe, jouant sur les ruptures de ton, passant d’un cadre très éloigné à un hyper gros plan avec la souplesse des plus grands.

La photographie est géniale, baignée de lumière dans les scènes liées à la religion, sombre mais lisible dans les scènes nocturnes, auréolée d’une surexposition troublante lorsque nos 2 tourtereaux d’outre-tombe s’installent ensemble dans leur « petit nid douillet ».
Le film est monté avec brio, bien que le réal est toujours tendance à trop prendre son temps, et à se perdre un peu dans les détails en milieu de récit, la fin est si intense qu’elle mérite à elle seule la vision de tout le métrage.
Les décors permettent de voir quelques églises catholiques coréennes, un hôpital, et tout un quartier populaire (surtout vu des toits), tandis que les costumes sont ordinaires, mais caractérisent immédiatement les personnages dans le rôle qu’ils devront jouer à l’écran.
Les effets spéciaux n’offrent pas les dents classiques de vampire, mais ne sont pas avare en scènes gores pour autant. De plus, les prouesses physiques (y compris sexuelles) accomplis par les vampires donnent l’occasion de quelques scènes croquignolesques, à base de câble à la Hong Kong effacés numériquement.
Les acteurs sont excellents (et bien dirigés surtout, car c’est toujours un point fort chez ce réal), son acteur fétiche se faisant voler la vedette par l’actrice principale, surprenante d’intensité de bout en bout, et capable de jouer des émotions difficiles très différentes, par exemple de nous faire peur en gardant une part de fragilité.

La musique accompagne correctement le film mais on n’y retient pas de thème ou de mélodie particulière.
En conclusion, « Thirst » est assurément à voir, il plaira à tous au premier comme au second degré… de plus c’est le film fantastique le plus érotique vu depuis longtemps, et rien que ça, ça fait un bon film !


Une scène mémorable qui vous donnera (peut être) envie de voir le film :
Après avoir tué le mari gênant, ce dernier revient hanter les nuits d’amour des 2 amants criminels… ainsi on le retrouve carrément « entre eux » lors de leurs ébats, imaginez un peu la scène de triolisme avec un zombi noyé !