VAMPIRES


a Vincent Lannoo film
Screenplay: Frédérique Broos & Vincent Lannoo
Cast : Paul Ahmarani, Julien Doré, Carlo Ferrante, Alexandra Kamp-Groeneveld
Running time : 88 min.
Contries : Belgique

L'avis du BIFFF :

Soyons sérieux un instant, voulez-vous. En ces temps moroses où la peur de l’Etranger se cristallise en une immigration choisie, où l’on stigmatise le plombier polonais et les rastaquouères de Jean-Marie ; il est de notre devoir de citoyen de promouvoir des outils pédagogiques tels que ce manifeste belge. Si S.O.S. Racisme avait son slogan : Touche pas à mon pote, Vincent Lannoo, tel un entomologiste bardé de gousses d’ail, a été encore plus
loin : Touche pas à mon vampire, qu’il dit ! Bien que les deux premières équipes de tournage aient servi de brunch à ces chatouilleux des canines, toujours partants pour un petit coup de rouge, la troisième équipe a réussi le tour de force de suivre au quotidien une famille de vampires qui n’a pas attendu la création de l’espace Schengen pour débouler des Carpates vers notre plat pays.

En mordant à pleines dents la veine du cinéma belge, Vincent Lannoo nous offre une perle acide et déroutante avec ce docu-fiction jubilatoire. À contre-courant des standards du genre qui sacralisent le mythe de Dracula à coups de flonflons et de baroque flippant, Vampires utilise le prisme de l’ordinaire pour mieux faire ressortir les contrastes et les dilemmes existentiels de ces tire-au-flanc-suceursde-sang. Au final, ce Strip-Tease au vitriol confirme que nous sommes bel et bien au pays des surréalistes sauf que, cette fois-ci, Magritte a les crocs !

MON HUMBLE AVIS :

L’affiche dit « Ils ne sont pas effrayants, ils ne sont pas sexy, ils ne sont pas branchés… ils sont juste belges » !
Dans le style docu-fiction belge on se souvient du cultissime « C’est arrivé près de chez vous » qui suivait Benoît Poelvoorde en serial killer… « Vampires » fonctionne de la même façon, mais avec un sujet fantastique ramené à des questions triviales liées au quotidien de telles créatures dans la société actuelle, « suçant » tout ce qu’ils peuvent du système.
Une équipe de reportage s’immisce donc dans la vie privé d’une famille de vampires.
Le père a fort à faire avec ses 2 enfants, éternels adulescents, dont l’une veut redevenir humaine (quitte à enchaîner de vaines tentatives de suicides), et l’autre est un incapable (même de mordre) coureur de jupons, qui ira jusqu’à fauter avec la femme du leader de leur communauté, condamnant toute la famille à l’exil au Québec (là où les vampires sont obligés de travailler !)…
La mise en scène use donc en permanence d’une caméra portée, comme d’une vue subjective du documentariste, parfois sur pied pour des interviews.
Ce style brut de décoffrage est saoulant sur la longueur, mais heureusement l’humour des textes est là pour nous faire oublier la forme peu esthétique.

Le montage privilégie les plans séquences, on profite donc des performances sympathiques des acteurs, mais pas d’un style vif pour séduire l’œil.
Les décors et les costumes sont banals, vraiment rien à signaler de ce côté là.
Les SFX se limitent à quelques dentiers et autres filets de sang, niveau « farces & attrapes » donc.
L’interprétation trouve le ton juste, entre authenticité et caricature, pour nous faire rire avant tout, avec de l’humour noir non dénué d’une certaine profondeur (à la fois sociale et psychologique).
Il n’y a pratiquement pas de musique dans ce film, pour renforcer l’aspect véridique des faits représentés, mais cela nuit car dans un véritable documentaire, le réalisateur se serait empressé d’en rajouter pour renforcer l’émotion… dommage.
Il faut préciser que « Vampires » est le premier film belge à sortir simultanément en salles, en DVD, et en VOD, en effet il sera téléchargeable durant une année entière sur Belgacom TV.

Pour finir, je dirai que s’il est effectivement très marrant, ce film n’est pas aussi original qu’il voudrait l’être, brassant beaucoup de clichés sur le mythe vampirique sans apporter grand chose de neuf.


Une scène mémorable qui vous donnera (peut être) envie de voir le film :
Les vampires ont même une école nocturne, où on leur enseigne comment devenir les « saigneurs » de la nuit. La leçon de morsure est à ce titre totalement impayable, surtout avec l’accent belge très prononcé de la prof, la nullité de l’élève interrogé, et les regards embarrassés du reste de la classe, qui a honte pour lui… à pisser de rire !