THE ZERO THEOREM

 

Director: Terry Gilliam
Genre: Fantasy, Science Fiction
Countries: France, Royaume Uni
Year: 2013
Writer: Pat Rushin
Actor: Christoph Waltz, Mélanie Thierry, David Thewlis, Lucas Hedges
Producer: Patrick Newall, Nicolas Chartier and Dean Zanuck
Distributor: Voltage Pictures
Special FX: Nick Allder
Composer: George Fenton
Photo director: Nicola Pecorini
Art director: Adrian Curelea
Editor: Mick Audsley

SYNOPSIS PAR LE BIFFF

Voici Qohen, pirate informatique qui craque du code sans véritable but, tel un Sisyphe avec son rocher pixellisé.
Et Qohen, il en a marre…
Marre de ce leitmotiv « Arbeit Macht Fun » qui lobotomise tous ces fonctionnaires, marre de cette bureaucratie kafkaïenne qui se cache sous les oripeaux clinquants d’un post Las Vegas flashy bling bling.
Qohen, tout ce qu’il attend, c’est un coup de bigophone lui annonçant le véritable sens de la vie (et la réponse n’est pas 42), et ça le déprime.
À tel point que monsieur Management, Dark Vador de l’exécutif en costume trois-pièces, va tout faire pour que son employé n’allume pas l’ampoule qui lui sert de cerveau.
À commencer par une tâche presque divine : la résolution impossible du Théorème Zéro, agrémentée de quelques distractions primaires telles que la délicieuse Bainsley, une allumeuse au grand cœur toujours partante pour du badinage tarifé.
Rien de tel que la bonne vieille méthode du Pain et des Jeux pour endormir les consciences !
Tout est permis, pourvu que Qohen ne choppe pas ce virus obsolète que d’aucuns appelaient l’épanouissement personnel…

L’AVIS DU BIFFF

Dernier volet de sa trilogie existentielle - avec Brazil et l’Armée des 12 Singes -, le nouveau film de Terry Gilliam porte indéniablement la patte du maître : thématiques orwelliennes, paranoïa du Big Brother, un clin d’œil plus qu’évident au dernier film des Monty Python, The Zero Theorem est un tourbillon visuel et métaphysique à consommer sans modération, avec des caméos savoureux et une reprise de Creep à tomber !


L'AVIS DU NIFFF

L’éternel Terry Gilliam (Brazil, 12 Monkeys) cherche à nouveau Le Sens de la Vie. Dans un futur dystopique orwellien, Christoph Walz incarne un génie de l’informatique qui, reclus dans une chapelle abandonnée, tente de décrypter la finalité de l’Existence. Cyber-sex et passion amoureuse se mêlent alors dans un scénario semblant avoir été écrit par un Philip K. Dick sous stéroïdes. Avec ce film stupéfiant, Gilliam clôt sa trilogie existentielle.

MON HUMBLE AVIS

Un nouveau film de Terry Gilliam est un évènement en soi, la foule présente lors de sa projection en témoigne, cela procure un mélange entre excitation et crainte : verra-t-on un chef d’œuvre à la Brazil, ou un nanar à la Las Vegas parano ?
Le message du film est désabusé, c’est vraiment une œuvre de « vieux con », revenu de tout : l’amour est inutile, toutes les femmes sont des putes, tout est vain, il n’y a aucun sens à la vie, à l’univers, la société est pourrie, tout n’est qu’exploitation économique, jusqu’au vide de nos existences…
Le principal souci de ce scénario c’est qu’il n’y a pas de révolte (même vaine et échouée, comme dans Brazil), tout cela semble accepté, par un vieil homme résolu (le héros et le réalisateur à la fois).
Ça en fait un film déprimant, bien que virtuose.

La réalisation bénéficie de l’esthétique particulière du réalisateur, poussée à son paroxysme : il fait la caricature de la laideur de notre monde difforme, et le savoir faire inimitable de l’artiste s’exprime autant en rythme, en direction d’acteur, en souffle épique dans un film d’auteur, qu’en dépression tournée en farce !
Les cadrages en mouvement sont très dynamiques, avec beaucoup de gros plans sur les expressions des personnages, et des plans larges profitant des décors ambitieux d’une grosse production.
La photographie est excessivement colorée, en extérieur, et présente des clairs obscurs très doux dans les intérieurs.
Les textures (des décors et des costumes) ajoutent au charme bigarré de la photo, faisant des images tantôt décrépies, tantôt post-modernes, toujours bourrées de détails, ce qui rejoint le style visuel d’Alexandro Jodorowsky (« La montagne sacrée », « Santa sangre »).
Le montage est très rapide, enlevé, on n'a pas le temps de s’ennuyer une seconde, entre les arrières plans riches, tout le visuel à découvrir, et les répliques savoureuses (plus les gags de situation).

Les décors donnent une vision du futur où la surconsommation, et la surmédiatisation, ont tout déshumanisé, qui rejoint en look le kitch de la vision de Robert Zemeckis, dans « Retour vers le futur 2 » avec en plus l’univers publicitaire cynique des films de SF de Verhoeven (« Robocop », « Total recall », « Starship troopers »), eux même inspirés, sur ce point précis, de « Blade runner » de Ridley Scott, mais revu à l’esprit de Brazil… un juste retour des choses, donc !
Les costumes sont des caricatures des extravagances de la mode, dans une hype SF naze, faisant regretter le classicisme rétro (encore un regard de vieux con), mais avec des idées géniales, comme les tenues sensorielles pour monde virtuel (et le sexe numérique), ainsi que des références à Brazil (comme le réparateur à domicile, ou la livreuse de pizza).
Notons un bon gag avec les costumes du grand PDG qui vient incognito aux fêtes de ses employés, le tissu imprimé de ses costards imitant toujours le papier peint ou les rideaux contre lesquels il se tient !

Mais, c’est un gag emprunté à la « Panthère rose » avec Steve Martin et Jean Reno…
Les SFX numériques sont nombreux, on voit un trou noir, la représentation de recherches scientifiques informatiques en 3D (visiblement la science pour Gilliam se résume à jouer à Tétris), ainsi que le paysage d’un monde virtuel.
Les acteurs sont bons, surtout Christopher Waltz, dans le rôle du déprimé autiste, sans autre émotion que le stress, et la quête mystique au bord de la démence !

La française Mélanie Thierry est sexy et émouvante, David Twellys est intéressant aussi en chef azymuté, et Matt Damon est parfait pour la froideur du boss manipulateur.
La musique orchestrale se contente de « Mickey-Moosing », même si elle un peu poétique par moments, elle est surtout satirique.
En conclusion, ce n’est pas le meilleur Gilliam, même sur ces thèmes déjà traités, qui resteront « Brazil » et « L’armée des 12 singes », mais c’est une bonne cuvée quand même, par son histoire pleine de surprises, qui se suit sans ennui, ses personnages barrés, et surtout son esthétique de fin du monde consumériste.