DREAMLAND
Année 2019
Réalisateur Bruce McDonald
Cast Henry Rollins, Juliette Lewis, Lisa Houle,
Stephen McHattie, Tómas Lemarquis
Distributeur Goodbye Productions
Genre film noir, surreal
Running time 92'
Pays Belgique, Canada, Luxembourg
L'AVIS DU BIFFF :
Juste parce qu’un légendaire trompettiste de jazz l’a royalement nié, Hercules – gérant d’une boîte de nuit répondant au doux nom d’Al Qaeda et, accessoirement chef mafieux sadique – décide d’engager Johnny, son tueur à gages habituel, pour une vengeance bien dégueulasse.
Oh, attention, hein: s’agit pas de tuer la diva des pistons. Juste lui couper le petit doigt avant son concert exceptionnel au somptueux palais de la Comtesse…
Le problème, c’est que Johnny commence à se sentir trop vieux pour ces conneries, et sa mauvaise conscience le taraude aussi souvent qu’une scène de boules dans le dernier Houellebecq.
Mais pour claquer définitivement la porte, notre pourvoyeur de nécrologies hebdomadaires devra s’immiscer une dernière fois dans le monde d’Hercules.
À savoir un enfer peuplé de tueurs en culottes courtes, de vampires pédophiles et un palais clinquant où les coupettes de champagne vont très vite être remplacées par tout le stock lybien de la FN Herstal.
Bref, un vrai pays de rêve, en somme…
Cauchemar surréaliste aussi insaisissable qu’une impro jazzy et sanglante, DREAMLAND est exactement ce que demandent les boulimiques de films de genre: qu’on les surprenne !
Réalisée par Bruce McDonald (c’est à lui qu’on devait PONTYPOOL, au BIFFF 2010), cette coproduction belge s’offre un casting à la hauteur de son scénario dingue: Stephen Mc Hattie (HELLMOUTH), Juliette Lewis (UNE NUIT EN ENFER), Henry Rollins (LOST HIGWAY), Tómas Lemarquis (BLADE RUNNER 2049) ainsi que notre Sam Louwyck national !
Et, franchement, rien que de voir des bus de la TEC dans un film fantastique, c’est priceless
!
L'HUMBLE AVIS DE MATHIEU GEISS :
En préambule, sachez que ce film ne se laisse pas appréhender facilement.
Tout dans ce qui le compose, que ce soit dans son écriture alambiquée jusque dans son aspect visuel aux allures de patchwork s’évertue à nous perdre.
Rien d’étonnant lorsque l’on apprend en début de projection que le scénario en a surpris plus d’un, faisant au passage peur aux financeurs américains qui ont laissé la place à des producteurs belges et luxembourgeois.
La première chose qui frappe est le travail important dont a bénéficié l’œuvre au niveau de ses ambiances.
La photographie est superbe, jouant sur les contrastes de lumière au néon coloré, sur l’irisation et les reflets de faisceaux lumineux, sur les éclairages orangés en clair-obscur.
Tout concours à donner au film un certain cachet esthétique qui culmine lors d’une séquence tournée dans des décors en noir et blanc dans lesquels se fondent une foule de personnages habillés dans les mêmes tonalités.
Mais passé la claque visuelle, il faut bien se rendre à l’évidence que tout ceci semble un peu gratuit, tant le scénario, complètement décousu, échoue à donner un sens à tout ce que l’on voit.
On suppose dans un premier temps que le but du réalisateur est de rendre trouble la limite entre le rêve et la réalité en adoptant régulièrement le point de vue du personnage principal sur son environnement.
Divers éléments dissonants semblent étayer la thèse d’une projection mentale comme ce plan onirique de jeunes filles en robes blanches maculées de sang, ou encore la rencontre avec un musicien qui s’avère être le parfait sosie du protagoniste.
Cependant, il apparaît progressivement impossible de recomposer en un puzzle cohérent les différentes pièces de ce que l’on nous donne à voir et on ne parvient pas à en apprendre suffisamment sur le personnage et sur ses motivations pour s’attacher à lui.
D’autant que cette intrigue principale est noyée par des sous-intrigues inconsistantes ainsi que par des personnages très mal introduits, voir grotesques à l’image d’un vampire de pacotille tout droit sorti d’une mauvaise série B.
Faut-il seulement essayer de chercher derrière cet amas d’éléments incongrus un semblant de logique ?
La question reste posée.
Reste qu’à part quelques fulgurances visuelles, le film, de par ses dispersions narratives inutiles et ses personnages peu étoffés, ne procure que très peu d’émotion et finit par laisser son spectateur à distance.
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