MASTERCLASS – STEVE JOHNSON

Voilà plus de trente ans que le multiprimé Steve Johnson travaille des matériaux bruts, se frotte à la technologie dernier cri, ou conceptualise les pensées les plus démentes du 7^e art pour nous offrir des créations à défriser nos rétines !

Sa société a travaillé sur les effets spéciaux de plus de 200 longs métrages, un nombre incalculable de séries télévisées, des publicités ou encore des clips vidéo.

Johnson, c’est le maestro qui dépasse nos espérances les plus folles de spectateurs, et c’est à lui que l’on doit une jolie brochette de personnages marquants dans le panthéon du cinéma de genre : de la grâce des extra-terrestres dans THE ABYSS au Bouffe-tout de SOS FANTÔMES, du robot touchant interprété par Robin Williams dans BICENTENNIAL MAN à la séductrice intergalactique de MUTANTS, en passant par le fameux Doc Ock et ses tentacules dans SPIDERMAN 2, tout est estampillé Steve Johnson !

Ce personnage sympathique, même si inévitablement imbu de sa personne, a toujours voulu bosser dans cette industrie, depuis l’âge de six ans.

"Magnolia" est le film sur lequel il a préféré travailler, l’acteur principal William H Macy avait baisé sa gonzesse de l’époque, et il s’était vengé sur la fausse grenouille qu’il devait manger, la remplissant lui-même de la pire façon possible...

Le public réclame ensuite que Steve nous parle de son expérience sur « Videodrome ».

Il travaillait à l’époque pour Rick Baker.

Le corps plein de tumeurs était entièrement une marionnette animée par quatorze marionnettistes.

C’était Noël, aussi ils ont utilisé des tumeurs restantes pour décorer un sapin de noël !

James Wood était cocaïnomane et mégalomane sur le plateau, voulant lui dire comment faire son job.

Selon Steve, il y a une solution à n’importe quel problème technique, mais on a pas toujours le temps de la trouver...

Le public choisit ensuite « Big trouble ni little China ».

Rick Baker était fatigué par d’autres projet et refusait « Ghostbusters », Richard Edlund cherchait quelqu’un pour le remplacer, Steve a eu sa chance.

Il devait faire un fantôme pour avoir le contrat de tous les autres, et il a donné le meilleur de lui-même.

De là, il a été engagé par Carpenter sur Jack Burton.

Il a essayé de faire un vieillissement à la Dick Smith sur James Wong et l’a complètement foiré.

Il n’avait pas saisi que Carpenter faisait un film aussi cartoon, et il s’est rendu compte assez tard que le réal a toujours raison.

Steve vieillit toujours les mains simplement avec une couche de latex, et en séchant le latex trouve lui même les plis de rides les plus réalistes, pas la peine de sculpter.

Screaming Mad George, rencontré sur « Ghostbusters », a fait la tête aux multiples yeux, mais Steve a pris tout le crédit pour lui, comme Baker son mentor le faisait avec lui avec son propre travail lorsqu'il était sous ses ordres...

Le pire, c’est que Steve raconte cela en rigolant, comme si c’était tout à fait naturel, il n’en éprouve aucune honte, mais presque de la fierté !

Un cascadeur refusait de faire un saut avec le costume de monstre, du coup, le temps de trouver un autre cascadeur, il a fallu filmer une transformation que Steve n’avait pas fini de préparer.

En une prise, le truc est mis en boîte, mais personne n’a été satisfait, et Steve a failli être viré par Carpenter (encore sous le coup de son tournage de « The Thing » avec le talentueux Rob Bottin qui lui solutionnait tout) ! 

Le public choisit ensuite « Fright night », dont la principale difficulté a été la destruction finale du vampire.

Il a d’abord fait des tests avec du nitrogène liquide sur ses propres tennis, pour arriver au résultat vu dans le film.

Le manque de cigarette (mais sûrement aussi d’autres substances), amène à de nombreuses digressions (et autres jonglages avec le micro), inutiles à reporter ici, mais qui donne rapidement un certain chaos à la structure de la conférence...

Par exemple, Steve drague même les filles au premier rang, ou fait des imitations vocales de toutes les célébrités dont il cause !

Steve raconte aussi l’horrible anecdote de l’acteur qui s’est fait sauté la cervelle après avoir été viré, car il avait raté la journée de tournage à cause de la coke (anecdote déjà racontée dans le magazine SFX).

Steve explique un plan de doigts cassés à l’envers : il a pris l’empreinte du dessus de la main, et a collé le tirage sur la paume de la main, ce qui donne l’illusion de plier les doigts à l’envers.

Il parle aussi de la difficulté de désigner un alien, car on peut lui donner n’importe quelle forme.

Il parle aussi des hésitations interminables des executives des studios au sujet du choix des designs.

Le public souhaite qu’il parle ensuite de « Ghostbusters ».

Il raconte qu’une personne habillé de noir porte le slimer devant un écran noir, ses jambes déplaçant simplement en dessous.

Il a voulu pouvoir faire la transformation du fantôme avec un seul opérateur, par rapport aux nombreux manipulateurs de Videodrome.

Certains monstres trop effrayants refusés sur Ghostbusters ont été utilisés sur Fright night.

Mathieu Geiss réclame plusieurs fois que Steve parle de « Species », ce dont Steve n’a pas envie, mais il finit par se soumettre.

Il insiste sur la difficulté de bosser avec Giger qui avait détesté l’utilisation de son art dans les films précédents.

Il fut finalement le seul à parvenir à satisfaire l’artiste suisse, ce qui est déjà un incroyable exploit.

Sur de nombreuses photos des années 80, on voit que Steve portait une superbe mulette, ce qui avec la moustache et la barbiche lui donnait l’air d’un mousquetaire ! 

Steve fait de nouvelles digressions, cette fois au sujet de ces nombreuses dépressions, ses inquiétudes, et ses crises de panique continuelles durant les tournages.

Progressivement, malgré toutes ses anecdotes passionnantes sur ces films cultes et leurs secrets de fabrication, Steve qui paraissait un bouffon dynamique et enthousiaste, apparaît au final surtout comme un clown triste, dont les cicatrices d’une guerre hollywoodienne sous cocaïne ne se sont jamais totalement refermées...