SOIRÉE NANARLAND

 

Vous le sentez, ce doux fumet de séance culte ?

Vous n’en pouvez plus de la perfection 24 frames per second ?

Vous voulez des acteurs qui jouent comme des poireaux mal cuits, des scènes de combat chorégraphiées par une loutre hémiplégique et des budgets qui feraient mourir de rire l’amicale des gilets jaunes ?

Bienvenue à Nanarland…

Au menu, une double programmation qui va vous envoyer du rêve : on commence par une panouille culte de 1991, SAMOURAI COP et son héros, Joe Marshall qui « speak fluent » japonais pas qu’il est un samouraï de l’Occident.

Ce film a beau être considéré comme l’un des pires nanars jamais réalisé, il va quand même être suivi d’un concurrent de taille : le seul, l’unique, l’immanquable TROLL 2 et ses gobelins végétariens !

Plafonnant à un score mythique de 6 % sur Rotten Tomatoes, ce monument de ringardise doit beaucoup à son réalisateur, Claudio Fragasso, qui a écrit les dialogues en anglais phonétique alors qu’il ne maîtrisait pas du tout la langue de Shakespeare !

Oubliez vos séances d’abdo : une seule séance de Nanarland suffira à transformer votre mousse ventrue en vraies tablettes au chocolat !

 

SAMOURAÏ COP

 

Director: Amir Shervan


Year: 1991


Running time: 96′


Production country: USA


Distribution: Cinema Epoch


World Sales: Cinema Epoch

 

MON HUMBLE AVIS :

 

La projection de "Samouraï cop" est précédée d’un montage d’extraits de séries Z cultes, puis de l’émission de Nanarland pour Arte Creative à son sujet. 

 

Le message de cette fable philosophique nous explique que les vilains salopards de japonais trafiquent de la drogue dans les tous beaux États Unis, heureusement qu’il existe un flic obsédé sexuel, ayant appris les arts martiaux, pour les arrêter, justice sera faite !

 

La réalisation abracadabrante est un ramassis de faux raccords et de sautes d’axe qui font mal aux yeux.

Mauvais goût, blagues racistes, pâle copie des succès de l’époque, c’est vraiment sans une once d’un quelconque savoir faire.

 

Les cadrages n’ont aucun style, c’est du niveau de la pire série télé des années 70.

 

La photographie est hyper moche, en extérieur c’est souvent surexposé, et en intérieur aussi en fait ! 

 

Le montage est le point par lequel la magie opère : plans séquences trop longs, champ contrechamp foireux, carambolages de plans sans cohérence, reshoots avec perruque de l’acteur principal s’étant coupé les cheveux entre-temps, le top du top.

 

Les décors montrent Los Angeles et sa banlieue, des appartements en guise de QG de la police ou de la mafia, restaurant, rues et ruelles, mais tout fait toc et ringard.

La décoration et le moindre accessoire font preuve d’un goût de chiottes (comme par exemple ce trophée de lion en laine).

 

Les costumes et coiffures ne sont pas aidés par la mode des années 80, couleurs nazes, coupes nulles, mais en plus certains acteurs flottent dans leurs costards.

 

Les sfx sont super moches, le faux sang est orange, les grenades font des petits jets de fumée, les cascades sont ridicules, mais il y a une certaine générosité dans le gore (bras tranché, décapitation, corps criblés de balles, etc)... 

 

Le casting est le summum de cette accumulation de nullité, Hannon est tout simplement sublime dans son surjeu fait de grimaces haineuses et d’œillades de pervers, tandis que le sidekick black tente de rivaliser avec son charisme d’endive.

Tous les seconds rôles sont à côté de la plaque, l’amateurisme semblant de rigueur.

Robert Z Dar est le pire de tous, son non jeu fait peine à voir, c’est comme s’il était gêné d’être filmé...

 

La musique couronne le tout avec des airs au synthé totalement barrés, et de plus mal mixés (trop fort par rapport aux dialogues).

Elle en fait des "patacaisses" et aide ainsi le film à atteindre la caricature involontaire.

 

En conclusion, record difficile à battre, absolument tout est mauvais dans ce film, mais c’est la combinaison de tout cela qui parvient au final a nous avoir à l’usure : il devient un nanar culte parce que son ridicule n’est pas feint (comme dans un "Sharknado" par exemple), mais du à une maladresse finalement désarmante et presque touchante.

 

TROLL 2

 

Director: Claudio Fragasso (as Drake Floyd)


Year: 1990


Running time: 95′


Production country: USA / Italy


Distribution: Park Circus


World Sales: Park Circus

 

L'HUMBLE AVIS DE MATHIEU GEISS :

 

Qu’a-t-on dit sur Troll2 qui n’a pas déjà été dit.

Meilleur pire film du monde selon beaucoup, qui a même eu droit à un documentaire à lui tout seul (que je n’ai pas vu d’ailleurs).

Loué pour son jeu d’acteur affreux, pour son intrigue farfelue percluse d’incohérences, pour les costumes de ses gobelins dignes d’une soirée d’halloween et pour bien d’autres choses encore…

 

Sauf que (et c’était particulièrement flagrant lors de sa projection pour le double programme nanarland, si on le compare à « Samouraï Cop » diffusé en premier), le film à quelque chose à proposer en terme visuel et narratif, amenant à relativiser certains des points qui ont été énoncé.

 

Des jeux d’acteurs mauvais ?

Certes, sans doute pas exceptionnels, mais bien plus recommandables que d’autres productions avec des acteurs professionnels, car il faut bien avoir conscience que beaucoup parmi eux étaient de parfaits amateurs.

A ce titre, les comédiens interprétant le grand père, le fils et la sœur de la famille Waits, pour ne citer qu’eux, offrent des performances tout à fait crédibles.

 

Les costumes de gobelins, même s’ils sont le fruit d’un bricolage assez maladroit, mi boule de poil, mi-figures cauchemardesque, font leur petit effet horrifique en évoquant des sortes d’ewoks dont le visage aurait été lavé à l’acide.

 

Quand au scénario, il s’avère assez étrange, mais dégage tout de même une naïveté désarmante dans le traitement du végétarisme.

Bien qu’elle emprunte à la fois au film familial d’aventure dans le style des productions Amblin, au film de rednecks dégénérés avec une touche d’horreur graphique, la trame reste assez cohérente dans son propos et n’en dévie pas jusqu’à la dernière minute du métrage.

 

Mais l’élément le plus surprenant pour un amateur non averti est sans doute la mise en scène qui tranche de manière flagrante avec la plupart des productions cinématographique et pas seulement nanardes.

Il apparaît très vite que Claudio Fragasso possède un certain sens du cadre influencé par Spielberg lorsqu’il s’agit de capter la sidération où la peur des personnages.

Le premier champ contre-champ qui ouvre le film est à ce titre assez éloquent.

Certains plans sont magnifiques comme celui effectué sur l’église du village qui dégage immédiatement une ambiance surnaturelle.

Même la progression dans l’horreur est menée efficacement grâce un découpage efficace qui fait parfois oublier la direction artistique douteuse.

 

En résumé, je vous invite à reconsidérer ce film avec un œil attentif.

Il est possible de trouver certains passages plutôt inspirés et d’apprécier l’histoire pour ce qu’elle est, à savoir un récit d’aventure horrifique plutôt bien rythmé et cela même si le message véhiculé en filigrane sur les régimes alimentaires ne mettra pas tout le monde d’accord.

 

 

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