ONE CUT OF THE DEAD
Année 2017
Réalisateur Shinichiro Ueda
Cast Harumi Shuhama, Kazuaki Nagaya,
Manabu Hosoi, Mao, Takayuki Hamatsu
Distributeur Third Window Films
Genre black comedy, zombie
Running time 96'
Pays Japon
L'AVIS DU BIFFF :
Intérieur / Jour – Hangar désaffecté : une jeune femme hurle tandis qu’un zombie, bras levés et bonne gueule de fin de cuite, s’avance vers elle à la vitesse d’un accord viable pour le climat.
Soudain, une voix hurle « Coupez ! ».
Le tournage s’arrête, c’est la 42e prise, le réalisateur s’énerve face à autant d’amateurisme et tout le monde fait une pause.
L’occasion pour les membres de l’équipe de discuter du lieu de tournage : un entrepôt que l’armée japonaise utilisait pour des expériences interdites.
Hanté, l’endroit.
Forcément.
Soudain, des techniciens se transforment en zombies, les acteurs balisent, le réalisateur dément en profite pour continuer à filmer le massacre, et on se coltine un gros nanar en un plan-séquence.
C’est mal joué, mal filmé, ça manque cruellement de rythme, certains dialogues sont juste abscons et, franchement, on n’a pas besoin d’être un cador du film zomblard pour savoir qu’on est face à une sombre merde…
Mais ça, ce ne sont que les 30 premières minutes d’une pépite hors normes.
En dire plus serait un véritable crime pour votre plaisir de spectateur.
Rhalala, on est bien embêtés, nous.
Comment vendre un tel coup de cœur sans trop en raconter ?
Bon, on va éviter tout indice sur le contenu : petit film de fin d’études à 20,000€, ONE CUT OF THE DEAD a déjà rapporté près de 30 millions de dollars à travers le monde.
Lors de son avant-première mondiale, le film a reçu une standing ovation de plus de cinq minutes, lançant une carrière internationale carrément inédite : véritable bête de festival, le petit projet roublard de Shin’ichiro Ueda rafle quasi tous les prix du public, laissant tous les autres vétérans du genre sur le carreau.
À vous maintenant de découvrir pourquoi…
MON HUMBLE AVIS :
Ce film-concept est bien mystérieux, car au BIFFF il a encore raflé le prix du public, comme partout ailleurs où il est passé !
Vu son début sans grand intérêt, on attend le twist avec impatience...
Le message semble être au départ sur la nécessité de filmer coûte que coûte, quoiqu’il arrive sur un tournage
!
Comme disait John Milius (sur "Conan le barbare") : "La souffrance est temporaire, mais le film est éternel !"
En seconde partie, sans vraiment spoiler, le message devient de démontrer que derrière même le film le plus raté, il y a toute une aventure humaine, tout un travail, tout un film idéalisé sûrement mieux que le résultat.
Il est facile de juger d'un bref "c'est nul", mais un tournage c'est l'enfer, il faut toujours improviser avec les imprévus, résoudre problème après problème, jusqu'au burn out et au chaos absolu.
Le but du film semble être de faire relativiser le public trop facilement critique, afin qu'il ait de la compassion, et même qu'il s'attendrisse des pires nanars !
La réalisation est donc schizophrène à trois reprises, puisqu'il y a le film, le film dans le film, puis le tournage du film du film dans le film !!! ;)
... voire même à 4 reprise avec le véritable making of dans le générique final !
Les cadrages sont au steadycam, au plus près de l'action, en interminables plans séquences.
Il y a l'éternel plan de la caméra tombée au sol qui filme de travers, et la "shakycam" qui cherche son sujet en tremblant et gigotant en tout sens... Berk !
On trouve aussi énormément (trop ?) de plans serrés sur le postérieur, certes bien roulé, de l'actrice montant des escaliers.
En seconde partie, les cadres
sont plus propres, sur pieds, rails ou grue.
Il y a de plus un côté "Retour vers le futur" où il est amusant de rejouer le match en comprenant l'envers du décor.
La photographie ne conserve que les bleus et les oranges, par un savant étalonnage.
Le montage est d'abord inexistant, puisqu'il s'agit en premier lieu d'un plan unique en temps réel de presque 10
minutes.
Ensuite, il y a quelques coupes, mais les plans restent très longs, le plus long possible.
La seconde partie commence réellement après 37 minutes de série Z.
C'est alors monté plus cut, avec des ellipses.
Les décors minimalistes (bleus et oranges comme la photo)
montrent un vieil entrepôt tout pourri à l'abandon, le lieu idéal pour un tournage sauvage sans autorisation.
De plus on tourne en rond dans ce décor unique, entouré d'herbes hautes, c'est vite lassant.
En seconde partie, on voit un
peu les bureaux de production, et l'appartement du réalisateur, avant de retrouver ce hangar désaffecté.
Les costumes sont quelconques (bleus et oranges comme la photo), mais vite tachés de sang.
Les SFX sont bien ringards : sang orange, têtes et membres tranchés en latex.
Le casting est réduit au strict minimum (un réal, un cameraman, un perchiste, une maquilleuse, et une poignée
d'acteurs), pour un tournage de film de zombies on peut s'attendre à voir plus de monde !
Le jeu est caricatural et criard, les attitudes sont ridicules, ça fait vraiment série Z.
On ne croit pas une seconde à ces péripéties toutes nazes, comme aux gesticulations des zomblards sous acides.
Néanmoins, le personnage du réal fou qui balance les zombies sur ces acteurs en criant "Action !" est déjà intéressant...
Le plan du cri nul qui n'en finit plus est insupportable.
En seconde partie, les mêmes acteurs font preuve de plus de subtilité, et même d'un certain humour à
froid.
La musique est rare, et fait dans la techno, déplacée en cette ambiance, car trop festif, ça en rajoute dans le volontairement mal-fait "à côté de la plaque".
Elle est plus écoutable en seconde partie, mais reste anecdotique (des percussions sur des mélodies comiques)...
Notons un beau générique de
début (au milieu donc !) très rock'n roll, et une reprise nippone des frères Jackson qui achève le métrage dans la bonne humeur !
En conclusion, il s'agit plus d'un film sur le cinéma, que d'un film de genre au sens
strict.
C'est donc à la fois curieux qu'il soit sélectionné dans les festoches de fantastique, et encore plus qu'il y gagne des prix !
Néanmoins, son idée générale est appréciable, bien qu'évidente à mes yeux, et sa mise en scène ingénieuse.
On en s'attend pas à être ému, et on l'est d'autant plus...
Je vous ai déjà assez spoilé comme ça, faites vous votre propre idée, moi j'ai déjà envie de le revoir !
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