RAMPANT
Année 2018
Réalisateur Sung-hoon Kim
Cast Dong-Gun Jang, Eui-sung Kim, Hyun Bin
Distributeur Splendid Film
Genre fantasy, zombie
Running time 121'
Pays Corée du Sud
L'AVIS DU BIFFF :
Complètement déconnecté de la réalité, le gouvernement subit la grogne populaire et les soulèvements ne vont pas tarder…
Ce n’est pas un bandeau de BFM-TV, mais la triste réalité du royaume de Joseon : à force de se gaver de poulardes dans un pyjama en soie, tandis que son peuple s’auto-digère dans une vilaine famine, le roi Lee Jo est sur le point de se faire une sortie à la Kadhafi.
Mais, heureusement pour lui, les traîtres sont vite arrêtés et liquidés, et peu importe si le propre fils du roi se trouvait dans le tas…
Le problème, maintenant, c’est qu’en termes d’héritier, Lee Jo n’a plus qu’un fils, Ganglim.
Et lui, il est plutôt David Guetta que Prince William.
À tel point d’ailleurs qu’on l’a exilé en Chine.
Néanmoins, Ganglim revient au pays pour les funérailles de son frère.
Mais en débarquant au port de Jemulpo, le prince héritier trouve que sa terre natale ressemble furieusement à une chambre d’ados sous amphètes…
Bon, certes, la famine et la misère n’arrangent rien.
Mais un autre soulèvement est en train de transformer le royaume en compost humain : la nuit tombée, des hordes de zombies affamés ont la sale manie de tout bouffer sur leur passage…
On ne va pas y aller par quatre chemins : certains mélanges de genre sont juste phénoménaux !
Imaginez un instant GAME OF THRONES et ses intrigues de palais sanglantes croisé avec WORLD WAR Z, et vous obtenez l’un des films les plus fous de l’année !
Soutenu par le studio New, à qui l’on doit TRAIN TO BUSAN, co-écrit par le scénariste de OLDBOY, et réalisé par Sung-hoon Kim (CONFIDENTIAL ASSIGNMENT), RAMPANT est un solide morceau dans le sous-genre des zampires et des vombies !
MON HUMBLE AVIS :
L'ère Joseon est la période de l'histoire de la Corée au cours de laquelle le pays fut gouverné par la dynastie Joseon, une dynastie de rois coréens qui occupa le trône de 1392 à 1910.
Durant la période Joseon, une administration centralisée est mise en place, le confucianisme revient en force, et avec lui, un nouveau système de valeurs.
La dynastie Joseon a également connu deux grandes périodes de prospérité, pendant lesquelles la culture connut un grand essor.
Les Coréens firent de nombreuses découvertes à cette époque, comme le premier cadran solaire oriental, et la première horloge hydraulique (on voit d'ailleurs un personnage utiliser une boussole dans le film).
La première presse à imprimer utilisant des caractères en métal fut inventée sous la dynastie Joseon.
La dynastie construisit plusieurs forteresses, des ports de commerce et de somptueux palais.
Elle mit en place une réforme agraire, mais fut victime de troubles de successions et de luttes de factions.
Le confucianisme a aussi connu ses excès.
À la fin du XVe siècle, les Sallim, néo-confucianistes rigoureux et tenus à l'écart du pouvoir, mènent des opérations de noyautage du gouvernement.
Deux purges réduisent leur influence (1498 et 1504), mais la déposition de Yeonsangun leur permet de la retrouver.
Deux nouvelles purges ont lieu en 1519 et 1545.
Ces purges ne sont qu'un exemple des luttes de faction de la dynastie Joseon, qui continuent même lorsque le royaume est en grand danger...
C'est dans ce contexte historique difficile que se déroule notre récit surnaturel, métaphore de ces troubles sociaux.
Le message du film parle donc des responsabilités du pouvoir, vis à vis du peuple, et du retour de bâton qui
arrivera à ceux qui ne s'en préoccupe pas... un sujet d'actualité s'il en est, abordé ici par le trichement de l'historique et du fantastique.
Il est amusant aussi de constater qu'au contraire de mon film culte "Evil Dead 3 Army of Darkness", il ne s'agit pas ici d'empêcher les zombies assiégeant le château d'y rentrer, mais bien de survivre à une épidémie qui infecte déjà ses habitants en attendant les secours !
La réalisation oscille entre intrigue politique et action fantastique, c'est bien équilibré, et on ne s'ennuie
pas une seconde.
Les cadrages sont académiques et privilégient les plans larges, ce qui donne un sérieux et une ampleur au
récit.
La photographie est dans les tons dorés et oranges, une ambiance chaude renforcée par le sang bien rouge, ou
dans des camaïeux de brun et de beige qui ancrent le récit dans le réel, et le concret (la poussière, le sable, le bois).
Le montage est dynamique, en fait le film sait se poser, prendre des temps calmes entre deux scènes d'action, le
rythme n'est pas tout le temps le même, mais au contraire choisi pour faire monter la pression, ou émouvoir lors des décès de personnages importants.
Les décors sont fastes, on voit de la forêt, un village côtier, et l'immense palais, avec ses différents
bâtiments, enceintes, et cours.
C'est toujours plus sobre en décoration que dans un wuxia chinois, mais cela permet de se concentrer sur l'action en ces lieux.
Les costumes ont une qualité inédite dans le wuxia coréen.
D'habitude, on préfère ceux des wuxia chinois, car ils font souvent preuve de trop de sobriété en Corée.
Mais ici, il y a une sophistication supplémentaire, les aristocrates ont des liserais dorés qui dessinent des arabesques sur leurs épaules, les gens humbles ont plusieurs couches de haillons superposées, et les soldats des armures plus décorées que dans la plupart des films historiques coréens.
Notons aussi des tas d’accessoires détaillées originaux, par exemple mobilier, armes, lanternes, et même ces dés divinatoires que je n'avais jamais vus à l'écran.
Les SFX sont le gros point fort de ce film : maquillage de zombies bien foutus et originaux avec leurs veines
hypertrophiés, lames des gigantesques sabres coréens gérées en synthèse pour mieux traverser les corps de part en part, giclées de sang améliorées numériquement, blessures gores, impacts de
flèches, incendie, bateaux, etc...
Ils sont nombreux et parfaits techniquement.
Notons que ces infectés tiennent autant de la goule vampirique (super force, rapidité, sensibilité à la lumière, mort par épée dans le cœur) que du zombie traditionnel (cannibalisme, transmission accélérée, instincts primaires).
Le Casting est important (beaucoup de personnages) et solide (des personnages complexes et non
manichéens).
Le ministre traitre par lequel tout arrive avait raison de vouloir renverser le roi égoïste, mais il est prêt à tout pour obtenir le pouvoir, ce qui en fait la némésis du héros, devenant mature et responsable par la force des choses...
Il y a aussi un personnage féminin assez forte pour se défendre seule, ce qui est rare dans ce cinoche misogyne.
Les chorégraphies d'escrime sont excellentes.
La musique est assez douce, elle va plus dans le soutien des émotions que dans la redite de
l'action.
C'est du symphonique (joué par le London Orchestra) privilégiant les violons, avec parfois quelques accents de musique folklorique.
En conclusion, ce film épique à souhait est absolument passionnant à regarder, amateur de Games of Thrones, de films d'infectés, ou de wuxia, vous en aurez tous pour votre compte, ne ratez pas cela sous aucun prétexte !
L'HUMBLE AVIS DE MATHIEU GEISS :
Rampant est une excellente surprise qui mêle deux genres très éloignés.
D’une part, le film de zombie qui connaît actuellement une exploitation intensive et d’autre part le film d’époque ancré dans l’histoire coréenne avec ses reconstitutions fastueuses et ses affrontements épiques.
Cette démarche inédite n’est pas sans risque car elle peut faire tomber l’ensemble dans le ridicule par des articulations de scénario maladroites ou une logique d’accumulation veine.
Mais bizarrement, cela fonctionne, car Sung-Hoon Kim parvient à traiter son sujet sérieusement en créant un ensemble harmonieux où l’irruption du fantastique ne donne pas dans la bête gratuité.
Passé les premières scènes où nous sont présentés rapidement le contexte politique et l’origine de la menace, les hordes de morts-vivants apparaissent très vite comme le symptôme d’une société asphyxiée par les privations ainsi que par l’inaction d’un pouvoir refermé sur lui-même.
L’organisation d’une conspiration de hauts dignitaires, le retour inattendu d’un prétendant au trône et la convoitise d’un ministre qui entend profiter de la situation pour accéder au pouvoir ajoutent au piment et à la richesse de l’intrigue en multipliant les fronts sur lesquels la crise devra se gérer.
La structure du scenario adopte à de nombreuses reprises celle d’un film de guerre où les différents groupes de survivants doivent élaborer des stratégies de combat.
Les enjeux sont multiples.
Il s’agit bien évidemment de rester en vie, d’empêcher la menace de se répandre, mais aussi d’opposer à ceux qui veulent s’accrocher à leurs privilèges, une résistance acharnée.
La bonne idée du film est de circonscrire l’action dans sa deuxième partie à l’enceinte d’un palais où le territoire s’amenuise au fur et à mesure que l’infection gagne en importance.
Ce qui amène à quelques surprises comme l’obligation de défendre les murailles de l’intérieur pour protéger le royaume.
La finalité devenant la protection du pays et d’un peuple entier plutôt que la survie individuelle.
L’évolution du protagoniste est bien traitée.
En tant que souverain en devenir, on nous montre un prince qui met progressivement de côté son arrogance et sa frivolité pour montrer de véritables qualités de leadership.
Les personnages secondaires, quant à eux, ne sont pas en reste.
Le développement de leur personnalité reste succinct vu leur nombre, mais chacun d’entre eux finit par avoir droit à son moment d’héroïsme.
Si les quelques combats opposant la bestialité désordonnée des zombies aux mouvements amples et gracieux des combattants offrent leur dose de spectaculaire, c’est aussi le cas des phases de repli.
Les déplacements bénéficient d’un soin particulier à la limite de la chorégraphie, tirant intelligemment parti de la géographie des lieux et des accessoires à disposition.
On retiendra notamment cette scène dans laquelle soldats, dignitaires et courtisans se retrouvent acculés ironiquement dans les geôles du palais, obligés de se servir d’une porte comme boucliers pour échapper à une mort certaine.
Ainsi, le palais où se déroule le plus gros du récit n’est pas valorisé outre mesure pour la qualité de la reconstitution, mais fait plutôt office de dédale de salles où tour à tour les groupes se rejoignent où se retrouvent isolés dans une logique narrative inhérente au genre de l’épouvante.
Rampant réussit donc à jongler habilement avec les codes issus de différents genres.
Il met en scène de manière cohérente les enjeux liés aux luttes de pouvoir et à l’infection zombie.
Mais c’est la richesse et la pertinence de son propos politique consubstantielle à la figure horrifique du zombie qui finit par l’élever à un degré supérieur, un cran au-dessus de cet autre film coréen « Dernier Train pour Busan » auquel, sur une menace similaire, cette dimension manquait.
Vous n’avez donc aucune excuse pour manquer ce qui est déjà considéré comme un des grands incontournables du BIFFF 2019.
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