MANIAC NURSES

 

Réalisateur : Léon Paul de Bruyn

Scénario : Léon Paul de Bruyn

Musique : Philipp Smithe

Pays : Belgique/USA

Année : 1990

Acteurs : Hajn i Browm, Célia Farago, Susanna Makay, Charles de Wilder, Nicole Gyony, Any Schultz...

 

Synopsis :

 

Dans une clinique très spéciale, des infirmières, dirigées par leur supérieur Ilsa, s'ennuient.

Elles n'ont plus aucune envie, et sont frustrées sexuellement.

Pour retrouver la joie de vivre, elles se droguent, et s'amusent à exterminer les patients ou les visiteurs qui passent un peu trop près de leur lieu de travail...

 

Mon humble avis :

 

Nanar gore des nineties, « Maniac nurses » était présent au Bloody week end 2014, où le réalisateur en dédicaçait le DVD, au stand d’un distributeur belge.

C’est là que je l’ai rencontré, et que Léon Paul de Bruyn m’a signé un DVD de son film (avec l’accroche « Pour Lolo, pas Ferrari mais grand fan quand même » !), je vais donc en faire une analyse critique précise, pour aider à faire redécouvrir ce métrage.

 

Ce n’est pas un film à message, ça c’est sûr, mais par son surréalisme il finit par devenir un véritable film d’auteur, aux ambitions simples de fanboy : à force de parodier ou de rendre hommage à des films déjà considéré comme des séries Z (la nazixploitation, les girls with guns, le gore gratuit, etc…), il atteint effectivement une forme de nanardise tellement élevée qu’il devient un OFNI (objet filmique non identifié), avec un ton particulier, entre onirisme SM et humour belge au troisième degré !

 

La réalisation oscille entre celle d’un film érotique sado maso, et celle d’un film gore de violence gratuite (2 genres qui emploient finalement la même grammaire visuelle).

Il faut bien reconnaître qu’elle est quand même assez quelconque, et parfois maladroite.

 

Les cadrages sont basiques, il y a une variation correcte de valeurs de plan, mais je n’ai pas relevé un cadre original vraiment marquant (à part peut être les vues entre les jambes d’un protagonistes, qui reviennent plusieurs fois).

 

La photographie est souvent surexposée, ou privilégiant les tons pâles, avec un léger effet de flou artistique (comme dans les films érotiques de David Hamilton).

Notons les éclairages colorés, violet, orange, et autres, sur la belle demeure servant de décor principal, dans les plans nocturnes, utilisés comme coupes entre les scènes.

De jour, et en extérieur, c’est évidemment plus naturaliste.

 

Le montage est plutôt mou, malgré quelques morts violentes un peu plus cut, la plupart des scènes s’étirent à l’infini.

Il y a parfois des alternances de plans totalement saugrenues, qui donne un cachet bizarre au film, et par contre l’emploi abusif des mêmes plans de coupes (le coin de la maison, la sentinelle montant la garde…) finira d’achever les moins patients !

 

Les décors montrent la clinique impressionnante des infirmières maniaques, leur salle d’opération, leur piscine privée, et la foret aux alentour…

 

Les costumes permettent de voir tout ce beau casting féminin en lingerie fine, porte-jarretelles et bas blancs, ou en mini-short et débardeur serré sans soutien gorge… un plaisir coupable pour le public masculin.

Les armes à feu sont une autre forme de plaisir pour fétichiste, on trouve ici des pistolets mitrailleurs UZI, des fusils à pompe, ou des kalachnikov, filmés avec la même passion que les nibards.

 

Les effets spéciaux gore sont parfois craspec, mais la plupart du temps surtout rigolos.

C’est du grand guignol assumé comme tel : explosions de têtes, tranchages de gorge, opération du système digestif où les infirmières utilisent une tronçonneuse, et beaucoup d’ « éjac’ faciales » sanguines !

Que dire de ces incrustations surréalistes de mots par-dessus l’image, lorsque l’héroïne lit, ou d’une spirale psychédélique pendant une danse strip-tease ?

Du grand n’importe quoi, qui en rajoute une couche sur l’aspect iconoclaste de l’ensemble…

 


Le casting est assez mauvais, toutes ces actrices jouant de façon assez morne, comme si on les avait droguées (comme dans le X en fait) !

D’un autre côté, là où on attendrait du surjeu qui en fait des tonnes, on a au contraire un jeu tout en retenu qui en fait le moins possible, et au final c’est plutôt original dans une série Z.

Notons la surréaliste voix off commentant presque l’intégralité de ce qu’on voit, qui rappelle beaucoup les films d’Ed Wood.

 

La musique alterne des morceaux qu’on croirait sortis d’un film porno, et du rock eighties pas toujours adapté.

L’hymne à la joie qui clôture le film, enfonce le clou d’un humour iconoclaste, nous rappelant que tout ceci n’est pas bien sérieux (tout en évoquant « Orange mécanique »).

 

En conclusion, si vous aimez voir de belles nanas à moitié à poil, avec de grosses pétoires, de la violence totalement gratuite, le tout dans un scénario qui ne veut rien dire, ce film est fait pour vous !

Attention, il n’y a rien de péjoratif dans mes propos, il y a un public pour ça, mais le film ne s’adresse qu’à ces amateurs bien particuliers de nanars ultimes, dont la débilité est si profonde qu’elle en atteint une nouvelle forme d’art…

… une abstraction, comme si le cinéma pouvait se passer d’une histoire, pour n’être plus qu’un spectacle son et image, répondant à nos plus bas instincts.

En ce sens, les blockbusters des multiplexes ne font souvent pas mieux, et Léon Paul de Bruyn n’a pas à rougir de son métrage foutraque totalement assumé.

Déclaration d’amour à tout un pan du cinéma bis, fauché mais nous en donnant quand même pour notre argent, « Maniac nurses » est fier de sa propre connerie, comme un sale moutard après avoir fait une grosse bêtise !

 


Une réponse de Léon-Paul de Bruyn, reçue par Facebook :

 

Merci Laurent, je suis assez d'accord avec ta critique, c'est bien vu, mais là où je ne suis pas du tout d'accord, c'est quand tu dis que mes cadrages sont basiques, moi je les trouvent très réussis, sans doute classiques, mais toujours beaux et soignés, ce sont de belles images qui sont montées de façon à ce qu'on sache toujours où on est, le spectateur sait toujours où il se trouve, l'espace est toujours expliqué.

Le montage est hélas mou, mais c'est parce que il y avait des scènes beaucoup plus érotiques que j'ai du couper, et j'ai du étirer les plans pour arriver à 80 minutes (sinon je n'aurais pas pu le vendre comme long-métrage ).

Je vais visionner Sex Trek cette semaine et je te recontacte alors, j'écrirai quelques lignes, et répondrai à une interview avec plaisir !

 

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