Attachment
Pays : Danemark
Année : 2022
Durée : 1h45
Réalisation : Gabriel Bier Gislason
Acteurs : Josephine Park, Ellie Kendrick, Sofie Grabol, David Dencik
Une ex-actrice danoise accompagne sa nouvelle petite amie au sein de la communauté juive orthodoxe de Londres.
Dans ce milieu clos, la jeune femme est couvée par sa mère, et sa compagne découvre progressivement que les crises étranges qui affectent son amie pourraient ne pas être un simple problème de santé.
Une romance matinée de possession et d’horreur dans un cadre très particulier…
Le message du film semble être qu’il ne faut pas rejeter les anciennes traditions et croyances sous peine de graves dangers.
Notons de plus que le scénario a l’intelligence de montrer que même les fidèles les plus fervents ont l’esprit ouvert vis-à-vis de la relation homosexuelle des deux héroïnes, qui ne les choquent pas et est acceptée sans poser de souci.
La réalisation dose admirablement ses différents éléments, fantastique, peur, romance, humour, description des mœurs d’une communauté, chaque aspect renforçant les autres, et relançant le divertissement procuré par le film, sans nuire à la cohésion de l’ensemble, du grand art, pourtant exécuté avec un budget très restreint, 3 décors et une poignée d’acteurs.
Comme quoi une partie de la réussite est déjà dans l’écriture !
Les cadrages sont variés, mais il y a une prédominance des gros plans sur les expressions des actrices, pour capturer leur jeu subtil, et parce que les décors ne sont pas toujours passionnants.
La photographie est jolie, mais simple.
Il y a des ombres douces, peu de couleurs (atténuées à l’étalonnage), ce qui n’est pas très original, mais dans cette histoire de vie austère sous le règne de la superstition, cela fonctionne.
Le montage est assez lent, il pose les atmosphères de façon feutrée, l’exposition des caractères et de la situation de départ prend son temps, et il manque surement une petite accélération nerveuse dans la dernière partie.
Les décors sont plutôt réduits : un appartement suédois, une maison de banlieue londonienne, le quartier juif, une maison de campagne anglaise, un bois, c’est sobre et les touches d’exotisme viennent de la culture juive (si on n’y baigne pas).
Les costumes sont réalistes, mais apportent aussi leur originalité culturelle : le déguisement d’elfe danois, les costards traditionnels de rabbins et autres juifs fervents pratiquants, et surtout la mère mélangeant les influences danoises, anglaises et juives, avec le côté malaisant de sa perruque et de son look coincé.
Les SFX sont peu nombreux, quelques légers effets de maquillage sur la possédée, un esprit démoniaque matérialisé en fumée noire numérique, et c’est à peu près tout.
Mais ils sont correctement réalisés.
Le film joue davantage sur la suggestion et le hors-champ.
Le casting est évidemment le point fort du film.
Ecrire de beaux personnages auquel le public peut s’attacher, c’est déjà un excellent point de départ, trop vite baclé par de nombreux métrage, mais trouver les acteurs-trices qui vont les incarner au mieux est essentiel.
Ici, ils sont tous parfaitement castés, leur jeu est naturel et plein de charme.
La musique commence avec de la techno endiablée, et de la pop danoise old school, pour mieux faire la transition progressivement avec des airs dérangeants aux violons, typiques des films de fantômes ou de possession.
En conclusion, cet humble métrage est une franche réussite : on ne s’ennuie pas une seconde, on est attendrit, on frémit, on rigole, dans un savant dosage, qui certes ne révolutionne pas le genre, mais au moins nous implique en tant que spectateurs.
De plus, la représentation de la kabbale juive est très rare à l’écran, surtout dans le film de genre, ce qui donne à Attachment une originalité supplémentaire indéniable.
Notons qu’il a gagné le festival du FEFFS 2022 en remportant le Méliès d’or (CF Palmares 2022).
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