Body Puzzle

(Misteria)

 

L’Avis du FEFFS :

Depuis que son ami a trouvé la mort dans un accident de moto, un psychopathe mélomane découpe ses victimes en musique, avant de secrètement cacher les différents morceaux de cadavres chez une jeune et jolie veuve.  

Pour élucider cette série de meurtres sans lien apparent, la police devra reconstituer le puzzle de ces corps démembrés. 

Lamberto Bava confirme dans ce film pervers et ludique sa maîtrise des codes de l’angoisse et de la terreur. 

 

Italie – 1992 – 1h38 – VOST – Interdit aux -12 ans

Réalisation : Lamberto Bava
Acteurs : Joanna Pacula, Tomas Arana, François Montagut

 

Mon Humble Avis :

 

Un meurtrier tue et mutile ses victimes en les découpant en morceaux.

Les différentes parties du corps sont retrouvées au domicile de Tracy, une jeune et belle veuve, incapable d'expliquer ce qui la lie à ces meurtres.

Le chef de la police enquête sur la vie de la femme, pointant du doigt l'ami de son défunt mari, un psychopathe obsédé par la reconstitution de son corps, même au prix de la violence : en fait, il s'avère que toutes les parties mutilées ont été préalablement transplantées à partir du même corps.

Mais avec une révélation finale surprenante, la vérité va être radicalement inversée.

 

Body Puzzle est un giallo italien réalisé par Lamberto Bava, sorti en 1992.

C’est un retour au cinéma du réalisateur après une série de téléfilms.

Bava ne s'est pas entendu avec les producteurs pendant le tournage.

Il s'est disputé avec eux parce qu’ils voulaient avoir leur mot à dire sur la réalisation.

Bava a déclaré plus tard qu'on lui a proposé de réaliser d'autres films avec les mêmes producteurs, ce qu'il a refusé !

 

Body Puzzle n’est pas vraiment un film à message, c’est juste une série B ayant pour but de divertir, avec son intrigue policière et ses scènes gore.

 

Le scénario du film est l'œuvre d'un écrivain américain, Bruce Martin, réécrit par Teodoro Corrà et Bava, avec la permission de l'auteur.

 

La réalisation est donc de Lamberto Bava (fils de Mario Bava, et longtemps son assistant réal).

Ça ressemble beaucoup à un téléfilm, seule la violence nous rappelle que l’on est au cinéma.

 

Les cadrages privilégient les plans américains durant les scènes dialoguées, ça renforce malheureusement l’aspect télévisuel de l’ensemble.

Notons tout de même quelques plans audacieux, comme celui en contre plongée depuis la cuvette des WC, où tombe une main tranchée !

 

La photographie est pro, mais assez quelconque, on sent un manque de temps et d’argent sur cet aspect.

 

Le montage est lent, insistant sur le mystère et le suspens, à de rares fulgurances près lors des meurtres.

A ce titre celui dans l'école pour aveugles est particulièrement réussi.

 

Les décors nous montrent une belle propriété luxueuse, avec piscine intérieure, et d’autres appartements ou magasins.

Il y a un effort particulier à les habiller avec moult accessoires intéressants (mobilier moderne, œuvres d’art, antiquités, etc)…

Les bureaux de police sont assez soignés aussi.

Le plus original est un château avec une impressionnante collection de fiacres et de carrosses.

 

Les costumes sont réalistes, et témoignent de la mode élégante de l’époque…

 

Les SFX servnt à illustrer les crimes gores (oreille découpée, corps mutilés…), ils sont techniquement acceptables, sans être particulièrement choquants ou originaux.

 

Le casting nous apporte quelques rôles féminins importants.

Joanna Pacuła, parfois appelée Ioana Pacula, est une actrice polonaise découverte par Roman Polanski, surtout connue pour Gorky Park de Michael Apted.

Son beau regard vert amène une certaine gravité à son jeu.

Enrica Bianchi Colombatto, connue sous le nom de scène Erika Blanc est une actrice italienne.

C'est en 1965 qu'elle entame une carrière cinématographique avec quelques petits rôles dans des films d'espionnage.

Elle acquiert ensuite une réputation internationale avec Operazione Paura (1966) de Mario Bava.

Dans ses interventions les plus notables, on cite aussi l'érotique Io, Emmanuelle (1969) de Cesare Canevari.

Elle est d'ailleurs la première actrice à incarner l'héroïne créée par Emmanuelle Arsan, cinq ans avant l'interprétation de Sylvia Kristel.

Elle a aussi participé à un certain nombre de western spaghetti, tel Spara, Gringo, spara (1968) de Bruno Corbucci.

Dans ce film, son personnage le docteur Corti est secondaire, mais elle a encore une présence charismatique, même à 50 ans.

Tomas Arana, qui interprète l’inspecteur menant l’enquête, est un acteur américain ayant de gros films d’action dans sa filmographie (A la poursuite d’octobre rouge, LA confidential, Gladiator, Pearl Harbour, La mort dans la peau), qui parle parfaitement l’italien.

Il y a aussi un énorme Saint Bernard à la dégaine débonnaire.

Parmi les critiques rétrospectives, Adrian Luther Smith, dans son livre de 1999 sur le giallo italien, a estimé que le film était « l'un des meilleurs gialli d'horreur » italiens de ces dernières années, notant en particulier la qualité de la distribution.

 

Le compositeur Carlo Maria Cordio nous a déjà régalé avec un certain nombre de série B italiennes (Caligula, Ator, Le gladiateur du futur, Aenigma, Iron warrior, Troll 2…), et ici il ne brille pas par une originalité particulière, avec ses sons discordants au synthé pour nous faire sursauter.

Bava était également frustré par la composition de Carlo Maria Cordio, et pendant la post-production, il l'a fait remplacer par la cantate de Carmina Burana composée par Carl Orff !

Des problèmes juridiques dus à l'utilisation sans autorisation de la musique d'Orff ont conduit à la ressortie du film sous le titre Misteria, avec une nouvelle bande son, composée du poème symphonique « Une nuit sur le mont Chauve » de Modeste Moussorgski, légèrement remanié pour le film.

Selon le critique et historien du cinéma Roberto Curti, cette ressortie a été mal distribuée dans les salles, et n'a récolté que de maigres recettes.

Le film a même été l'un des derniers films sortis par P.A.C. avant sa faillite

 

En conclusion, Lamberto Bava nous prouve encore qu’il peut faire beaucoup avec peu, soignant ses ambiances et servant son script avec élégance et savoir-faire, même si ici sa touche personnelle est plus difficile à percevoir.