EDDIE THE SLEEPWALKING CANNIBAL
Réalisateur(s) : Boris Rodriguez
Interprète(s) : Thure Lindhardt, Georgina Reilly, Dylan Smith
Scénariste(s) : Boris Rodriguez
Producteur(s) : Michael A. Dobbin, Ronnie Fridthjof
Musique : David Burns
Denmark, Canada • 2011 • horror comedy • 1h23 • couleur
SYNOPSIS
Il devait son inspiration passée à un terrible accident mais, après s’être remis du traumatisme, est devenu un peintre médiocre.
Son marchand d’art, inquiet, lui trouve un emploi de professeur dans un lycée très fortuné au fin fond du Canada.
Lars en vient à s’occuper particulièrement d’un de ses élèves, Eddie, un géant doux mais simple d’esprit, qui échappe au placement en institution grâce à la fortune léguée au lycée par sa tante.
Mais Eddie cache un sombre secret, qui s’avère extrêmement destructif pour certains, extrêmement lucratif pour d’autres – tel que Lars, l’école est un marché de l’art complice.
L’AVIS DU FEFFS
Le réalisateur espagnol Boris Rodriguez maîtrise avec brio l’art de la comédie horrifique avec ce film hilarant qui parodie des thèmes rarement traités dans le cinéma de genre contemporain : les théories psychanalytiques liant l’art à la souffrance, l’art et la moralité, l’avidité du marché artistique.
Sa filmographie inclue Havana Kids (1996), Night Kiss (2000) et Perfect (2004).
MON HUMBLE AVIS
Cette coproduction assez rare, entre le Canada et le Danemark, nous amène à nous demander ce que ces pays ont en commun…
La réponse est simple : le froid, et l’humour noir !
Mais attention, le réalisateur est espagnol ! ! !
L’idée originale du film, le somnambule cannibale, aurait pu suffir à faire un bon film en soi, mais là, en plus, le métrage est une parabole sur la création artistique : les affres du manque
d’inspiration, les jalousies dans le milieu, les agents et autres marchands tentateurs, et la grande question…
Jusqu’où peut on aller pour aboutir à une œuvre parfaite ?
Y-a-t-il des limites morales à l’art ?
On trouve, dans ce film, une bonne alternance de valeurs de cadres, peu de plans en caméra portée (sauf dans la panique finale, mais c’est
supportable, car il y a un ralenti pour créer une ambiance onirique).
Les œuvres d’art dont il est question sont toujours hors champ, ce qui permet à tous de se les imaginer selon son propre goût en la matière.
La photographie est sophistiquée et professionnelle.
Elle utilise des bleus pales, avec des pointes de couleurs vives.
Le montage est lent, il suit l’évolution psychologique des personnages, puis a soudain des fulgurances rapides, lors des « rages créatives » du héros.
Rien à signaler question costumes, ils sont justes réalistes, de même les décors hivernaux ne montrent qu’une maison isolée, en foret enneigée, un bled paumé (Koda, ne figurant même pas sur les
cartes), du grand nord canadien, qui renforce la solitude intellectuelle du héros.
Les SFX gore à l’ancienne (maquillages, prothèses) sont sympas, mais on a vu mieux, de toute façon, ce n’est pas le propos principal du film.
Notons, tout de même, un superbe renne animatronique, qui fournit un bon gag, en introduction du métrage.
L’acteur principal danois, Thure Lindhart, a un jeu intense, et ambiguë.
L’acteur canadien, qui joue le retardé, Dylan Smith, est très bon aussi, alternant des phases attachantes et menaçantes à souhait.
Le casting dans son ensemble amène beaucoup de compassion, pour le drame présenté à l’écran.
Pour les scènes de créations artistiques, la musique utilise beaucoup de classique (des opéras tragiques, se concluant dans le sang), tandis qu’une BO ambiant atmosphérique se charge du
suspens.
On entend aussi un commentateur radio hilarant, qui ouvre et ferme le film.
Un tantinet moralisateur, puisque le film ne tue que des connards (pour maintenir l’identification aux héros), « Eddie the sleepwalking cannibal » atteint quand même son but, nous faire réfléchir
sur le monde de l’art, tout en nous divertissant, avec humour et panache.
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