GRABBERS

 

Réalisateur(s) : Jon Wright Interprète(s) : Richard Coyle, Ruth Bradley, Russel Tovoy Scénariste(s) : Kevin Lehane Producteur(s) : Tracy Brimm, Kate Meyers Musique : Christian Henson
UK • 2012 • monster comedy • 1h34 • couleur • digital • VO Eng/ST Fr

SYNOPSIS

Grabbers est un film qui entre dans le vif du sujet dès le début : un tentacule gluant qui surgit, happe un couple et les aspire, les destinant à un avenir peu reluisant… Ces monstres marins old school actualisé en aliens aux allures de poulpes suceurs de sang, s’attaquent cette fois-ci à une île au large des magnifiques côtes nord-irlandaises sur lesquelles a eu lieu le tournage. Quant à leurs progénitures, ce sont de petites bêtes frétillantes qui, dès la sortie de leurs œufs visqueux, ont une bouche démesurée et un appétit vorace. Les rares personnes au courant de la menace extraterrestre sont deux gardas ou flics irlandais, un scientifique anglais volant la vedette aux autres acteurs, et un Irlandais ivre en permanence mais lucide. Une violente tempête approchant, ils ont pour devoir de protéger la population locale tout en leur cachant la nature de la vraie menace.

L'AVIS DU FEFFS

Portés par des scènes comiques et des dialogues hilarants, le film remplit très efficacement son rôle, et ce sans référence aux autres films du genre. Grabbers est un film profondément irlandais. Cependant, Jon Wright évite adroitement les clichés épuisés des longs plans panoramiques, des chevaux galopant sur la plage et surchargés de musique celtique. Terriblement drôle, ce film transmet un message non sans un soupçon d’ironie quant aux bienfaits et aux pièges de l’alcool, avec ou sans monstres. Dans la filmographie de Jon Wright, on trouve Tormented, sorti en 2009 ainsi que son dernier film Howl qui sera à l’affiche en 2013.

 

L'AVIS DU NIFFF

Le réalisateur : Né en 1971 à Belfast, Jon Wright résume son intérêt pour le cinéma à la lecture d’un livre découvert quand il était petit, et divisé en trois simples sections: horreur, fantaisie et science-fiction ! En 2009, il signe la comédie horrifique Tormented, son premier long métrage réalisé avec un petit budget et projeté au NIFFF la même année. L’excellent Grabbers est son second opus et il travaille actuellement sur Howl, un film horrifique mettant en scène des loups-garous dans un train.


Grabbers est né de l’esprit du scénariste Kevin Lehane. Fatigué par les piqûres de moustique, il se demanda un soir si un fort taux d’alcool dans le sang ne les ferait pas fuir. Même si ce ne fut pas le cas, il ressortit au moins de cette réflexion une idée loufoque pour un film de genre ! Mais n’allez pas justifier ainsi votre envie de consommer après la séance… Just grab a beer!

MON HUMBLE AVIS

Avec un pitch pareil, on est en droit d’attendre un film de monstres bien marrant, façon 80’s, et on est pas déçu.
Il y a plein d’allusions à « TREMORS » (le vieux naze qui veut à tout prix baptiser les monstres), ou à « GREMLINS » (scènes de saccages par de petites créatures), et même à « FACULTY » (en remplaçant l’alcool à la place de la drogue).
Ce n’est pas une apologie de l’alcoolisme, car il y a rédemption du héros (et la relative efficacité de la méthode de la beuverie, pour repousser les créatures).

Les problèmes liés à l’alcool ne sont pas écartés, et sont même des sources d’humour.
On trouve aussi tous les poncifs et autres stéréotypes critiquant les irlandais (alcooliques et pingres).
Ils ne sont pas évincés, mais détournés avec humour vers quelque chose de positif (la solidarité, la joie de vivre).
La réalisation commence comme celle d’un film d’auteur calme, puis le métrage emprunte ensuite les recettes stylistiques des meilleurs exemples du genre.

 

Les cadrages sont parfois à l’épaule, un peu trop de « Shakycam », pour l’action, mais aussi quelques beaux plans larges au grand angle, sur pieds, lors des scènes contemplatives, profitant des superbes décors naturels de la verte Irlande.
La photographie est superbe, c’est un camaïeu de bleu-nuit, avec des pointes d’orange (couleur complémentaire) pour les détails marquants.

Il y a donc une magnifique lumière, de jour jaune pâle, surexposée légèrement, avec des contrastes doux.
Le montage est alerte, parfait pour le suspens, et l’action, comme pour les gags.
Le décor est celui d’une petite île, au large des côtes irlandaises, un décor naturel magnifique, où tout tourne autour du pub old school.
Rien à signaler pour les costumes, ils sont très réalistes, mais ordinaires.

Les SFX, eux, sont très bien faits, les monstres sont réalisés tout en synthèse, à part peut être pour les gros plans, ou les scènes de dissection, ou des animatroniques passent mieux.
Le design du monstre marin, mi calamar, mi poulpe Chtonien, est très original (surtout lors de son mouvement de déplacement, en tournant sur lui-même).
L’insertion des CGI dans les prises de vue live est impeccable, même sous la pluie, ou en interaction avec les acteurs.
Le casting de tronches bien typiques est parfait.

Le couple est plein de charme, d’humour, et tout deux sont très photogéniques, bien charismatiques.
Enfin, on a droit à une vraie B.O., une très belle musique orchestrale, mêlant les compositions typiques de films d’horreur, et les mélodies traditionnelles irlandaises (idéales pour la romance, et donnant un air de légende fantastique, faisant de ces aliens de vrais leprechauns mythologiques).

La musique de suspens est bien glaçante, avec des airs grinçants comme il faut.
En conclusion, c’est un excellent film de monstre à l’ancienne, peu gore (à part quelques têtes coupées), mais très drôle, à conseiller vivement aux amateurs.