HIDEAWAYS

France/Ireland • 2011 • fantasy • 1h35 • colour • digital • VO Eng/ST Fr
Director: Agnès Merlet • Cast: Harry Treadaway, Rachel Hurd-Wood, Thomas Brodie-Sangster

AVIS DU FEFFS

Dans la famille Furlong, l’aîné de chaque génération est doté d’un pouvoir extraordinaire, pour le meilleur ou pour le pire. James, le dernier de cette lignée, orphelin de mère, découvre la nature du sien lors d’un accident qui cause la mort de son père et de sa grand-mère. Hanté par ce mal mystérieux, il se retire au plus profond de la forêt pour ne plus nuire à ses proches. Quelques années plus tard, Mae, une adolescente en révolte et atteinte d’un mal soi-disant incurable, se réfugie elle aussi dans la forêt, et rencontre James. Ils tombent amoureux. Leur amour va révéler une force inattendue de la “malédiction” de James…

Hideaways combine une poésie visuelle et émotionnelle dans cette histoire d’amour aux allures de rêve, réminiscence d’un ancien conte de fées bel et bien vivant au XXIème siècle.

Agnès Merlet est une réalisatrice française. Co-directrice de la société Amorce Films qui produit et diffuse documentaires, courts et moyens métrages. Sa filmographie comprend plusieurs courts métrages et longs métrages dont Dorothy Mills (2008), Artemesia (1997) et Le fils de requin (1993).

MON HUMBLE AVIS

S’appuyant sur ces connaissances des mouvements artistiques préromantiques, et de la littérature gothique, Agnés Merlet a mis en images ce scénario anglo-saxon, qui constitue donc son deuxième film en langue anglaise.
Le résultat est une romance fantastique très lumineuse, avec un message d’espoir (l’amour peut vaincre la mort) qui pourra sembler « gnangnan » aux réfractaires à toute poésie, mais fonctionne parfaitement dans ce récit plus sombre qu’il n’y parait (nombreuses victimes, y compris des enfants, cadre hospitalier, personnages malades ou maudits, amour contrarié, fin dramatique, etc…).

La réalisation est académique au bon sens du terme, il n’y a pas d’effets de styles tape à l’œil et gratuits, mais un sens efficace de la grammaire cinématographique classique, qui donne le temps aux personnages d’exister, à l’émotion de s’installer, et à l’œil de profiter des images.

Les cadres sont donc fixes pour la plupart, et composés avec soin, mais sans grande originalité.

La photographie est le point fort indéniable du film (avec l’interprétation), les images sont tout simplement « belles » !
En effet, le travail d’éclairage s’efface pour donner l’illusion d’un naturalisme tout simple, mais les choix de couleurs est un pur ravissement (qui donne envie d’aller vivre dans les bois, contrairement à « The woman » de McKee).

Le montage est calme, sûrement trop pour le jeune public d’aujourd’hui, car ça paraîtra lent même aux amateurs(trices) des romances gothiques à la « Twilight », que le film pourrait pourtant cibler, malgré son évidente maturité par rapport au blockbuster américain en question.

Les décors nous offrent donc des scènes forestières magnifiques, un hôpital à la campagne, une humble ferme, que du rustique !

Les costumes sont intéressants aussi, l’héroïne fugueuse étant vêtue de sa robe de patiente d’hôpital, et le héros vivant reclus dans les bois étant habillé de haillons à la Robinson Crusoé.

On trouve des SFX numériques pour représenter les dégradations du décor naturel (pourrissement de l’herbe, sèchement des feuilles, etc…), lors du déclenchement, non contrôlé, du pouvoir de « nécrose » du héros.
Il y a aussi, pour les mêmes situations, quelques gros plans en images par images (ou en défilement accéléré), et de l’aveu même de la réalisatrice (sur la scène du FEFFS 2011), elle aurait tout fait ainsi (ou simplement par suggestion) si elle l’avait pu, car elle n’aime pas les effets spéciaux.

Les acteurs sont épatants, très touchants et attachants, le couple principal comme pour les personnages secondaires, ce qui permet aux émotions simples du récit d’avoir toute leur force (sentiment amoureux, peur de la mort, gravité de la maladie, culpabilité, espoir, etc…).

C’est tout à l’honneur d’un film dont la puissance est de prendre son sujet et ses personnages au sérieux, sans le cynisme habituel du genre fantastique (grand public du moins).

La musique d’Eric Neveux utilise un orchestre philharmonique pour jouer des compositions tragiquo-romantiques mettant en évidence les cordes et les cuivres, mais avec une présence discrète dans le mixage audio du film.

Pour conclure « Hideaways » est une réussite incontestable, mais qui peinera à trouver son public.

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