SANTO CONTRA LA INVASION DE LOS MARCIANOS

 

Données techniques :

Superman contre l'invasion des Martiens
Santo the silver-masked man vs the Martian Invasion
1966, Mexique,N&B,"Producciones Cinematográficas", 85 mn
Réalisé par Alfredo B. Crevenna
Scénario: Rafael García Travesí
Acteurs ( ou plutôt catcheurs ) :
Rodolfo Guzman Huerta … Santo, el enmascarado de plata (le masque d'argent)
Manuel Zozaya … Prof. Odorica
Wolf Ruvinskis ... Argos
Ham Lee ... Morfeo
Beni Galan ... un martien
Eduardo Bonada ... un martien
A noter aussi chez les martiens la présence d'un catcheur dénommé El Nazi (véridique) !
Les martiennes :
Maura Monti ... Afrodita
Eva Norvid … Selene
Belinda Corell … Diana
Gilda Miros … Artemisa
Autres acteurs :
Antonio Montoro, N. León "Frankestein" (un catcheur), Demetrio González (chanteur à la télé), José Loza (écrivain de science fiction)


L'AVIS DU FEFFS :

Alors que le monde entier suit le lancement d’une navette spatiale, l’évènement est interrompu par une émission d’origine extra-terrestre. Ces derniers comptent envahir la Terre et procéder à la capture d’humains afin de nous étudier… Cela sera sans compter sur El Santo.

MON HUMBLE AVIS :

El Santo, el Enmascarado de Plata (né le 23 septembre 1917 à Tulancingo, Hidalgo – décédé le 5 février 1984 à Mexico), de son vrai nom Rodolfo Guzmán Huerta est un catcheur mexicain de lucha libre, acteur de cinéma et héros populaire.
El Santo est certainement le catcheur le plus connu d'Amérique latine, et il a acquis le titre de « légende » de la lucha libre dans son pays.
En près de quarante ans de carrière, il fut élevé au rang de héros populaire, symbole de justice, au travers des exploits de son personnage de bandes dessinées et de films.
Sa célébrité tient d'ailleurs davantage à sa carrière cinématographique qu'à sa carrière de sportif.
Il fut même enterré avec son célèbre masque.

Sur plus de cinquante films, El Santo apparaît en héros représentant le bien et la justice face à des ennemis humains (savant fou, karatéka), animaux (chien enragé, gorille), robotisés (androïde), surnaturels (zombi, momie, loup-garou, cyclope) ou extra-terrestres (martien) ; connus (Dracula, la Llorona, Frankenstein et sa famille) ou anonymes (hors-la-loi, nazi, mafioso) ; et parfois improbables (femme-vampire, lépreux, statue de cire).
Les 53 films d'El Santo s'échelonnent du navet au bon film de série B, en passant par le nanar de série Z.
Quoi qu'il en soit, ils ont touché un très large public mexicain, convertissant le lutteur masqué d'argent en héros emblématique tout en remplissant les caisses des producteurs.
Certains de ces films connaissent une carrière hors du Mexique, comme Santo, el Enmascarado de Plata vs. la invasión de los marcianos, devenu Superman contre l'invasion des martiens dans la version francophone en Belgique et en France.
Le nom de El Santo n'étant pas nécessairement connu hors du Mexique, il devient effectivement Superman en français, The Saint en Angleterre, Argos en Italie et Samson aux États-Unis.

En 1976, le nouveau gouvernement du Mexique décide de réduire les budgets alloués aux films de lucha libre, provoquant le déclin progressif du genre.
El Santo connaît une fin de carrière cinématographique moins prolifique, mais continue de tourner jusqu'à sa retraite officielle en 1982, après La furia de los karatecas.
Le message de ce film, « Santo, el Enmascarado de Plata vs. la invasión de los marcianos », est une charge contre les dérives du nucléaire.
En effet, en 1966, on s’inquiète beaucoup des essais atomiques, depuis la seconde guerre mondiale, ainsi que de la dégradation de l’environnement par les radiations.
Ainsi, les martiens de ce film viennent sur terre pour obliger nos gouvernements à faire la paix, à s’unir, en abandonnant ce type de recherches, dangereuses non seulement pour notre écologie, mais pour l’ensemble du système solaire, selon eux.
Donc, de prime abord, on peut dire que leurs intentions profondes sont louables (comme dans le récent « Le dernier pub avant la fin du monde »), c’est la méthode employée, tenant du terrorisme criminel, qui est plus critiquables, ce qui leur vaudra les foudres de notre héros.
Malgré tout, la conclusion du métrage nous rappelle que les martiens avaient fondamentalement raison, la voix off insistant de nouveau sur les dangers du nucléaire en conclusion…
C’est plutôt étrange de placer son message entre les mains des méchants de l’histoire, ça donne un résultat plutôt contradictoire, mais ce nanar n’en est pas à ça près !

La réalisation est assez mollassonne, beaucoup de scènes sont répétitives, et le « scénario » (prétexte aux scènes de catch trop longues) peine à avancer, mais il y a quand même un savoir faire indéniable d’humble artisan, utilisant ses maigres ressources au mieux.
Les cadrages sont très classiques, académiques, on trouve des plans larges lorsque les décors le permettent, des plans américains pour la plupart des scènes de plateau, et quelques gros plans pour les réactions.
La photographie noir & blanc est bien éclairée, même pour les scènes nocturnes, lisibles, tout cela est très classique et sans originalité, mais ça tient la route (signalons la copie de cinémathèque très propre projetée par le FEFFS).
Le montage est donc plutôt mou, notamment pour les interminables combats quasiment en plans séquences, en plus des répétitions dans les situations, ça n’aide pas beaucoup à la concentration du spectateur.
Les décors donnent à voir l’intérieur kitsch de la soucoupe volante martienne, le laboratoire du savant allié à Santo, une salle de catch, un stade, une salle de bal, et des intérieurs BCBG de Mexico.

Ils sont assez ordinaires, seul le cockpit de l’OVNI a un côté rétro-kitch suffisamment amusant pour distraire.
Les costumes par contre valent le détour, les martiens sont tous des catcheurs baraqués en collants argentés de chippendales, avec des ceintures de téléportation, garnies d’un levier sous le nombril, de capes brillantes de lucha libre (attachées sous les aisselles), et des perruques blondes bouclées.
Ils sont de plus affublés d’un troisième œil frontal, capable de paralyser ou de désintégrer leurs adversaires, et d’un casque doré, dont la forme laisse sous entendre qu’ils ont un cerveau surdéveloppé (dont ils ont pourtant bien du mal à faire usage dans cette histoire navrante).

Dans ce genre de film le catcheur ne doit pas être démasqué mais ici Santo perd son masque deux fois.
La première fois son masque est enlevé pendant une bagarre, cependant, petit malin, il a paré à cette éventualité car il porte un autre masque en dessous !
La deuxième fois, Santo ayant été enlevé, dans les vapes à la merci des envahisseurs, Afrodita (Maura Monti), et les autres pépés martiennes, peuvent dés lors l'embrasser, après lui avoir enlevé son masque, la scène étant filmée de dos, le spectateur ne verra pas le (beau ?) visage de Santo, mais, rassurez-vous, c'était seulement un rêve hypnotique, provoqué par une quelconque substance martienne.
Comme dans les autres films, où des choses semblables se produisent, le visage de Santo n'est jamais vu (il est montré par derrière, et ce n'est probablement pas le dos et la nuque de Rodolfo Guzman Huerta que l'on voit alors).

Les effets spéciaux à l’ancienne sont évidemment minimalistes, des fondus enchaînés symbolisent les désintégrations de la foule (à la « Mars Attack »), une maquette suspendue à des fils permet à la soucoupe de se poser au milieu d’arbres de modélisme ferroviaire, et l’œil frontal des martiens n’est qu’un maquillage inerte.
Le casting, presque entièrement constitué de catcheurs (dont El Nazi, je le répète !), vaut son pesant de testostérone, mais pas grand chose de plus…
Les martiennes sont interprétées par de voluptueuses danseuses exotiques, souvent en tenues sexy, aux décolletées plongeants, leurs formes bien en chair sont un atout majeur du métrage, en notre époque de mannequins anorexiques.

La musique est quasiment absente du film, ou alors très risible et datée (les tubes sixties, les airs héroïques), elle n’apporte pas grand chose, on retient surtout de la bande son les incroyables bruitages des téléportations (un sifflement de train et une sorte de bruit de ressort métallique style "zzboing"), des sons distordants caricaturaux, répétés à l’infini par le scénario, avec le volume maximal !
En conclusion, ce film est à réserver aux amateurs de nanars, qui le trouveront cultissime, ou aux amoureux de la lucha libre, pour qui Santo est un dieu, une légende.
Pour les autres, il peut être regardé d’un œil amusé, complice, car il assure de l’action et de la science fiction, malgré quelques longueurs, et les jolies martiennes sont là pour égayer l’ensemble !

 

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