SUPER
pays de production : USA
année de production : 2010
durée : 96
genre : thriller, science-fiction
réalisateur : James Gunn
scénario : James Gunn
distribution : Rainn Wilson, Ellen Page, Liv Tyler
AVIS DU FEFFS
Les deux protagonistes plutôt déséquilibrés vivent dans un monde s’apparentant à celui des super héros. Le film nous embarque à la fois dans la réalité et dans le monde de la BD pop, proposant une fin très surprenante. Super est un film véritablement drôle mais demeure assez ambigu pour nous questionner sur la propension à aimer la violence de manière irresponsable. Il y a des liens très étroits avec les autres films de faux super héros tels que Kick Ass, mais le film est bien trop satirique et subversif pour n’être que catégorisé dans ce nouveau sous-genre.
La filmographie de James Gunn en tant que réalisateur inclut Tromeo and Juliet (1996) et Slither ( 2006). En tant que scénariste, il a écrit Scooby Doo (2002) et a travaillé sur Dawn of the Dead (2004). Il prépare actuellement Movie 43..
AVIS DU NIFFF
MON HUMBLE AVIS
Enfin, de faux super-héros, qui veulent imposer leur justice! Mais leur innocence va rapidement se fondre dans la violence crescendo à laquelle ils seront confrontés.
Le message de James Gunn c’est donc que les supers héros c’est de la fiction, et qu’en réalité ça donnerait des loosers compensant leurs problèmes sexuels par la violence.
Selon le réalisateur, le mal est partout et vouloir changer la société c’est être un psychopathe… c’est un jugement assez extrême (et finalement réactionnaire).
La volonté de faire un film sombre et désenchanté est atteinte par cette forme morne, qui rejoint donc ce fond méchant, mais est-ce là une qualité ?
En tout cas, au bout d’un moment la voix off est de trop, tout commenter par les pensées du personnage principal c’est bon pour un roman, au cinéma c’est trop lourd.
Les cadrages sont variés et très pros, mais sans originalité.
Il y a beaucoup de gros plans pour capter le bon jeu de ce « super » casting.
La photographie est léchée, efficace, mais a le même écueil, elle est sans âme particulière.
L’image est encore contrastée, sombre avec des couleurs chaudes, ce qui donne bien un film réaliste et dur, mais ressemblant à tant d’autres…
Le montage est correct car l’histoire avance sans se traîner.
On prend le temps de poser les atmosphères, ou de fouiller les psychologies (y compris des personnages secondaires), et il y a les accélérations nécessaires pour l’action, mais pas autant que ça
finalement (un montage plus speed aurait amené une folie passagère à ces séquences).
Beaucoup de décors différents émaillent ce film : l’appart du héros « middle class », la maison luxueuse du gangster, le magasin de comics, le « dinner » où le héros cuisine, et les ruelles de la
ville principalement.
En gros, que du normal, sans charme notable, tout cela dépeint un environnement certes réaliste, mais assez chiant.
Les costumes aussi sont trop réalistes, sur ce thème il aurait fallu se lâcher davantage.
Même le héros a un costume naze, c’est fait exprès bien entendu pour le rendre pitoyable, mais c’est quand même dommage qu’il ne l’améliore pas progressivement (comme c’est le cas avec ses armes
par exemple), au mois pour le climax final.
Seule le personnage de Boltie son acolyte est plus dans le ton de ce qu’on est en droit d’attendre d’un film de super héros.
Les SFX privilégient les maquillages prosthétiques traditionnels, ce qui est normal vu que le réalisateur vient de ce domaine (il a écrit et réalisé des films Z des productions Troma), on
trouvera donc dans « Super » beaucoup de gore : les dégâts exagérés des guns (mains arrachées, tête à demi emportée par une balle), du faux sang en dizaines de litres (trop ?), et même une «
trépanation divine » (avec quand même pour le coup des tentacules en images de synthèse) !
Tout cela en rajoute dans le malsain, on sent bien la volonté de provocation de James Gunn…
Pour son casting, il réemploie dans les seconds rôles des acteurs de son film précédent (« Horribilis ») comme Michael Rooker, et Gregg Henry,
et s’offre encore un caméo de Lloyd Kaufman (son ancien boss donc), mais aussi des nouvelles têtes connues, comme Kevin Bacon (étoffant son personnage par son jeu subtil)… le casting est tout
bonnement impressionnant, jusqu’à utiliser Rob Zombie juste pour faire la voix de Dieu !
Mais les 2 acteurs principaux, Rainn Wilson et Ellen Page, emportent le morceau avec brio.
Le héros est intense, mais son rôle est trop pathétique, le réalisateur semble juste se moquer de son personnage, il ne l’aime pas vraiment, c’est
regrettable…
Ellen Page est carrément époustouflante, son personnage est totalement à l’opposé de l’intellectuelle raffinée qu’elle jouait dans « Inception », cette fois elle est
une vraie geek caillera et nympho, un numéro d’actrice à ne surtout pas louper !
Dommage qu’elle ne soit pas plus présente à l’écran…
La bande originale est signée Tyler Bates (« 300 », « Watchmen », ou « Sucker Punch »), un habitué des BO grandiloquente.
Sa composition rock’n roll épique, avec des accents de polar des années 70, n’échappe pas à la règle, c’est efficace mais sans thème majeur (pas de mélodie de
Crimson Bolt à fredonner comme pour Superman par exemple).
En conclusion, ce film est meilleur que « Kick ass » sur un thème similaire (confronter le mythe du super héros à la sordide réalité), car il est
plus réaliste, moins naïvement rêveur.
Certes ce film fait réfléchir, mais il adopte trop de points de vue différents sans un choisir un à défendre, même pas celui de son héros.
Le regretté Sidney Lumet, cinéaste culte décédé en avril dernier, ne disait-il pas que « le travail essentiel du metteur en scène est de mettre en lumière le scénario, d’y apporter quelque chose
du point de vue émotionnel et philosophique, et surtout de dégager un point de vue moral » ?...
De plus, le film fait assurément quelques minutes de trop, sans spoiler la fin choisie, il aurait mieux valu lui préférer une fin ouverte, en stoppant le récit auparavant, comme juste après ce
dialogue entre le héros et sa némésis :
« Crois-tu que me tuer va vraiment changer le monde ? »
« Je ne le saurais que lorsque j’aurais essayé ! »
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