Cuckoo
L’Avis du FEFFS :
Gretchen, une adolescente américaine, rejoint son père installé dans une station thermale des Alpes.
Elle et sa nouvelle famille prennent leurs quartiers dans un hôtel dont le patron paraît devenir totalement fasciné par sa jeune demi-sœur muette.
Dès les premières nuits, Gretchen est perturbée par des visions étranges et des sons obsédants.
Film à sensations au canevas délirant, Cuckoo marque le retour du cinéaste allemand Tilman Singer, remarqué il y a quelques années pour son film d’horreur semi-expérimental Luz.
Avec ce nouvel opus bavarois, le réalisateur poursuit son exploration habile d’un cinéma de genre très stylisé et quasi folklorique.
Allemagne/États-Unis – 2024 – 1h42 – VOST – Interdit aux -12 ans
Réalisation
: Tilman Singer
Producteurs : Thor Bradwell, Emily Cheung
Scénariste : Tilman Singer
Acteurs : Hunter Schafer, Jan Bluthardt, Marton Csokas
Mon Humble Avis :
Une femme sort de chez elle lors d'une dispute bruyante et violente entre ses parents.
Elle entend des cris venant des bois voisins et commence à avoir une crise.
Puis elle part en courant dans la forêt…
Gretchen, une adolescente de 17 ans quitte à contrecœur sa maison américaine pour s'installer avec son père et sa belle-famille dans une station de vacances dans les Alpes allemandes.
Gretchen est toujours en deuil à la suite de la mort de sa mère et écoute souvent le répondeur à la maison, qui est son seul moyen d'entendre la voix de sa maman.
Elle ne se sent pas à l'aise avec la nouvelle copine de son père ni avec sa fille muette Alma.
Lorsqu'ils arrivent à la station, ils sont accueillis par M. König, le patron de son père, qui montre un obscur intérêt pour Alma, la demi-sœur de Gretchen.
Cependant, Gretchen n’avait pas prévu de rester longtemps.
Elle espère gagner suffisamment d'argent en travaillant à la réception pour pouvoir utiliser ses économies et payer son voyage de retour en Amérique.
Petit à petit, Gretchen se rend compte que les choses ne vont pas bien dans ce paisible lieu de vacances.
Elle est en proie à des bruits étranges et à des visions sanglantes jusqu'à ce qu'elle découvre un secret choquant sur sa famille…
L'idée du film est venue à Tilman Singer d'un souvenir d'enfance et du visionnage d'un documentaire sur les coucous.
Ils trouvaient à la fois fascinant et triste que ces oiseaux déposent leurs œufs dans le nid d'une autre espèce et que ceux-ci les nourrissent comme leur propre progéniture.
En y cogitant longtemps, il s'est dit que cela pourrait donner une histoire parlant de la famille !
Le message aborde donc les difficultés psychologiques dans une famille recomposée, et les affres de l’adolescence face au passage à la vie adulte et responsable, mais par des métaphores alambiquées que seul l’auteur comprend vraiment…
La réalisation de l’allemand Tilman Singer est par ailleurs soignée et classieuse, on croirait presque voir un slasher situé dans le Twin Peaks de David Lynch.
Les cadrages offre une belle variété de valeurs, de l’hyper-gros plan sur une gorge vibrante, à des plans larges dans de grands décors, écrasant les personnages dans leur solitude.
La photographie use de tons bruns-beige et bleu-vert-lavande, avec une lumière aux contrastes doux, ce qui évoque la forêt entourant le lieu de l’action, et renforce l’aspect contes de fées, et frayeurs psychologiques enfouies depuis l’enfance.
Le film a été tourné sur pellicule 35mm, ce qui devient assez rare aujourd’hui où on tourne surtout en numérique.
Le montage est assez lent, ça fait plus film d’auteur que film de genre, mais cela convient pour renforcer le suspens.
Le tournage a eu lieu en Rhénanie du Nord Westphalie, en Allemagne, notamment à Wuppertal, Krefeld et Mönchengladbach.
Les décors nous montrent donc un peu les bois, mais aussi l’hôtel, et surtout l’hôpital où va avoir lieu l’affrontement final entre les protagonistes…
Décors comme accessoires sont au diapason du choix beige-vert de la photo, de sorte que peu d’étalonnage a dû être nécessaire pour obtenir ces camaïeux à l’image.
Les costumes ont un certain charme suranné, il y a des éléments très élégants, et d’autres juste contemporains et réalistes.
Notons le look le plus improbable pour un croquemitaine de slasher : imaginez un peu le croisement entre Isabelle Adjani cherchant à échapper aux paparazzis sous ses grosses lunettes, et une créature effrayante dans Doctor Who !!!
Les SFX ont surtout à représenter les pouvoirs étranges de ce « monstre », qui semble capable de créer des paradoxes temporels par des attaques sonores !...
Ce que les cadrages et le montage ont déjà bien mis en scène, les effets numériques le renforcent avec des flous et tremblements étranges.
Notons aussi quelques maquillages sanglants bien foutus sur une héroïne qui en prend vraiment plein la gueule.
Le casting est assez riche, et d’envergure internationale.
Hunter Schafer est une actrice, réalisatrice, scénariste et mannequin américaine.
En tant que mannequin, elle est connue pour avoir posé et défilé pour de nombreuses marques dont la maison Dior.
Elle a commencé sa carrière d'actrice en 2019 avec le rôle de Jules Vaughn dans la série télévisée Euphoria, diffusée sur HBO.
En 2023, on la vue dans « Hunger Games : La Ballade du serpent et de l'oiseau chanteur ».
Elle est aussi connue pour être une femme trans et bisexuelle.
Ici, elle joue l’héroïne Gretchen, et lui apporte une fragilité et une humanité assez touchante, assez loin des stéréotypes du genre.
Ce personnage un peu décalé et perdu apporte de la fraicheur au scénario.
Dan Stevens est un acteur et producteur britannique, il s'est fait connaître grâce au rôle de Matthew Crawley dans la série télévisée Downton Abbey.
On l’a vu aussi dans La nuit au musée, La belle et la bête, ou Godzilla x Kong.
Ici il joue un Herr König bien dérangeant, en cassant son image de jeune premier.
Au début du projet, John Malkovich était prévu pour le rôle de Herr König, un homme de plus de 60 ans, mais celui-ci n'ayant pas pu faire le rôle, c'est Dan Stevens qui a convaincu qu'il pouvait prendre ce rôle et que l'homme n'avait pas besoin d'avoir réellement plus de 60 ans, sinon dans l'esprit.
Jessica Henwick est une actrice britannique.
Elle tient les rôles secondaires de la pilote Jessika Pava dans le film Star Wars : Le réveil de la force (2015) et de Nymeria Sand dans la série Game of Thrones (2015-2017), avant de gagner en notoriété grâce au rôle de Colleen Wing dans la série Iron Fist (2017-2018), rôle qu'elle reprend dans The Defenders (2017) et Luke Cage (2018), on la voit aussi dans Love and monsters et Glass onion.
Ici, elle joue Beth, la fille attirée par notre héroïne, c’est un rôle secondaire mais auquel elle apporte un charme et une vraie présence.
Marton Csokas est un acteur néo-zélandais d'origine hongroise, il est connu pour avoir interprété le rôle du seigneur Celeborn dans « Le Seigneur des anneaux : La Communauté de l'anneau » et « Le Seigneur des anneaux : Le Retour du roi », mais aussi Guy de Lusignan dans Kingdom of Heaven.
Il était un membre récurrent de la série Xena, la guerrière.
Il y interprétait Borias, l'allié et ancien amour de Xena.
Ici il joue Luis, le savant qui va nous permettre de comprendre une partie de cette intrigue bizarre… heureusement qu’il est là !
Il joue ce personnage avec beaucoup d’intensité, et de subtilité, sans qu’on puisse vraiment dire s’il s’agit d’un bon ou d’un méchant.
La musique fait dans les sons discordants, aux cordes pincées de violoncelle, classique en film d’horreur, et un peu saoulant à la longue, mais efficace pour sursauter.
Les sons diégétiques utilisent un rock indépendant grunge et daté, on aurait aimé un truc plus pêchu, plus punk ou métal, dommage…
En conclusion, ce film barré est bien WTF, il répond aux promesses de sa bande annonce (quoi qu’elle est légèrement plus flippante que le film lui-même), et ses personnages sont suffisamment intrigants pour vous entrainer dans ce trip fantastique.
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