Dead Talents Society

(GUI CAI ZHI DAO)

 

L’Avis du FEFFS :

 

Une jeune suicidée apprend à ses dépens que la mort est tout sauf reposante : elle n’a que vingt-huit jours pour faire peur aux vivants, sinon elle s’évaporera à tout jamais.

En s’associant à un agent de fantômes ringard et à une vedette has been, elle tente de hanter un hôtel.

Mais comme tout cinéphile le sait, faire peur est au moins aussi difficile que faire rire ! 

John Hsu signe une comédie horrifique jubilatoire, aussi généreuse en rires qu’en frissons.

Mais attention : Dead Talents Society risque de vous empêcher de prendre au sérieux tout futur film de fantômes, tant vous aurez découvert les secrets et astuces des fameux esprits frappeurs et hanteurs ! 

 

Taïwan – 2024 – 1h45 – VOST – Tous publics, avec Avertissement

Réalisation : John Hsu
Producteurs : Ivy Chen, Lieh Lee, Aileen Li
Scénaristes : John Hsu, Tsai Kun-Lin
Acteurs : Chen Bo-Lin, Sandrine Pinna, Gingle Wang

 

Mon Humble Avis :

 

Situé dans un au-delà souterrain fictif où les fantômes peuvent s'attarder dans le royaume des mortels en rivalisant pour hanter les humains, le film suit une nouvelle recrue fantôme alors qu'elle se lance dans un voyage pour trouver sa propre singularité sous la tutelle d'un agent passionné et d'une diva déchue.

 

Suite au succès commercial du film d'horreur Detention de 2019, le réalisateur John Hsu a décidé d'adopter une approche plus légère et comique pour son nouveau projet. 

Remarquant la popularité croissante des films sur le thème des fantômes à Taïwan, il a collaboré avec le scénariste Tsai Kun-Lin pour développer une idée jamais filmée auparavant en 2020 qui a ensuite évolué vers Dead Talents Society.

En février 2021, le duo a investi plus d'un million de dollars taïwanais pour tourner un teaser de 6,5 minutes, qui a généré un buzz important et des discussions en ligne.

Le tournage devait initialement commencer fin 2021, mais le duo a passé deux ans à peaufiner le scénario, en passant par plus de vingt versions, ce que Hsu a attribué à la popularité inattendue du teaser…

Il a été depuis projeté aux midnight movies du festival de Toronto.

C’est rare d’avoir un film de Taïwan au FEFFS, sauf dans la section animation…

 

Le message de ce Beetlejuice asiatique (inversion de point de vue entre fantômes et vivants) aborde la culture du concours, et la médiatisation à outrance de nos sociétés modernes.

Selon un dialogue du film, « les fantômes se retrouvent en compétition non seulement entre eux, mais aussi avec les films d’horreur ! »

On entend aussi : « On se transforme en monstres de peur d’être regardé de haut »…

 

La réalisation est enlevée et acide à souhait, l’humour noir fait des merveilles, et l’émotion grandit subtilement jusqu’à un final vraiment sublime !

 

Les cadrages sont variés, mobiles et fixes, usant de tous les moyens modernes pour rendre le récit trépidant.

 

La photographie est rouge avec des touches de vert, ou parfois l’inverse, un style très asiatique (qu’on trouvait dans les films d’auteurs hongkongais des années 90 par exemple).

 

Le montage est speed, il y a de brusques transitions entre le monde réel et celui de l’au-delà, la vivacité du montage atteignant son point culminant lors du clip servant d’ellipse pour l’entrainement.

 

Les décors se concentrent sur des plateaux de télévision de l’au-delà, et un hôtel ringard.

Environ 50 % du film a été tourné à Taoyuan, Hsu a expliqué que la décision a été prise parce que l'équipe recherchait des lieux présentant à la fois la mer et les montagnes.

L'hôtel hanté du film a été principalement tourné à l'hôtel Champagne à Jiaoxi, Yilan.

L'équipe de production a passé un mois à rénover le neuvième étage et à construire un faux ascenseur pour recréer l'ambiance des années 1970-80. 

Le tournage a également eu lieu au parc Baiyun dans le district de Xizhi, dans la ville de New Taipei, et dans le district de Zhongshan, à Keelung.

 

Les costumes ont un charme suranné, les divas ont des tenues excentriques, les ados sont en uniforme d’écolière ou en survêt, et le costume du chanteur pop est bien ringardos !

 

Les SFX sont très nombreux, à commencer par les maquillages de fantômes décédés de morts violentes, puis toutes les chutes gore de l’héroïne, s’empalant et s’électrocutant à la fois sur l’enseigne de l’hôtel !

En raison de son grand nombre d'effets spéciaux, le film a subi une année supplémentaire de post-production après le tournage.

 

Le casting apporte un festival de tronches pas possible.

Chen Bolin, dans le rôle de Makoto, une ancienne idole de la pop devenue agent hanteur de Catherine, est connu pour avoir tenu des rôles dans des films de Hong Kong (Twins effects 2, Chinese tall story).

Il est hilarant et hyper dynamique dans ce film.

Sandrine Pinna (métisse de père français), dans le rôle de Catherine une diva de la pègre déchue, a commencé comme enfant actrice, elle a donc déjà une grande expérience.

Elle est ici aussi sexy que dangereuse, et son jeu subtil finit par nous émouvoir intensément.

Gingle Wang (écrivaine en plus d’actrice), dans le rôle de l’héroïne Cho Hsiao-lei une jeune femme récemment décédée, a percé en 2019 avec le film d'horreur psychologique Detention (du même réalisateur que ce film), où sa performance a remporté le prix de la meilleure actrice aux 22e Taipei Film Awards.

Ici, elle est kawaï au possible.

Eleven Yao, dans le rôle de Jessica une diva renommée du milieu fantomatique et la protégée devenue rivale de Catherine, est surtout connue pour ses doubles rôles de Shanny et Hsiao Ching dans le film de comédie noire The Gangs, the Oscars, and the Walking Dead (2019).

Yao a également été reconnue en Asie pour ses performances dans le film policier japonais Mr. Long (2017) et le film d'action coréen Yaksha: Ruthless Operations (2022).

Elle fait une parfaite antagoniste dans le film, rusée et manipulatrice à souhait.

Bai Bai, dans le rôle de Camilla, la meilleure amie de l’héroïne, est surtout connue pour son rôle de Pretty dans le film d'horreur Treat or Trick (2021).

Avec son visage bizarre de Rosi de Palma taïwanaise, elle fait la sidekick comique de l’héroïne à la perfection.

 

La musique nous surprend avec ses fanfares enjouées pleines de cuivres (évoquant « Chat noir chat blanc » de Kusturica), et ses douces mélodies titillant la corde sensible…

Le mélange habile d'instruments chinois traditionnels et de sons modernes renforce à la fois la profondeur émotionnelle et l'atmosphère ludique du film.

La bande originale de Dead Talents Society a été composée par Luming Lu , Lin Hsiao-chin et Lin Sih-yu, Lu revenant de sa précédente collaboration avec Hsu sur Detention.

Lu a également composé la chanson "The Adoring Look", interprétée par Chen Bolin, qui a servi de gag récurrent dans le film et est devenue virale sur Internet.

La chanson thème du film, "The Dead Talents", a été composée et interprétée par l'auteure-compositrice-interprète taïwanaise-américaine Joanna Wang, qui a écrit des paroles en chinois et en anglais et a produit des versions bilingues. 

 

En conclusion, de nombreux critiques internationaux ont reconnu que ce film était un classique instantané de la comédie d'horreur et l'un des meilleurs films de genre de l'année, ils ont salué son ambiance amusante, son mélange efficace d'humour, follement imaginatif, souvent hilarant, son intrigue intelligemment écrite et ses personnages adorables, avec des explorations perspicaces sur des objectifs existentiels.

On peut donc qualifier le film de jalon dans la maturation du cinéma de genre taïwanais, grâce à la construction du monde unique du film, aux arcs de personnages réconfortants et à la solide exécution technique, créant une œuvre très divertissante mais émotionnellement résonnante, ce qui illustre le véritable art du cinéma de genre à succès.

Le film déclenche avant tout des rires, même sur un sujet aussi grave et profond que la mort, et il est capable de faire naître l’émotion et la réflexion quand on ne s’y attend pas…

C’est bien les caractéristiques d’un grand film !