DIABOLIK
Dans les années 1960, la ville européenne (fictive) de Clerville est terrorisée par un voleur aussi impitoyable qu'insaisissable.
Personne ne connaît son identité ou son visage, seulement son surnom Diabolik...
Réalisateur : Marco et Antonio Manetti.
Scénario : Michelangelo La Neve (it), Mario Gomboli, Marco et Antonio Manetti d'après les personnages créés par Angela et Luciana Giussani.
MON HUMBLE AVIS :
Diabolik est une série de bande dessinée italienne ou fumetti, créée en 1962 par les sœurs Angela et Luciana Giussani.
Cette série éditée à Milan au format poche par les éditions Astorina a connu de nombreux dessinateurs.
Il s'agit d'une des bandes dessinées les plus connues en Italie, où son tirage mensuel (pour les épisodes inédits) oscille autour de 110 000 exemplaires.
Avec 150 millions de volumes commercialisés, c'est l'une des bandes dessinées les plus vendues au monde.
Diabolik est un criminel professionnel capable de se substituer à n'importe qui, grâce aux masques parfaits qu'il réalise lui-même ainsi qu'à d'incroyables gadgets.
Vêtu d'une combinaison et d'une cagoule noire quand il n'est pas déguisé, il utilise depuis toujours une Jaguar noire (modèle E-Type de 1961) équipée de nombreuses modifications destinées à déjouer ses poursuivants.
Il est accompagné dans ses aventures par sa maîtresse, Eva Kant et pourchassé par un policier décidé à le capturer, l'inspecteur Ginko.
Ainsi que les sœurs Giussani l'ont dit et/ou écrit : « Diabolik est un criminel, ce n'est pas un justicier et son code moral est très ambigu.
Féroce dans les premiers épisodes, il devient de moins en moins sanguinaire sans toutefois jamais se départir de son seul but : voler.
Si ses cibles, particulièrement durant les années 70 et 80, sont fréquemment des mafieux, dealers et autres malfrats, c’est parce que leurs activités illicites génèrent de grosses sommes d’argent en liquide.
Sa compagne Eva montre souvent de l'empathie pour les « faibles » et la cause des femmes en particulier, mais Diabolik, par pudeur ou conviction, semble généralement s’en désintéresser.
Il sait se montrer généreux uniquement avec ceux et celles qui l’ont volontairement aidé ou qui n'ont pas entravé ses plans ».
Alain Delon a tourné quelques essais en 1966 pour une adaptation cinématographique qui aurait dû être produite par Tonino Cervi.
Dino de Laurentiis confia finalement en 1968 la réalisation de Danger : Diabolik ! à Mario Bava avec John Philip Law (qui a aussi joué Docteur Justice) dans le rôle-titre, Marisa Mell en Eva Kant et Michel Piccoli dans le rôle de l'inspecteur Ginko.
De la musique originale du film, composée par Ennio Morricone et dirigée par Bruno Nicolai, a été tiré un 45 tours dont la face B, Deep Down, obtiendra même un certain succès à l’époque...
Ce film-ci est donc la deuxième adaptation de Diabolik, par les frères Manetti, avec Miriam Leone, Luca Marinelli et Valerio Mastandrea dans les rôles principaux, il est sorti en décembre 2021 en Italie.
Cette nouvelle version se concentre sur la première rencontre entre le célèbre voleur et sa partenaire et complice Eva Kant, qui a lieu dans le troisième numéro de la série originale, L'arresto di Diabolik.
L'idée de ramener Diabolik sur grand écran, plus d'un demi-siècle après la précédente adaptation, est née des frères Manetti, réalisateurs et scénaristes mais aussi grands lecteurs de la bande dessinée.
Le projet s'est concrétisé au contact de Mario Gomboli, l'auteur actuel de la série des Diabolik édité par Astorina, qui a été positivement impressionné par les œuvres précédentes des Manetti telles que L'ispettore Coliandro et Ammore e malavita.
Il a commenté la genèse du projet : « ce qui m'a fait comprendre que j'avais enfin affaire aux bonnes personnes, c'est leur passion, leur connaissance du personnage et de ses particularités.
Je dis "enfin" non par hasard, compte tenu de plusieurs expériences antérieures malheureuses ».
Il n’y a pas à proprement parler de message véhiculé par le scénario de ce film, puisque son personnage principal est un criminel sans foi ni loi, un véritable anarchiste aux yeux des valeurs de la société mais qui n’est pas non plus idéalisé ou montré comme un modèle, c’est un pur anti-héros, égoïste et amoral.
Tout comme dans le fumetti original, le plaisir à suivre ses aventures tient à celui de voir un esprit supérieur se jouer des forces de l’ordre, affranchi de toutes les entraves morales qui pourraient le freiner ou l’affaiblir…
La réalisation est assez bavarde, ça manque parfois un peu d’action, privilégiant l’atmosphère avant tout.
Les critiques italiens ont décrié la mise en scène des frères Manetti, définie comme trop lourde et manquant d'énergie, c’est peut-être un peu sévère, mais pas complètement faux non plus.
Les cadrages optent en tout cas pour le classicisme.
Les plans sont généralement assez longs, et souvent sur pied (les mouvements de caméra ne sont pas privilégiés, ou tout du moins toujours calmes et élégants).
La photographie est magnifique, avec de belles ombres profondes, et des couleurs légèrement désaturées à l’étalonnage, donnant une ambiance mystérieuse idéale pour le sujet.
Le montage prend son temps, le rythme de l’histoire est parfois un peu faible.
Notons quelques split-screens qui mettent un peu de pêche lors des casses avec une touche psychédélique bienvenue.
Les décors donne à voir de beaux intérieurs bourgeois, et la reconstitution léchée de l’Italie des années 60.
Les trois premiers jours de tournage ont eu lieu à Courmayeur, du 30 septembre au 2 octobre 2019 ; puis la production s’est déplacé à Bologne, où ont été tournées des scènes en extérieur de poursuite en voiture sur la Via Marconi, ainsi que des scènes en intérieur au Grand Hôtel Majestic ; le tournage à Bologne a ensuite alterné avec celui à Milan.
Trieste est enfin utilisée pour le décor de la ville maritime de Ghenf : en particulier, la gare maritime est utilisée pour les extérieurs de la Banque centrale de Ghenf.
En décembre, pour finir, l'équipe de tournage s’est déplacé à Mezzano, dans la province de Ravenne.
Les costumes parviennent à la fois à saisir la classe et le charisme des personnages de la BD, mais aussi à reproduire les tenues de soirée et autres uniformes de police des sixties.
Le masque noir de Diabolik est particulièrement bien fait, avec ce moulage si près des traits de son visage, qui pourtant lui ôte tout détail distinctif.
Les SFX permettent surtout de concrétiser les moments où Diabolik retire ses masques (avec des morphings invisibles entre l’acteur au naturel et celui arrachant du latex).
Il y a aussi l’entrée du repaire de Diabolik avec son faux rocher qui se surélève pour dévoiler une route dans un tunnel, kitsch mais tellement culte !
Le casting est globalement plutôt bon.
Le protagoniste principal, Diabolik, est incarné par Luca Marinelli, tandis que Miriam Leone et Valerio Mastandrea interprètent respectivement Eva Kant et l'inspecteur Ginko.
Certains critiques ont salué le talent de Valerio Mastandrea, qui a su rendre l'abnégation typique du personnage de Ginko, la crédibilité de Miriam Leone dans le rôle de Lady Kant, tandis qu'ils ont qualifié le jeu de Luca Marinelli de bien négocié mais de trop froid…
Miriam Leone parait en effet aussi sexy que dangereuse, et il est vrai que le jeu intériorisé Luca Marinelli fait presque passer Diabolik pour un robot !
La bande originale du film est signée Pivio et Aldo De Scalzi, collaborateurs des frères Manetti, tandis que Manuel Agnelli interprète deux chansons originales : « La profondità degli abissi » et « Pam pum pam ».
La musique classique fait dans le mystérieux, mais elle est surement trop sobre, ça manque d’une touche de folie vu le sujet et l’époque.
On est loin des rythmes entrainants de la version précédente, mais dans la dernière partie du film la musique devient plus jazzy et prend enfin son envol.
En conclusion, le film a une certaine allure, entre sa facture classique et son sérieux, Eva Kant domine le métrage avec ses regards langoureux de femme fatale, mais son protagoniste principal peine à nous impressionner après des personnages de cinéma comme Keyser Söze, Hannibal Lecter ou le Joker, il parait aujourd’hui un peu fade.
En avril 2021, avant même la sortie de l'œuvre, 01 Distribution a tout de même annoncé que deux suites étaient en préparation, avec un début de tournage en octobre de la même année ; Giacomo Gianniotti se substituant à Luca Marinelli pour interpréter le rôle de Diabolik, sûrement suite aux critiques partagées sur son interprétation...
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