Escape from the 21st century
(CONG 21 SHI JI AN QUAN CHE LI)
L’Avis du FEFFS :
Trois garçons de 18 ans tombent dans une potion qui leur permet de se déplacer entre le présent et vingt ans plus tard dans le futur par un simple éternuement.
Déçus par l’état du monde de demain, ils décident malgré tout de le sauver des griffes d’autres voyageurs du temps malintentionnés.
Voici sans doute le film le plus déjanté de la décennie !
Une fresque monumentale, rafistolée à partir de morceaux de tous les genres imaginables, à la manière d’un Frankenstein cinématographique qui explose la rétine.
Quant à la bande-son exceptionnelle, elle devrait finir par griller vos derniers neurones.
Une œuvre culte en puissance, comme on n’en avait plus vue depuis longtemps.
Chine – 2024 – 1h38 – VOST – Tous publics
Réalisation : Yang Li
Producteur : Lizhou Hu
Scénariste : Yang Li
Acteurs : Ruoyun Zhang, Chuxi Zhong, Yang Song
Mon Humble Avis :
En 1999, sur la planète K, qui ressemble étrangement à la Terre, trois adolescents tombés dans une eau quelque peu toxique contractent le pouvoir du voyage spatio-temporel.
Ils se retrouvent vingt ans après en gardant leur âme d’adolescent dans leur corps d’adulte.
En ce va-et-vient permanent, sauver le monde est à la portée de leurs mains…
L’argument de SF est complètement barré, nous obligeant à une sacrée suspension d’incrédulité !
C’est une énième variation sur le thème du voyage temporel.
Mais on se demande bien pourquoi l’avoir situé sur une autre planète, qui ressemble bien trop à la nôtre (calendrier y compris ???) pour être crédible, et surtout ce point n’apporte strictement rien au scénario !...
Versez comédie, action, science-fiction, teen movie, un zeste de super-héroïsme et d’animation dans le shaker et vous obtiendrez ce cocktail azimuté, bourré d’effets spéciaux, qui semble parfois nous catapulter d’une case de bd à une autre.
Mais lorsque la dimension potache se désenchante vers une atmosphère plus punk, le refus de devenir adulte révèle celui de se soumettre et d’obéir.
Et si le film du réalisateur chinois Yang Li était joliment cryptique ?
Le message peut en être « l’amitié résiste-t-il à l’amour ? », ou bien « la destinée est-elle irréductible ? »…
La réalisation nous présente tellement d’effets de style qu’il m’est impossible de tous les lister, il y en a littéralement un à chaque plan !
Les plus originaux sont bien les élargissements de l’écran aux moments clefs, passant du 4/3 au cinémascope en 16/9, ou l’inverse.
Ce jeu sur le format est très rare au cinéma, et en plus il est vraiment utilisé ici de façon signifiante.
Sinon, le réalisateur y va tellement à fond qu’il provoque presque l’ivresse du spectateur, répondant ainsi au peu de capacité d’attention de la génération zapping !
Les cadrages jouent sur les effets de perspectives pour donner à chaque prise de vue un aspect hyper dynamique.
La photographie est lumineuse, bien contrastée, et très colorée, à l’image de cette nappe huileuse dans la première scène.
Le montage trépidant donne au film des allures de clip interminable.
Ça va si vite qu’il est parfois difficile de piger tous les enjeux, le but étant de nous perdre dans un dédale d’ambiances virevoltantes.
Les décors urbains sont plus modernes pour représenter 2019, et plus ruraux pour 1999.
De même, les costumes sont plus prolo en 1999, et plus stylés en 2019…
Les SFX sont très nombreux, presque un plan sur deux est retouché.
Il y a même des effets vidéo de transition, une pluie de billet en feu, une autre d’ordinateurs s’écrasant au sol, les impacts des coups sont rehaussés en dessin animé mêlé au live, et on a aussi des animations kitch de collages évoquant celles de Terry Gilliam pour les Monthy Python !
Le casting est intéressant, mais pas assez expérimenté pour vraiment nous faire adhérer à tout ce délire…
Zhang Ruoyun a fait ses débuts d'acteur en 2004, en interprétant la version plus jeune du protagoniste masculin dans The Sea's Promise.
Il a d'abord attiré l'attention pour ses rôles dans Snow Leopard (2010) et sa série complémentaire, Black Fox (2011).
Il a remporté le prix du nouvel acteur le plus populaire en 2010 pour sa performance dans Snow Leopard, depuis sa popularité est croissante…
Wang Junkai, également connu sous le nom de Karry Wang, est un acteur et chanteur.
En 2010, il intègre TF Family en tant que stagiaire, puis en 2013 fait ses débuts au sein du groupe TFBoys, dont il devient le leader.
Il est considéré comme l'un des jeunes les plus riches nés dans les années 90, avec une fortune estimée à 248 millions de yuans (36 millions d'euros) en 2016 !
Zhong Chuxi, également connue sous le nom d'Elaine Zhong, est surtout connue pour avoir interprété Nie Xiaoqian dans le film de 2019 Le Chevalier des ombres : entre le Yin et le Yang.
Jackson Yee est un acteur, chanteur et danseur.
Selon les rapports des médias chinois en 2019, il est l'une des stars les plus précieuses commercialement en Chine.
La célébrité de tous ces acteurs et actrices est sûrement bankable pour les producteurs, mais pour le public les jeunes ne sont pas assez charismatiques pour porter le film sur leurs épaules…
Leurs versions plus âgés ont plus d’intensité, mais aussi une certaine froideur à la chinoise difficile à décrypter pour le public occidental.
Le rythme du film et la multiplicité des personnages n’aide pas les acteurs évidemment à briller à l’écran.
La musique mélange aussi beaucoup d’influences contradictoires, de classiques de la pop américaine des eighties, aux mélodrames cantonais, en passant par des solos de gratte endiablés, ou des slows sirupeux.
En conclusion, cette fois « Time & Tide » de Tsui Hark a peut-être enfin été dépassé en matière de rapidité et de folie du style visuel.
Il lui manque une unité de style, et le génie de Hark, c’est davantage un vaste foutoir aux effets gratuits, mais finalement il atteint son but :
Car « Escape from the 21st century » est plus une romance qu’un véritable film de SF, et à ce titre il est plutôt touchant.
Le final à la morale confucéenne est aussi inattendue qu’émouvant…
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