Exhuma
(Pamyo)
L’Avis du FEFFS :
L’enquête sur une série d’événements paranormaux conduit deux chamanes à une mystérieuse tombe.
Leur rituel de purification libère des forces obscures ancestrales.
Jang Jae-hyun donne enfin ses lettres de noblesse au « film chamanique », un sous-genre du cinéma d’horreur coréen depuis les années 1970, avec une mise en scène ciselée et un récit profondément ancré dans l’histoire mouvementée du pays.
Porté par des stars comme Choi Min-sik (Old Boy), Kim Go-eun (le K-drama Goblin) et Kwon Ji-yong (« le Roi de la K-pop » G-Dragon), Exhuma est devenu un véritable phénomène à sa sortie, tant en Corée que dans plusieurs autres pays asiatiques.
Corée du Sud – 2024 – 2h14 – VOST – Tous publics avec Avertissement
Réalisation : Jang Jae-hyun
Producteurs : Park Hyeong-jin, Kwon Ji-yong
Scénariste : Jang Jae-hyun
Acteurs : Kim Go-eun, Choi Min-sik, Lee Do-hyun
Mon Humble Avis :
Un riche père de famille sud-coréen, expatrié aux États-Unis, a un problème avec sa fille que la médecine moderne ne parvient pas à résoudre.
Il fait donc appel à deux chamanes qui pensent que l'origine des troubles de la petite fille serait à rechercher dans les ancêtres de la famille.
Ils proposent au père de se rapprocher d'un géomancien et de son associé expert en rite funéraire.
Ces derniers seront à même de trouver un nouveau lieu de sépulture afin de calmer les esprits néfastes…
Lors de l’âge d’or du film d’horreur coréen, dans les années 70, on trouvait beaucoup de films avec des chamanes.
Les traditions shamaniques forment un courant religieux persécuté par le gouvernement, il fallait donc faire du shaman une figure négative…
Mais depuis 2000, ce courant religieux est revenu dans les bonnes grâces de l’état, 50% des coréens déclarant avoir fait appel à un shaman dans leur vie.
Il est donc de bon ton désormais de faire du shaman une figure positive, et cette année il y a eu au moins dix films sur ce sujet !
Le message du film aborde la position du chamane dans la société moderne…
Un dialogue décrit le chamane comme « entre le yin et le yang » !
Le ressentiment envers le Japon (qui envahit et occupa la Corée) est bien présent, le scénario ayant même le culot d’accuser le Japon d’être responsable de la séparation entre les deux Corées, nord et sud.
Les japonais ayant leurs propres légendes et superstitions (comme les yokaï par exemple), le scénario trouve des passerelles dans les mythologies, comme avec le renard surnaturel, personnage finalement pan-asiatique (Gumiho en Corée, et Kitsune au Japon).
La réalisation est de Jang Jae-hyeon, aussi scénariste du film.
Ce film est produit par Showbox, et s'avère différent de ses deux précédents, The Priests et Svaha: The Sixth Finger, dans le sens où il se concentre davantage sur les superstitions ancestrales locales que sur les religions et sectes modernes.
Le style du réalisateur est assez académique, de la construction du récit en 6 chapitres, au visuel propre et léché.
Les cadrages présentent des mouvements lents, et préfèrent les plans larges ou américains.
La photographie est bien contrastée, avec des tons bruns d’automne et de terre, et de belles ombres.
Cette ambiance de deuil est renforcée par un temps pluvieux sous un ciel chargé.
Le montage est lent, sauf pendant les clips dus aux visions paranormales.
Le tournage a lieu à Séoul pour le Plaza Hotel dans le quartier de Jung, à Pusan pour la forêt d'Ahopsan, à Yangsan (Gyeongsang du Sud) pour la forêt de Daedunsan et dans le petit village de Gyeongsang (Jeolla du Sud) pour l'arbre Dangsan.
Les décors proposent une intro inhabituelle à Los Angeles, avant de retourner à Séoul, dans de beaux appartements de building, puis dans les montagnes, jusqu’à un village plutôt glauque.
Les costumes sont contemporains et réalistes, assez ternes pour aller avec l’ambiance générale grisâtre.
Néanmoins, lorsqu’elle ne porte pas son costume ancestral de chamane, l’héroïne et très stylée, avec son imper de cuir rouge par exemple.
De même, les tatouages de textes bouddhiques sur le corps du jeune héros lui donnent un style vraiment iconoclaste.
Les SFX nous montrent des renards animés en synthèse, un serpent à visage humain, une silhouette fantomatique en ombre, du vomi noir, un retournement de tête à 180°, et un maquillage d’oni-samouraï-zombi !
Le casting est impressionnant.
Choi Min-sik est un acteur sud-coréen très connu pour ses rôles dans Old Boy (2003), J'ai rencontré le Diable (2010).
Min-sik est considéré comme l'un des acteurs sud-coréens actuels les plus talentueux et acclamés par la critique.
Il apporte la gravité nécessaire au script.
Kim Go-eun fait ses débuts en 2012 dans le film Eungyo (A muse), pour lequel elle remporte plusieurs prix en Corée du Sud.
Elle est également connue pour son rôle dans les séries télévisées Cheese in the Trap (ko) (2016) et Goblin (2016).
Son jeu étendu fait merveille ici, elle assure même avec les chants et danses traditionnelles.
Yoo Hae-jin est maintenant devenu un acteur important au box-office.
Il est aujourd'hui l'un des acteurs principaux les plus en vus de Corée du Sud, avec des rôles dans des films comme Le Roi et le Clown, Small Town Rivals, Woochi, le magicien des temps modernes, Moss, The Unjust, The Pirates, The Classified File, Minority Opinion, Veteran, et Public Enemy et ses suites…
Lee Do-hyun est principalement connu pour avoir joué dans les séries télévisées Sweet Home, The Glory ou encore Youth of May.
Ce quatuor d’acteurs principaux est bien complice, malgré la différence de générations, et cette dynamique du groupe est l’un des points forts du film.
La musique fait entendre des percussions graves et des cordes lancinantes pour renforcer le suspens.
Les tambours des rituels chamaniques sont associés à des grappes de pièces trouées qui ajoutent leur tintement aux musiques rituelles.
On peut classer certains passages de « paganisme rock », tant le rythme en est envoutant.
En conclusion, il s’agit d’un film d’horreur réussi, car on s’attache à ses personnages, on est surpris par les twists de son scénario original, et on apprend beaucoup d’éléments passionnants de cette culture exotique.
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