Exorcism Chronicles : the beginning

(Toemarok)

 

L’Avis du FEFFS :

 

Le père Park, un prêtre excommunié de sa paroisse pour ses pratiques d’exorcisme, est joint par un vieil ami qui lui demande de l’aide pour protéger un enfant aux dons particuliers.

Ensemble, ils montent une équipe de personnes dotées de pouvoirs surnaturels pour affronter de puissantes forces démoniaques.

Exorcism Chronicles est l’un des titres les plus attendus du cinéma coréen cette année.

Adapté d’une série de romans parmi les plus vendues en Corée du Sud, ce film séduit non seulement par son intrigue à suspense, mais aussi par des séquences de combat aussi spectaculaires que celles de la célèbre franchise japonaise Dragon Ball.

 

Corée du Sud – 2024 – 1h25 – VOST – ordinateur 3D – Tous publics avec Avertissement

 

Réalisation : Kim Dong–chul
Producteurs :
Scénariste :
Voix : Choi Han, Lim Chae–bin, Jung Yoo–jung

 

Mon Humble Avis :

 

Le père Park, médecin devenu prêtre, a été excommunié pour avoir pratiqué des exorcismes, par une église qui refusait de croire aux êtres surnaturels, qui s'en prenaient aux innocents.

Lorsque son ami de longue date, un moine d'un temple secret et pratiquant la magie, fait appel à lui, pour protéger un enfant, naïf mais puissant, de son maître corrompu, il répond présent…

 

Adapté du roman et webtoon à succès Toemarok de Lee Woo-hyuk, Exorcism Chronicles présente un syncrétisme étonnant entre bouddhisme, christianisme et paganisme.

Il faut noter que les romans datant de 1993 de Lee Woo-Hyuk, vendus à plus de 10 millions d’exemplaires, ont déjà fait l’objet d’une adaptation cinématographique en live-action en 1998, sous le titre « The Soul Guardians » de Park Kwang-chun, avant d’être adapté en webtoon par Woon & Lee Hyeop en 2021, et c’est bien le succès de ce manhwa en ligne qui a enclenché cette seconde adaptation, cette fois en animation, pour coller au design du webtoon et surfer sur son succès.

Entre le film de 1998, et le webtoon de 2021, cet univers fantastique n’a pas été oublié par les geeks coréens, car sa visibilité a été entretenue par 3 jeux vidéo, « Exorcism Fortress », puis une version MMORPG en 2002, avant finalement une version pour mobile en 2004 !

 

L’animation coréenne a démarré en 1928 par un film non abouti, puis a repris dans les années 50 dans les pubs.

Le premier long métrage animé est dans les années 60, mais dans les années 70 on fait de l’animation de propagande anti-communiste.

L’âge d’or des années 80 fournit une animation réservé aux adultes (même de l’érotisme), mais ce film est par contre pour les adolescents et autres adulescents.

C’est même le film le plus attendu de l’année en Corée (le FEFFS le projetant même avant la Corée)…

 

Le message évoque l’alliance de toutes les religions pour lutter contre le mal.

Mais c’est avant tout un divertissement bourré d’action, donc vous pouvez éteindre votre cerveau si vous le souhaitez avant la séance !

Le scénario est censé ne pas être que pour les initiés (ça s’appelle « the beginning »), et être compréhensible par tous, mais ça reste quand même difficile à suivre pour qui n’a pas les pré-requis du webtoon.

Notons une belle méchanceté dans le bodycount…

 

Pour son premier long-métrage mêlant animations 2D et 3D, Kim Dong-Chul fait preuve d'un sens de la mise en scène raffiné, et installe une ambiance mystérieuse et envoûtante, qui mêle horreur et spiritualité.

 

La réalisation n’abuse pas des plans impossibles souvent présents en 3D.

Il y a une alternance de plans rapprochés et de plans larges, un procédé assez académique, avec souvent des accélérations, et des changements d’axe violents (comme dans les jeux vidéo quand la caméra se repositionne).

On sent bien que le film s’adresse aux geeks ayant pratiqué l’univers en jeu, avec ces codes visuels spécifiques.

 

La photographie est lumineuse et colorée, toujours bien lisible.

Il y a plusieurs scènes en lumière rouge vive (lors des manifestations démoniaques).

 

Le montage utilise un rythme calme en dehors des scènes d’action, suivant surtout les besoins des dialogues, c’est même assez lent.

Par contre, lorsque ça se bastonne, c’est une autre histoire, sans être frénétique pour autant, disons que ça bouge bien.

La séquence d’affrontement final ferait un beau modèle pour les blockbusters ricains souvent illisibles.

 

Les décors proposent dans un premier temps des lieux urbains, comme une église à l’architecture moderne.

Puis l’action se déplace dans une nature magnifique (aux couleurs automnales), avec un temple situé en montagne.

 

Les costumes ont des designs colorés typiques des mangas shonen.

On retrouve les ici codes du manga japonais, dont est hérité le manhwa coréen, et par extension le webtoon.

Par exemple, le curé a une carrure hallucinante, que sa profession n’explique en rien.

 

L’animation utilise de la 3D en rendu cell shading, les pouvoirs surnaturels eux sont rendus en animation numérique de particules.

Tous ses effets lumineux donnent souvent des images multicolores un peu trop chargées.

 

Le design des personnages est plutôt bien fait, car on les différencie bien, et ils ont la « tête de l’emploi », comme souvent dans les shonen un peu basiques.

Le curé est un culturiste gigantesque, le moine bouddhiste un sage d’un autre temps, la chamane est sexy, et le jeune maître de tai-chi à l’apparence classique du héros de manga de bagarre, rien de bien nouveau.

Néanmoins la multiplicité des personnages et de leurs personnalités rend la progression du récit plus intéressante qu’elle ne l’aurait été avec un protagoniste unique.

Notons que le démon affronté par nos héros a un design, avec ses multiples yeux et multiples bras, qui évoque ceux de la religion Bön, le paganisme prébouddhique tibétain…

 

La musique use de mélodies issues des rituels chamaniques coréens, et sinon donne dans l’épique avec des sons graves.

Pour les scènes d’émotion, on entend un piano plus classique…

 

En conclusion, on se réjouit bien-sûr de suivre ces personnages pittoresques entre univers de super-héros et contes de fées traditionnels, mais je pense tout de même que ce n’est qu’une semi-réussite, sûrement pas assez fou pour marquer les esprits aujourd’hui.