In my mother skin

 

Philippines, Singapore, Taïwan — 2023 — 1h37

Réalisation : Kenneth Dagatan
Acteurs : Beauty Gonzalez, Felicity Kyle Napuli, James Mavie Estrella

 

Pendant la seconde guerre mondiale, au Philippines sous occupation japonaise, Tala attend impatiemment le retour de son père dans un manoir isolé au cœur de la jungle.

Sa mère tombe gravement malade et l’adolescente part en quête de médicaments.

En chemin, elle croise une fée qui lui propose un remède, mais à un prix très, très particulier !

Le réalisateur Kenneth Dagatan imagine un conte pour adultes particulièrement macabre.

L’intrigue située au plus profond de la jungle réserve déjà d’innombrables dangers pour la jeune Tala, mais aucun n’est aussi inquiétant que celui du chant des grillons…

Frissons garantis !

 

Mon Humble Avis :

 

Les philippines sont le 3ième pays catholique au monde (après l’Italie et la Pologne) avec 85% de la population pratiquante, mais cela n’empêche pas les croyances animistes païennes d’y être encore très vivaces.

Le genre épouvante y est très prisé, pour preuve la populaire saga « Shake rattle & rock n’roll » démarrée en 1984, qui va bientôt sortir son 16ième opus !

Les nombreux films d’horreur philippins utilisent tous ce folklore local (ainsi que les bande dessinées), mais le plus souvent dans un environnement urbain, cette fois c’est à la campagne, c’est plus rare car cela est considéré comme davantage susceptible de courroucer de véritables esprits…

 

De même, l’occupation japonaise et ses innombrables victimes est encore un sujet tabou, ce qui fait preuve d’un certain courage de la part du réalisateur.

 

Le message parle des enfants livrés à eux-mêmes en situation de guerre.

A qui se fier ?

Aux adultes perdant les pédales, ou à une fée diabolique et manipulatrice ?

L’univers entier semble vouloir du mal à la pauvre Tala, qui ne cherche qu’à protéger les siens…

Dans un slasher américain, les jeunes sont toujours fautifs de transgressions avant de se faire écorcher par un psychopathe, ici ce sont des enfants purs et innocents qui prennent cher en toute injustice !

 

Le réalisateur habitait lui-même enfant dans un petit village à côté d’une école abandonnée, où une jeune fille s’est suicidée en voyant un fantôme !

Il a connu aussi une histoire de corps disparu durant la veillée funéraire, donc pour lui ces mystères surnaturels font partie du quotidien depuis toujours…

C’est le film Ring de Nakata qui lui donna sa vocation, faire des films d’horreur !

  

Les cadrages montrent des plans larges pour profiter de la nature luxuriante, et des mouvements lents de caméra.

 

La photographie emploie des ombres douces, et une lumière dorée bien dosée.

Le reste de l’image est dans les tons vert sombre, et les couleurs bois, ce qui est renforcé à l’étalonnage.

 

Le montage est plutôt lent, voire carrément immobile par moments !

Il y a de longues errances en forêt, et des répétitions dans les menaces nocturnes, où les enfants traînent dans les couloirs, en croyant entendre un son menaçant de grillon !

 

Les décors sont principalement constitués de la splendide villa coloniale dans la jungle.

On voit aussi une chapelle abandonnée en forêt, recouverte en partie par la végétation, repaire de la fée, un décor plein de charme avec ses vitraux païens en hommage à la nature.

 

Les costumes doivent reconstituer l’époque, 1945 donc, ce qui se ressent surtout par quelques uniformes japonais, et des robes des années 40 (rapidement couvertes de sang).

Le costume le plus notable est bien évidemment celui de la fée des grillons, sa magnifique robe est constitué de filets de perles, et sa coiffe d’ailes de grillons géants translucides en couronne.

Cela nous plonge vraiment dans un univers de dark fantasy.

 

Les SFX font dans le gore craspec, c’est sanglant et dégueu à souhait.

On vomit des oiseaux vivants, et on les re-croque en casse dalle, les cadavres traînent dans les ruisseaux, ça décapite et mange de la chair humaine, la possession par un grillon implante une bosse dorsale subdermique, fait rougir les veines, et agrandit démesurément la langue !!!

Il y a un envol d’une nuée de grillons numériques qui révèle un banquet de conte de fée.

L’influence de Ring et de Grudge, de la J Horror en général, se ressent dans le maquillage et l’attitude de la mère possédée.

 

Le casting use d’un jeu qui va vite dans les extrêmes.

L’héroïne est une pré-ado au visage rond, malmenée par le script.

Sa peur est bien communicative.

 

La musique est effrayante, des instruments à vent locaux se mêlent à des voix graves pour des mélodies purement atmosphériques.

C’est souvent mêlé à des bruitages naturels, cris d’oiseaux, ou sifflement des grillons.

 

En conclusion, la lenteur du métrage est certes rédhibitoire, mais c’est un vrai film d’épouvante bien gore, il fera sursauter ceux qu’il n’endormira pas…

En Asie, même les grillons bouffent du chien (OK, je la regrette déjà celle-là) !