La Traque
La Traque est un film français réalisé par Serge Leroy, sorti en 1975.
Helen Wells (Mimsy Farmer), une jeune Anglaise venue en Normandie pour louer une maison isolée en forêt, rencontre un groupe de chasseurs qui s'apprêtent à une battue au sanglier.
Ces sept hommes issus de la bonne société locale sont liés par des relations d'intérêts croisées.
Lors de la chasse, les grossiers frères Danville, Albert et Paul (Jean-Pierre Marielle et Philippe Léotard), croisent à nouveau par hasard la jeune femme…
Réalisation : Serge Leroy, assisté de Jean-Pierre Vergne
Scénario et dialogues : André-Georges Brunelin
Photographie : Claude Renoir
Montage : François Ceppi
Musique : Giancarlo Chiaramello
Production : Eugène Lépicier
Genre : Thriller
Durée : 95 minutes
Mimsy Farmer : Helen Wells, jeune universitaire de Caen
Jean-Luc Bideau : Philippe Mansart, gendre d'un sénateur, ambitionnant un mandat électif
Michael Lonsdale : David Sutter, riche propriétaire terrien
Michel Constantin : Le capitaine Nimier, ancien militaire, concessionnaire automobile
Jean-Pierre Marielle : Albert Danville, ferrailleur
Philippe Léotard : Paul Danville, frère cadet d’Albert, ferrailleur
Film rare quasiment invisible depuis sa sortie en 1975, "La Traque" de Serge Leroy ressort en DVD en version restaurée.
Ce thriller cinglant et féministe démontre les mécanismes de la violence collective avec brio.
Le message est encore tout à fait d’actualité en cette période MeTwo.
"La Traque" est en effet une métaphore radicale sur la culture du viol.
Littéralement, la femme devient une proie, la cible d'une battue organisée.
Le film ne dénonce pas, il se contente de montrer, tout en accordant un vrai statut à la victime.
La réalisation classique a certes un peu vieilli, mais son réalisme, et son ton glaçant peuvent encore séduire.
Les cadrages, souvent à l'épaule, se rapprochent de plus en plus de la victime au fil du métrage, tandis que le groupe de chasseurs devient une sorte d'abstraction, une implacable machine à tuer.
Les plans larges permettent de profiter de la beauté des extérieurs, et parfois d’isoler la jeune femme désespérée dans un cadre indifférent à sa détresse.
La photographie use de tons tristes et froids.
La lumière est douce, accentuant le contraste entre la violence et l’environnement bucolique.
Le montage est tranquille, suivant les dialogues, la tension monte progressivement, mais aucune scène n’accélère vraiment le rythme, le film se concluant dans la même atmosphère délétère…
Les décors présentent la nature normande (bois et marais) dans toute sa splendeur.
Comme une tragédie grecque, le film se déroule dans la même unité de temps (une journée), et de lieu (un village et ses alentours), où la beauté des paysages contraste avec la noirceur des individus.
Les costumes sont sobres et réalistes, rien à signaler à ce sujet.
Il n’y a quasiment pas d’effets spéciaux, si ce n’est un peu de maquillage sanglant.
Le casting est parfait, la bande de chasseurs est composée de « gros calibres » du cinoche français, interprétant leurs rôles avec un naturel désarmant.
Quant à l’actrice principale, Mimsy Farmer, elle est parfaite, elle s’accroche pour survivre, on ressent sa peur comme sa ténacité, l’identification fonctionne, et par empathie c’est le spectateur qui se retrouve traqué !
Mimsy Farmer est connue des amateurs du genre giallo pour ses films de Dario argento ou de Lucio Fulci.
Depuis qu’elle a stoppé sa carrière d’actrice, elle réalise des sculptures pour les décors de cinéma (Troie, Charlie et la Chocolaterie, Blueberry l'expérience secrète, La Boussole d'or, Les Gardiens de la Galaxie, Le Pacte des loups, etc)…
La musique du film (peu présente) n’est pas vraiment mémorable, on y prête pas trop attention, ou alors c’est juste moi qui n’y est pas été sensible.
En conclusion, c'est à la fois un des films les plus implacables sur la violence collective, une comédie de mœurs, un polar en milieu rural et un survival.
Serge Leroy, le réalisateur, parlait plutôt d'une critique acerbe de la bourgeoisie patriarcale campagnarde... imparable.
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