The last stop in Yuma county
L’Avis du FEFFS :
Un représentant de commerce, un duo de braqueurs et d’autres personnages improbables se retrouvent dans un diner perdu dans le désert, dans l’attente d’une livraison de carburant pour la station-service voisine.
La promiscuité va provoquer un enchaînement de situations regrettables.
Le huis clos opposant des individus lambda et des criminels en cavale peut s’apprécier comme un genre en soi.
Avec son écriture habile et sa galerie de personnages savoureux, The Last Stop in Yuma County marche dans les traces de ses illustres aînés, au rang desquels figurent, bien sûr, les œuvres des frères Coen.
Jim Cummings, primé à Strasbourg pour un de ses courts métrages, y trouve l’un de ses meilleurs rôles.
États-Unis – 2023 – 1h30 – VOST – Interdit aux -12 ans
Réalisation : Francis Galluppi
Producteurs : Francis Galluppi, David Guglielmo
Scénariste : Francis Galluppi
Acteurs : Jim Cummings, Faizon Love, Jocelin Donahue
Mon Humble Avis :
Dans un endroit isolé du désert du comté de Yuma, en Arizona, dans les années 1970, un vendeur de couteaux ambulant s'arrête à une station-service.
Vernon, le préposé de la station et du motel, l'informe que les pompes de la station sont à sec et qu'il n'y a pas d'autres stations-service à plus de 150 km à la ronde, mais qu'un camion de ravitaillement devrait arriver bientôt.
À la radio, le vendeur entend parler d'un vol de banque plus tôt dans la matinée à Buckeye, où les voleurs se sont enfuis avec environ 700 000 $ dans une Ford Pinto verte à l'arrière endommagé.
Charlotte, une serveuse du restaurant voisin, est déposée par son mari Charlie, qui est le shérif local ; elle ouvre le restaurant et accueille le vendeur.
Lors d'une conversation avec Charlotte, il mentionne qu'il est en route pour Carlsbad, en Californie, pour l'anniversaire de sa fille Sarah.
Peu de temps après, les deux braqueurs de banque, Travis et Beau arrivent dans une Pinto verte, que le vendeur reconnaît comme correspondant à la description de la voiture qui a pris la fuite lors du braquage du Buckeye.
Il fait part de ses soupçons à Charlotte, qui essaie d'appeler son mari au commissariat de police, mais Beau la devance et coupe le cordon téléphonique avant que Charlotte ne puisse dire un mot au shérif.
Les braqueurs, sous la menace d'une arme, la forcent, ainsi que le vendeur, à continuer à se comporter normalement, jusqu'à ce que le camion-citerne arrive, ou que quelqu'un d'autre avec suffisamment de carburant dans sa voiture s'arrête.
À l'insu de tous les clients du restaurant, le camion n'arrivera jamais, car il a quitté la route et est renversé à plusieurs kilomètres de là…
Il s’agit du premier film de Francis Galluppi, réalisateur repéré par Sam Raïmi pour le prochain Evil Dead !
Le message aborde la question épineuse de la facilité d’accès aux armes aux USA.
En effet, si presque tous ces personnages n’étaient pas armés, les choses n’auraient certainement pas dégénérées à ce point…
La réalisation évoque beaucoup celle des premiers films des frères Cohen, Blood Simple, Arizona Junior, etc…
Les cadrages sont souvent des plans en mouvement, mais assez lent, jamais tremblotant.
Un emploi du ralenti avant le massacre renforce la tension.
Des plongées sur les personnages insistent sur le destin qui les écrase sans lueur d’espoir…
La photographie fait dans les tons jaune et orange (logique en plein désert), avec un léger contrejour en intérieur, du aux rayons du soleil filtrés par les volets vénitiens.
La lumière est douce, mais avec de belles ombres.
Le montage est lent, suivant le rythme des dialogues.
La scène de fusillade est malgré tout exemplaire, très sèche et réaliste.
Les décors sont en huis-clôt dans le Diner, avec de rares sorties devant la station-service attenante, et quelques passages en plein désert.
Le Diner est bien décoré, avec des accessoires typiques du coin, notamment un grizzly empaillé, qui n’a plus rien à foutre de ces humains qui s’entredéchirent !
Les costumes sont contemporains et réalistes, rien à signaler si ce n’est le tee-shirt ridicule (et légèrement trop petit) d’un des bandits, arborant un magnifique « Big-Foot for president » !
Les SFX se contente de représenter les impacts de balles, et d’une spectaculaire explosion d’essence, tout ça réalisé devant la caméra sans rajout numérique.
Le casting est le point fort du métrage.
Certains ont de bonnes têtes de loosers, dont nos deux Pieds-Nickelés de gangsters !
Richard Colin Drake qui incarne le plus méchant des deux, était dans les Halloween de Rob Zombie, dans le Mandalorien, et dans Games of Thrones il jouait le roi de la nuit.
Jim Cummings est un acteur, réalisateur, scénariste, producteur et compositeur, ayant eu de nombreux courts et longs métrages primés dans des festivals (y compris au FEFFS).
Il incarne ici un personnage surprenant, assez mystérieux, aux abords BCBG mais dont on se demande s’il cache quelque chose…
Des personnages le comparent au « travelo dans Psychose d’Hitchcock », ce qui est plutôt bien vu !
Jocelin Donahue est une actrice et mannequin surtout connue pour le rôle de Samantha Hughes dans le film d'horreur de Ti West « The House of the Devil », elle est ici parfaite en serveuse courageuse.
Le gros black Faizon André Love a un charisme tranquille.
L’acteur qui incarne le bandit neuneu (Nicholas Logan) est excellent, de même que celui qui joue le sheriff plouc (Michael Abbot Jr).
Notons aussi un petit rôle de standardiste de la police pour l’actrice culte du genre fantastique Barbara Crampton (Reanimator, From beyond).
La musique du générique de début est sublime, elle ressemble à celle d’un giallo italien des années 60 !
La bande originale est très présente, le suspens est rendu au violoncelle, et des percussions s’occupent de remplir l’atmosphère.
On entend de la country en diégétique.
En conclusion, thriller policier intelligent et bien construit avec quelques rebondissements inédits, The Last Stop in Yuma County fait du scénariste-réalisateur Francis Galluppi un talent à surveiller…
Voici la liste des autres films vus par la Gonel Zone :