Nomads

(La mort venue du néant)

 

 

L’Avis du FEFFS : 

Un anthropologue est admis dans un hôpital de Los Angeles avec de multiples blessures.

Sur le point de succomber, il révèle son secret à une femme médecin : une horde de créatures démoniaques parcourt les rues.

Pour son premier long métrage, John McTiernan s’attache à dépeindre une communauté violente et interlope au cœur même de la cité.

Dans ce film, il pose déjà un regard cynique et distancié sur un univers fantastique saisissant.

Pierce Brosnan y trouve son premier rôle de cinéma.

 

États-Unis – 1986 – 1h31 – VOST

Réalisation : John McTiernan

Acteurs : Pierce Brosnan, Lesley-Anne Down, Anna-Maria Monticelli

 

Mon Humble Avis :

 

Dans un hôpital de Los Angeles, au service des urgences, le docteur Flax est au chevet d'un blessé, Jean-Charles Pommier, que les policiers viennent d'amener.

Elle demande à ces derniers de quitter la chambre.

Restée seule au chevet du blessé, elle est bientôt comme hypnotisée par les yeux fixés de l'homme.

Soudain, celui-ci lui saute dessus, la blesse et meurt aussitôt…

Mais avant de mourir, il révèle son étonnant secret à la jeune femme médecin : cet anthropologue français a été assassiné après avoir découvert l'existence de créatures démoniaques…

 

En 2011, le film figure dans l'ouvrage « Fangoria's 101 Best Horror Movies You've Never Seen », hors-série du célèbre magazine américain Fangoria, spécialiste des films de genre fantastique, il y a donc forcément un intérêt à le (re)découvrir aujourd’hui...

 

McTiernan a fondé Nomads sur le sentiment d’étrangeté qu’il éprouva, lui l’homme de l’Est, en s’installant à Los Angeles, y voyant un monde faux, artificiel, avec des gens déracinés.

Il s’amusa alors à imaginer que certains « autochtones » n’étaient pas réels

 

Le message est aussi presque prophétique de la chute de McTiernam à LA, avec son héros étranger dont le destin est écrasé par des forces démoniaques !

 

Le film est la première réalisation de John Mc Tiernam en 1986, exercice sur la schizophrénie et la paranoïa, dans une ambiance satanique étrange, digne d’un David Lynch.

 

Les cadrages sont en mouvement, avec déjà la fluidité propre à McTiernam.

On retrouve  le principe formel de tous les films de McTiernan : l’objectif de la caméra devient l’œil mi-affolé, mi-fasciné, du spectateur-témoin, plongé au cœur de l’action.

 

La photographie privilégie des ambiances nocturnes urbaines et mystérieuses, mais lisibles malgré l’obscurité.

Même de jour c’est assez peu coloré, donnant une atmosphère froide à Los Angeles.

Les nostalgiques des années 80 apprécieront beaucoup ces images léchées aux éclairages sophistiqués, malgré le budget restreint.

 

Le montage est curieusement plutôt calme (on ne sent pas encore le futur spécialiste des films d’action), mais convient bien aux atmosphères inquiétantes du scénario.

Il y a quand même quelques fulgurances, lors des moments de folie, ou de poursuite.

 

Le tournage a lieu en 1984, en Californie, notamment à Santa Monica (la jetée face à la mer) et à Los Angeles (les avenues la nuit, l’hôpital central).

Les décors donnent à voir le lieu réel de l’action, sous un angle original grâce à la photo, contrairement à beaucoup de films récents qui sont au contraire tournés au Canada alors qu’ils sont censés se dérouler aux USA…

 

Les costumes sont réalistes, mais donnent quand même à voir quelques looks bien ringards des années 80, surtout en coupe de cheveux.

Les satanistes gothiques (une tribu maléfique qui a pris l’apparence de voyous californiens) semblent sortir de Mad Max 2, on se croirait dans un clip !

 

Les SFX ne sont pas beaucoup présents, on voit juste quelques maquillages sanglants bien sages.

 

Le casting est le point fort du film, le couple principal a vraiment du charisme.

Gérard Depardieu était le premier choix pour incarner Jean-Charles Pommier.

Après le refus de l'acteur français, la production se tourne alors vers l'Irlandais Pierce Brosnan.

Il n'a à l'époque jamais tenu de premier rôle au cinéma mais est connu pour la série télévisée « Les Enquêtes de Remington Steele ».

Il joue avec un accent français atrocement faux, on peine à reconnaitre notre langue lorsque les acteurs américains sont censé en prononcer quelques mots.

Dans la version française du film, le personnage incarné par Pierce Brosnan n'est pas français mais allemand, et ne s'appelle pas Jean-Charles Pommier mais Johnny Baumann.

Le doubleur français fait donc de même mais avec un faux accent allemand, tout aussi mauvais !

Lesley-Anne Down (qui joue le docteur Flax) est une actrice britannico-américaine, connue pour « La grande attaque du train d’or », « Les derniers jours de Pompéi », ou « Les oiseaux se cachent pour mourir »...

Elle a une présence indéniable à l’écran, malheureusement réduite, puisque le film est surtout un flash-back sur ce qui est arrivé au personnage de Pierce Brosnan.

Il y a aussi une nonne bien creepy avec un regard qui glace le sang…

Notons que John McTiernam fait un caméo en tant que professeur de Boston au téléphone (c’est seulement une voix).

 

La musique de Bill Conti est assez datée, et loin d’être aussi culte que pour Rocky ou Karaté Kid…

On entend aussi beaucoup de bon rock années 80, avec des riffs de guitares électriques endiablées !

Ce sont surtout des effets de bruitages et de montage qui nous font sursauter.

 

Impressionné par son travail sur ce film au budget assez modeste, Arnold Schwarzenegger insista pour que la réalisation de Predator soit confiée à John McTiernan, comme mentionné dans ses mémoires intitulées "Total Recall".

En conclusion, ce petit film fantastique (remarqué au festival d’Avoriaz en 86) mérite vraiment le détour pour les afficionados du réalisateur, comme pour les amateurs de frayeur psychologique.