Primitifs
(Sasquatch Sunset)
L’Avis du FEFFS :
Au cœur de la forêt, une famille de Bigfoot mène une existence discrète.
Ces créatures singulières, peut-être les dernières de leur espèce, se lancent dans un voyage à la fois absurde, hilarant et émouvant.
Mais réussiront-elles, tout au long de cette aventure riche en défis, à échapper à la civilisation moderne ?
Primitifs est un film unique en son genre.
Pour ce projet, l’acteur et producteur Jesse Eisenberg a consacré plusieurs semaines à étudier le comportement animal, à développer l’expression émotionnelle non verbale et à imaginer comment un Bigfoot interagirait avec son environnement.
Un film déjanté, mais loin d’être aussi innocent qu’il en a l’air.
États-Unis – 2024 – 1h28 – dialecte Sasquatch – Interdit aux -12 ans
Réalisation : David et Nathan Zellner
Producteurs : Jesse Eisenberg, David Zellner, Nathan Zellner
Scénariste : David Zellner
Acteurs : Jesse Eisenberg, Riley Keough, Christophe Zajac-Denek
Mon Humble Avis :
Dans la nature sauvage du nord de la Californie vivent quatre Sasquatch nomades : le mâle alpha brutal, sa compagne, son fils mâle et un autre mâle adulte.
Ils passent leurs journées à explorer, à chercher de la nourriture et à effectuer des rituels où ils tambourinent avec des branches, dans l'espoir d'obtenir une réponse des autres Sasquatch…
Le film nous propose un cours d’anthropologie sur le « chainon manquant » entre le singe et l’homme…
Le message aborde d’emblée le respect de la nature au travers de la vie quotidienne des sasquatchs, leurs péripéties venant de choses simples, issues de l’action humaine sur l’environnement.
Il aborde aussi les réactions instinctives de peur, puis de haine, vis-à-vis de ce qu’on ne comprend pas…
La réalisation mélange le documentaire animalier et la comédie pince sans rire, pour un résultat finalement plus émouvant que ce qu’on attendait de prime abord…
Les cadrages privilégient les plans fixes (voire les plans séquences), avec de rares travelings (effectivement difficiles à mettre en place dans les bois).
On voit des plans hyper larges sur la nature, et des gros plans sur toutes sortes d’animaux en interaction avec les big foot.
Il y a une courte scène en split-screen assez amusante.
La photographie a une prédominance des couleurs verte et brune, à cause de la forêt et du pelage des protagonistes.
La lumière fait de belles diffractions au travers des feuillages.
Le montage est lent, au rythme des gags visuels, mais retranscrit globalement la monotonie répétitive de la vie des primitifs, se contentant d’assouvir leurs besoins primordiaux.
Les décors sont essentiellement une forêt de sapins en montagne, où coulent quelques ruisseaux.
La nature (sans doute un parc naturel préservé) est sublime, surtout quand la brume s’accroche aux arbres à l’aube.
On assiste au passage des quatre saisons.
Il n’y a pas de vraiment de costumes puisque les big-foot sont « à poils », la bite à l’air !
Il s’agit de maquillages intégraux irréprochables, mais les personnages sont difficiles à distinguer les uns des autres, du moins au début du film.
Avec leurs rides sur le front, ils ont presque des visages de klingons de Star Trek !
Les SFX représentent aussi du faux vomi collé aux poils, un cadavre lacéré par des griffes, un bébé animatronique, et évidemment du pipi-caca, pour marquer leur territoire, ou jeter sur les ennemis !
Le casting a beaucoup bossé.
Jesse Eisenberg est un acteur, dramaturge, réalisateur et romancier, surtout connu pour Bienvenue à Zombieland, Social network, et Insaisissables.
Pour aider les acteurs à se préparer pour leurs rôles, Eisenberg a fait appel à Lorin Eric Salm, coach de mouvement et de mime, avec qui Eisenberg s'était entraîné pour jouer le mime français Marcel Marceau, dans le long métrage Résistance.
Avant le tournage, dans ce qui a été surnommé « Sasquatch School » ou « Ape Camp », Salm a travaillé avec les acteurs pour explorer le comportement du Sasquatch, et établir un mouvement cohérent pour les créatures, afin qu'elles semblent toutes appartenir à la même espèce.
S'inspirant à la fois des primates et de la tradition Bigfoot, il les a aidés à trouver un équilibre entre les mouvements humains et ceux des singes.
Le travail comprenait la création d'une marche, l'apprentissage du comportement animal, le développement de l'expression émotionnelle non verbale, et l'exploration de la façon dont un Sasquatch pourrait interagir avec des objets inconnus.
Les séances de mouvement se sont également concentrées sur les nuances de la vie quotidienne du Sasquatch et sur sa manière de manger, et c'est au cours de cette période d'entraînement que leurs vocalisations et leurs formes de communication ont été choisies.
Leur langage n’est que cris, ce qui n’est pas arrivé au cinoche depuis La guerre du feu de Jean-Jacques Annaud.
Ils ont toujours un air absent, comme peuvent l’avoir des animaux sans conscience d’exister.
Leurs émotions sont comme « en devenir »… on a parfois du mal à les interpréter, même avec le langage corporel (limité aussi par des costumes lourds à porter).
Le scénario essaie constamment de relancer l’intérêt, par de mini sketches, pour ne pas perdre le spectateur.
La musique est champêtre, on y entend surtout de la harpe, de la flute et de la guitare, parfois électrique.
Les mélodies sont douces et tendres, légèrement nostalgiques.
Il y a des percussions métalliques et des trompettes dissonantes dans les quelques moments de suspens, qui évoquent les compositions de Jerry Goldsmith pour La planète des singes.
Cela se retrouve aussi dans les moments d’étrangeté due à l’influence humaine…
En conclusion, pour un public en phase avec la longueur d'onde tout à fait unique des Zellner, Sasquatch Sunset offre un regard émouvant, bien que souvent impénétrable, sur notre relation avec le monde naturel.
C’est un OFNI (objet filmique non identifié) étrange… mais tout à fait fascinant !
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