Something in the dirt
Pays : Etats Unis
Année : 2022
Durée : 1h56
Réalisation : Justin Benson, Aaron Moorhead
Acteurs : Justin Benson, Aaron Moorhead
Aidé de son voisin, Levi cherche à comprendre les phénomènes surnaturels qui frappent son nouvel appartement.
Tous deux font de leur enquête un documentaire censé les rendre riches et célèbres.
Mais une paranoïa grandissante entame leur amitié naissante…
Justin Benson et Aaron Moorhead reviennent avec un film de science-fiction mélancolique et ensorcelant.
Mon Humble Avis :
Le message du film peut être un pied de nez aux complotistes du net et autres numérologistes qui voient des signes partout, mais il est difficile de tirer une seule interprétation de ce foisonnement d’idées et de pistes non résolues…
La réalisation imite les mauvaises téléréalités qui reconstituent les évènements après coup avec des acteurs, montés avec des interviews de soi-disant spécialistes commentant les informations, et des inserts d’images d’archives et autres animations explicatives.
Micro-budget filmé en vidéo pendant les confinements du covid, le film est aussi un manifeste de résistance, par deux fondus prêts à tout pour faire du cinéma quelque soient les restrictions : ils font tout, écrivent, produisent, réalisent, et sont quasiment les deux seuls acteurs à l’écran.
Les cadrages sont plutôt simples, privilégiant les gros plans ou plans poitrine à cause du décor réduit.
Mais le film joue aussi beaucoup avec le hors cadre, suggérant parfois plus qu’il ne montre.
Du steadycam s’apparente parfois à du « shaky-cam », mais pas autant que dans Blair Witch Project.
La photographie est assez moche, plate et achrone.
C’est surement voulu pour imiter les documenteurs dont cela se moque, mais n’empêche que ça reste moche.
Le montage est plutôt tranquille, suivant les dialogues.
Se filmant tout seuls, les deux réals ne peuvent multiplier les angles.
Il y a un assez bon sens du rythme pour ce qui est de l’humour de situation, et parfois des gags de répétitions (la chute du téléphone par exemple).
Les décors sont réduits aux appartements des deux personnages, principalement, à la cour en bas de chez eux, et à quelques rues de L.A., la seule incursion montrant une ruine en plein désert et une plage.
Les costumes sont réalistes et sobres, mais Levi a tout de même un look bien à lui, entre SDF hippie et adulescent attardé.
Les SFX numériques sont sommaires mais suffisants pour le récit, lumière surnaturelle, objets lévitants, ça permet de rendre les hypothèses de nos apprentis documentaristes intrigantes, nous faisant chercher avec eux l’explication dont on ne fait que s’éloigner !...
Le casting est donc surtout composé de Justin Benson et d’Aaron Moorhead, et force est de constater qu’ils sont incroyablement bons :
Ils rendent leurs personnages tout autant attachants qu’inquiétants, jouant sur leurs zones d’ombre pour nous captiver davantage.
Finalement, la rencontre des deux anti-héros attardés et la naissance puis l’érosion de leur amitié devient plus passionnante que le mystère surnaturel, et c’est bien grâce à leurs interprétations.
Notons pour le public LGBTQ+ que l’un des héros est homosexuel, alors que l’autre se dit asexuel, mais est pourtant accusé de crimes sexuels (juste pour avoir pissé sans s’en rendre compte contre le mur d’une crèche) !
La musique fait dans l’expérimental, dans l’électronique sériel, rajoutant à l’atmosphère bizarre de l’ensemble, mais avec une touche de bonne humeur.
En conclusion, Justin Benson et Aaron Moorhead sont assurément très doués, ils regorgent d’idées foldingues, mais si l’on suit leurs pérégrinations sans déplaisir grâce à un savant dosage de questionnements sérieux et de dérision cynique, on se demande finalement si tout cela n’était pas un peu vain ?
D’après les connaisseurs, on ne peut juger leur œuvre à un seul film, puisqu’ils les conçoivent comme tous reliés les uns aux autres !
Il me faudra donc patienter avant de me faire une idée de l’ensemble…
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