Superposition
Danemark – 2023 – 1h38
Réalisation :
Karoline Lyngbye
Acteurs : Marie Bach Hansen, Mikkel Boe Følsgaard, Mihlo Olsen
Un couple de trentenaires décide de quitter Copenhague avec leur fils.
Ils s’isolent dans une forêt suédoise pour plusieurs mois dans le cadre d’une expérience sociale.
Toutefois, ils découvrent rapidement qu’ils ne sont pas seuls dans ce lieu reculé.
Un double parfait de la famille vit de l’autre côté du lac.
Karoline Lyngbye se prête au récit de doppelgänger sans verser dans le fantastique débridé.
Superposition explore les enjeux du monde contemporain, les rapports de couple et les problèmes d’identité.
Sous couvert de surréalisme, le film s’attache à une question presque philosophique : qu’aurions-nous à dire à notre autre moi ?
Mon Humble Avis :
Ce film a déjà été primé d’un Méliès à Lisbonne, saura-t-il réitérer cet exploit au FEFFS ?
Il aborde le thème du doppelgänger, non sur le mode horrifique, mais plutôt sur un axe réaliste et sociétal.
Le message propose une réflexion sur l’identité individuelle au sein du couple : peut-on réellement être soi-même à deux ?
La sincérité totale est-elle bonne en amour ?
L’isolement social du couple écolo ressemble quand même à de la philosophie de comptoir pour bobos jugeant les autres depuis leur piédestal… est-ce une moquerie cynique ou de la naïveté de la part de la réalisatrice ?
Difficile à dire…
Le labyrinthe spatio-temporel dans lequel les personnages sont coincés ne répond que peu aux questionnements politiques, et ne fait que poser des questions ouvertes vis-à-vis de la psychologie de couple.
La réalisatrice présente là son premier métrage, aussi lui pardonnera-t-on ces quelques errances dialectiques, pour se concentrer sur la mise en images de ce scénario, qui reste par ailleurs original et passionnant.
Les cadrages usent de nombreux plans larges isolant les personnages dans une nature inquiétante et mystérieuse.
Il y a des avants plans avec souvent des jeux de transparence (au travers de vitres par exemple).
La grammaire cinématographique est sobre, mais élégante, on utilise le steadycam mais sans le secouer à outrance.
La photographie naturaliste emploie un drone pour les plongées de l’introduction.
Les couleurs bois sont mises en valeurs, avec une lumière douce.
Les plans nocturnes ne sont pas très lisibles.
Le montage n’est pas trop lent, bien que l’action tarde à venir quand même…
L’atmosphère et le réalisme psychologique sont privilégiés, donc on trouve beaucoup de champs/contrechamps pour les dialogues.
Au final, les péripéties sont plus complexes que prévues, mais sans qu’on ressente pour autant une accentuation du rythme, il reste calme jusqu’au bout.
Les décors montrent une nature danoise enchanteresse, on voit des plans magnifiques avec le ciel se réfléchissant sur l’étang, ou les pierres couvertes de mousse en forêt.
Les costumes sont réalistes, il n’y a rien à signaler de particulier à leur sujet, si ce n’est qu’ils apportent quelques touches de couleurs dans une image par ailleurs désaturée.
Les SFX servent surtout à placer les doubles ensemble à l’écran, c’est propre, mais rien de bien nouveau dans ce domaine.
Le cliché du reflet de miroir agissant différemment fonctionne, car la peur de l’héroïne est communicative.
Le casting n’emploie que 3 acteurs, le couple et l’enfant.
Leur jeu est naturel, la tension dans le couple après un adultère est bien rendue.
Par contre, les effets de voix off provenant de leur podcast sont un peu irritants.
L’originalité de l’entente avec des doubles qui ne sont pas des versions maléfiques, mais de simples personnes ordinaires comme les originaux, nous amène dans une direction scénaristique imprévisible et rafraîchissante.
La musique est très peu présente.
Dans les moments de suspens, il y a des percussions sourdes et des violoncelles graves… ça ressemble plus à des brames de cerfs qu’à une mélodie !
En conclusion, cette histoire d’univers parallèles se chevauchant a des développements suffisamment inattendus pour rendre le métrage intéressant jusqu’à sa toute fin.
Le suspens fonctionne tout du long, même s’il ne s’agit que d’un film concept qui prend son temps…
Mais une question demeure :
Si le chien du couple se nomme Tarzan, celui des doppelgängers s’appelle-t-il Chitah ?
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