The Surfer

 

L’Avis du FEFFS :

 

Un homme amène son fils surfer sur la plage de son enfance, dans un coin idyllique d’Australie.

Il s’en voit interdire l’accès par un gang de surfeurs et son leader. 

Il décide alors de se battre pour reconquérir ce territoire perdu, quitte à sombrer progressivement dans la folie.

Nicolas Cage, totalement habité comme à son habitude, plonge passionnément dans ce récit halluciné où l’espace et le temps finissent par se confondre.

Après Vivarium, Lorcan Finnegan flirte à nouveau avec le fantastique, engageant ses personnages dans un univers où repères, frontières et limites se confondent dans un maelström cauchemardesque.

 

Australie/États-Unis – 2024 – 1h40 – VOST — Tous publics, avec Avertissement

Réalisation : Lorcan Finnegan 
Producteurs : Robert Connolly, Brunella Cocchiglia
Scénariste : Thomas Martin
Acteurs : Nicolas Cage, Julian McMahon, Nicholas Cassim

 

Mon Humble Avis :

 

Accompagné de son fils adolescent, un père divorcé revient sur la plage d'Australie-Occidentale où il se rendait enfant pour surfer.

Il souhaite lui montrer ses lieux et envisage de racheter l'ancienne maison de son grand-père.

Mais les souvenirs et la nostalgie sont gâchés par un groupe d'autres surfeurs dirigé par Scally.

Ils leur interdissent l'accès à la fameuse plage et s'amusent à provoquer le père.

Bien décidé à ne pas renoncer, ce dernier va devoir les affronter pour pouvoir y accéder tout en regagnant l'estime de son fils…

 

Le film est présenté en hors compétition en séance de minuit au festival de Cannes 2024.

Durant cette séance, les spectateurs explosent de rires lors de la séquence du rat, qui restera à un grand moment de cette 77e édition du festival de Cannes.

À la fin de la projection, après une standing ovation de près de 6 minutes, Nicolas Cage, très touché, prend le micro et hurle « Mangez le rat !!! Manger le rat ! », en référence à cette séquence, sous les acclamations du public !

En fait, depuis 2010, c’est de moins en moins rare de retrouver Nic cage dans un bon film (Kick ass, Colour out of space, Un talent en or massif, Dream scenario, par exemples).

Les réalisateurs de films d’auteur indépendants se sont souvenus de son jeu de ses débuts, parfois outré, mais toujours dédié à 100% au film, et plus accessible aujourd’hui pour les productions à petits budgets.

 

Le message aborde la question de la seconde chance, et de la détermination à réaliser ses rêves…

Est-on défini par ses biens et propriétés matérielles ou par la force de ses passions ?

Au final, que restera-t-il de nos misérables vies ?

 

La mise en scène du réalisateur irlandais Lorcan Finnegan (Without name, Vivarium, Nocebo effect) lorgne ostensiblement vers une bonne vieille série B des seventies.

Elle est habile et nerveuse, et permet au suspens psychologique de se déployer à la limite du fantastique (on songe à une boucle temporelle), sans ennuyer le public une seule seconde.

 

Les cadrages sont audacieux, usant de gros plans sur la faune et la flore – elles aussi comme liguées contre le héros –, et de flous psychédéliques.

Les plans larges isolent les personnages dans des décors naturels immense et vide.

Les gros plans détaillent les expressions outrées de Nic Cage.

Les hyper gros plans sur les animaux rappellent aussi la méthode de Terrence Malick (Les moissons du ciel, La ligne rouge, L’arbre de la vie…) qui fait relativiser l’importance des tragédies humaines face à l’indifférence de la nature.

 

La photographie utilise des tons jaunes et bleu/vert, pour magnifier le cadre de l’action, et surtout retranscrire la chaleur écrasante ressentie par les personnages.

Pour cela, elle emploie aussi des flous, des diffractions, ou des lens flare.

 

Le montage est nerveux, on rentre vite dans le sujet.

Une fois passée la rapide exposition des enjeux, l’intrigue décrit une errance, donc le développement traîne un peu plus, mais avec une multiplication de péripéties et un montage toujours soutenu.

 

Les décors naturels sont superbes, des scènes à Yallingup en Australie-Occidentale.

Les prises de vues ont également lieu à Margaret River, Busselton et Perth.

La plage est ocre, la mer verte, on voit une cabane de surfeurs, un parking, des chiottes crados, un cabanon de street food, et les collines avoisinantes.

Le budget décor n’a donc pas été des plus importants.

 

Les costumes contemporains sont réalistes, les surfeurs ont un côté hippie relax, et l’aspect initial coincé du salary-man se dégrade vite en haillons de clodo défoncé…

 

Les SFX ont juste à illustrer des blessures légères de bagarres, et un faux cadavre de rat.

Des déformations numériques de l’image lui donnent un rendu liquide lors de la prise d’une drogue.

 

Nicolas Cage est comme d’habitude habité par son rôle, et en roue libre sur plusieurs séquences.

Il est presque de tous les plans, intense et émouvant dès le début.

L’indentification du public est immédiate.

Comme Nic est un vrai looser, il peut user de ses propres blessures psychologiques pour nourrir son interprétation.

Il réussit ainsi l’invraisemblable compromis d’être à la fois caricatural et authentique dans son jeu !

Julian McMahon est un acteur et ancien mannequin australien que l’on connait d’abord par des séries (Charmed, Nick-Tup, Profiler), avant de le voir dans les Quatre fantastiques.

Ici il joue l’antagoniste et doit redoubler d’efforts pour être au niveau du délire de Cage.

Mais il y parvient sans peine grâce à sa forte présence virile.

 

La musique de Franc Tétaz est excellente, c’est une vraie composition avec des thèmes, à l’époque où tant de BO sont seulement atmosphériques, qui apporte emphase et mystère.

François " Franc " Tétaz est un compositeur, producteur et mixeur australien, d’origine suisse, qui a remporté le prix de la "Mélodie de long métrage de l'année" de l' Australasian Performing Right Association (APRA) / Australian Guild of Screen Composers (AGSC) en 2006 pour la BO du film « Wolf Creek ».

Il est capable de mélanger des influences de genres très variés (pop , expérimental , classique , musique du monde , industriel , électronique , ou rock).

 

En conclusion, malgré son petit budget (une poignée d’acteurs en décors naturels) the Surfer réussit le pari de nous passionner pour son récit, par le soin apporté à la définition de ses personnages, et par l’authenticité de son interprétation.

 

 

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PALMARES 2024

 

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