EEGA
Pays de production : India
Année de production : 2012
Durée : 145
Genre : action,out of control SF
Réalisateur : S.S. Rajamouli, J.V.V. Sathyanarayana
Scénario : S.S. Rajamouli
Cast : Sudeep, Nani, Samantha Ruth Prabhu
Avez-vous déjà vu un homme se réincarner en mouche et chercher à venger sa mort ? Si ça n'est pas le cas, l'Indien S. S. Rajamouli l'a mis en images pour vous ! Makkhi (Eega), c'est la démesure kitsch et assumée dont seule Bollywood a le secret. De son pitch improbable, le film parvient à tenir toutes ses promesses et offre des scènes au rythme frénétique d'ores et déjà cultes ! Une chose est sûre: vous ne verrez plus jamais les mouches de la même manière !
L’AVIS DU BIFFF
Enorme production indienne aux effets spéciaux bluffants, Eega est un monstre d’énergie qui lamine la plupart des blockbusters US ! Une idée complètement barrée et assumée de bout en bout, une méga star bollywoodienne - Sudeep - qui se fait mettre minable par un insecte, une photo incroyablement colorée, à mille lieues du lointain cousin Cronenberg… Bref, en un mot : folevwarabsolument !!!
Mon humble avis
« Le premier film où une mouche a merde va vraiment foutre sa merde ! », nous annonce le présentateur, avant la séance, et il n’a pas tort, beaucoup plus que dans « La mouche noire », ses suites
et remakes, où la mouche se retrouvait dans le téléporteur par hasard, celle-ci est par contre vraiment enragée, mais elle a de quoi.
Le message d’Eega est sur la réincarnation, l’amour plus fort que la mort, et sur le fait qu’aucun combat n’est impossible à un cœur vaillant !
…Mais avant tout, Eega c’est surtout du n’importe quoi pelliculé, prétexte à des scènes spectaculaires, débordantes d’émotion et d’humour.
Très moderne, la réalisation s’installe d’abord dans un classicisme propre à Bollywood, avant d’exploser d’idées et d’outrances (jusqu’au fameux plan final de l’œil, tiré d’ « Un chien andalou »,
le court métrage muet surréaliste réalisé en noir et blanc par Luis Buñuel en 1929 sur un scénario de Salvador Dali).
Tout sert l’histoire, la moindre information de l’exposition sera utile par la suite, dans une efficacité
impressionnante.
On trouve beaucoup de variété de cadres, même du « Point-Of-View » si à la mode, avec les effets des facettes dues aux yeux de la mouche.
Il y a aussi de la caméra volante (avec des effets pour une projection en 3D très rentre-dedans), dans le style de l’animation en synthèse américaine.
Il y a même de très très gros plans, avec des perspectives renforcées, des plongées, et des contre-plongées vertigineuses.
La photographie est bien claire, léchée et pro.
Toutes les formes sont bien détourées, lisibles (sûrement pour les besoins de la 3D).
Cette photographie utilise des couleurs vives, ce qui donne une impression de gaieté, renforçant le second degré du film.
Le montage est speed, dégraissé, clippesque, il n’y a aucun temps mort, tout sert le récit efficacement, on rigole, on frémit (si, si !), et on ne voit pas le temps passer.
Les décors montrent la vaste maison du riche méchant, le petit appartement de l’héroïne, les rues bondées de monde,
il ne s’agit que de lieux routiniers, mais que la différence d’échelle rend innovants, le moindre objet du quotidien devenant source d’aventures, comme dans de nombreux films ayant exploré
l’infiniment petit auparavant : « L’homme qui rétrécit » de Jack Arnold, en 1957, ou « Chérie j’ai rétréci les gosses » de Joe Johnston, en 1989, par exemple…
Les films indiens nous avaient habitués à leurs magnifiques costumes traditionnels, mais ce film fait exception, car il montre la vie moderne actuelle, tout en
gardant quand même les couleurs chatoyantes de l’Inde.
Les effets spéciaux présentent des hyper-gros plans, et de l’image de synthèse, pour la mouche et ses micro-décors.
Il y a une intégration parfaite de ces éléments avec la réalité (même au ralenti permettant de détailler les images).
On trouve aussi des effets pyrotechniques, gores, de câbles, et c’est toujours de la belle image.
Personnellement, je garderai longtemps en mémoire (phobie oblige) ces oiseaux monstrueux particulièrement horribles !
C’est Sudeep, l’acteur qui joue le méchant, qui porte le film sur ses épaules (malgré l’animation très impliquante
de la mouche), entre surjeu démesuré, et réel charisme, il donne de sa personne constamment, dans des scènes où il est tour à tour inquiétant ou pathétique.
Les comédiens qui font les gentils sont cools, et feront sûrement carrière, mais on ne trouve pas de grande star de Bollywood au
générique.
Il faut noter que l’intégration des chansons est beaucoup plus travaillée que d’habitude : les clips dans Bollywood sont toujours le reflet des pensées ou de l’état d’esprit des personnages, mais agissent souvent comme des interruptions, des pauses narratives, il n’y a pas de ça ici, les paroles des chants sont réellement comme des voix off des personnages, et le film se poursuit au rythme de la musique, de façon plus harmonieuse.
En conclusion, on passe un agréable moment dans ce film fourre-tout (action, drame, romance, fantastique, SFX…), où il est impossible de s’ennuyer.
On rigole (d’un humour plus volontaire que d’habitude avec Bollywood), et c’est l’essentiel !
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Critique de NIGHT ON THE GALACTIC RAILROAD