END OF ANIMAL

 

pays de production : South Korea
année de production : 2010
durée : 114
genre : science-fiction,arthouse
réalisateur : Sung-Hee Jo
scénario : Sung-Hee Jo
distribution : Min-Ji Lee, Hae-il Park, Sae-Jong Park…

AVIS DU NIFFF

End of Animal aborde de manière innovante le thème de la fin du monde. Exempt d’effets spéciaux outranciers, il plonge le spectateur dans un espace-temps figé, à la fois jouissif et éprouvant pour les nerfs. Un film catastrophe cauchemardesque radicalement éloigné d’Armageddon et autres films à gros budget sensationnels hollywoodiens.

Le réalisateur est né en 1979. Jo Sung-hee étudie le design industriel à l’Université de Séoul. Il travaille ensuite pour plusieurs compagnies en tant qu’assistant réalisateur, contribuant à des clips musicaux et à des animations. En 2008, il est admis à la Korean Academy of Film Arts (KAFA) et gagne le 3ème prix de la Cinéfondation au Festival de Cannes en 2009 avec son moyen métrage Don’t Step out of the House. End of Animal marque ses débuts – remarquables – dans l’univers du long.

MON HUMBE AVIS

Il faudra s’intéresser aux projets de ce jeune réalisateur car son premier film est très prometteur.
On peut le comparer au « Jour de la bête » par son thème sur la naissance imminente de l’antéchrist, et son traitement original de ce thème classique, or lorsqu’on voit la carrière qu’a fait Alex de la Iglésia on ne peut que souhaiter la même à Sung-Hee Jo !

Lors d’une froide journée, Sun-young effectue en taxi le long trajet qui la ramènera chez sa mère, où elle doit accoucher. Cette perspective doit réjouir la timide jeune femme, surtout que l’auto-stoppeur fraîchement embarqué par son chauffeur en cours de route se montre très désagréable à son égard. Il semble tout savoir sur elle et, entre autres insanités, entame un étrange compte à rebours, suivi d’un flash, un bruit assourdissant, puis le néant… A son réveil, Sun-young est seule. L’électricité ne marche plus et des grognements effrayants émanent des bois. Quelque chose d’apocalyptique est arrivée au Monde et les survivants que Sun-young croise ne s’avèrent pas d’une grande aide, bien au contraire…

Le message du film est assez sombre…
En gros, dans l’humanité, il n’y a rien à sauver !
Les mythes chrétiens sont illustrés par ce scénario (en Corée du sud, 26% de la population est chrétienne), comme le diable, en tant qu’ange déchu, mélangés à d’autres mythologies classiques, comme les cerbères de l’enfer.
Sung-Hee Jo réalise son premier film avec talent, mais semble bénéficier de peu d’argent, ce qui est rare (ou nouveau) en Corée où les jeunes réalisateurs ont justement toujours eu de grosses productions pour faire leur preuve.
Mais il compense le manque de moyens par les idées, et ce n’est pas plus mal, à moins que l’on recherche un cinéma plus spectaculaire évidemment.

Les cadrages emploient beaucoup des amorces (d’épaule ou de mains), toujours en contre-jour (donc plus mystérieuses), au premier plan, lors des dialogues, sans pour autant fournir le contrechamp de chaque plan ainsi cadré, ce qui est plutôt inhabituel, et donc renforce l'identification au malaise de l’héroïne.
Il y a aussi de nombreux plans larges perdant les personnages dans des décors immenses sans rien à l’horizon.

La photographie fait dans les tons d’automne, le beige sale, employant beaucoup de terre, de poussière et de boue à l’écran.
Elle est peu contrastée, avec des lumières réalistes (proche du « Dogme » de Lars von Trier), et fait finalement dans le naturalisme le plus cru.

Le montage utilise des plans-séquences longs, et des enchaînements lents, de plus, le film a du mal à se conclure, aussi parfois l’ennui s’installe.

Pas grand-chose à signaler quand aux décors (une route, une forêt, et une maison paumée), si ce n’est qu’ils sont tous tristes, vides et sales.

Les costumes aussi sont assez banals, le seul point notable est le pull de l’héroïne qui est choisi de la couleur du sol (afin qu’elle s’y fonde davantage chaque fois qu’elle rampe).

Il n’y a presque pas de SFX, beaucoup de morts ont lieu hors champ.
On trouve juste une blessure sanglante à un pied, et du maquillage traditionnel pour montrer l’évolution de la faiblesse de l’héroïne.
On peut signaler aussi un monstre (un cerbère tout en plumes et en crocs), en images de synthèses, qu’on aperçoit à peine en amorce dans UN seul plan (trop court en plus)… vraiment dommage, car c’est réalisé avec un certain brio technique qui fait espérer, vainement donc, d’en voir davantage…

L’acteur qui interprète le diable possède une voix au timbre mystérieux, et l’héroïne par contre est un peu fade, c’est sûrement fait exprès vu son rôle introverti, mais c’est quand même chiant à la longue !
Le tout jeune acteur jouant l’enfant dur à cuire est aussi intéressant, il a une grande présence.

Il n’y a quasiment pas de musique, seuls les bruitages sont travaillés (avec ces hurlements déformés d’animaux par exemple).

Pour conclure, ce film sur le dégoût des hommes est réussi mais très déprimant, à réserver aux amateurs mais à déconseiller aux dépressifs (et croyez moi, je m’y connais !).