009 RE:CYBORG 3D
Pays de production : Japan
Année de production : 2012
Durée : 104
Genre : science-fiction,animation
Réalisateur : Kenji Kamiyama
Scénario : Kenji Kamiyama
Cast : Chiwa Saito, Daisuke Ono, Mamoru Miyano
L’avis du NIFFF
Mon humble avis
Cyborg 009 est un manga de Shōtarō Ishinomori dessiné en 1963.
Ce mangaka est peu connu en occident, mais c’est en fait le grand père de la SF Sentaï :
Il a été formé par Osamu Tezuka (son style de dessin est d'ailleurs assez proche de ce dernier), et est le créateur de Kamen Rider et des deux premières séries
sentai Go Ranger et JAKQ.
Ces deux derniers titres furent adaptés en séries télévisées tokusatsu, qui remportèrent un énorme succès.
C'est lui qui insuffle un nouveau genre de programmes de télévision au Japon, avec un héros en costume qui se transforme, et beaucoup d'effets spéciaux.
Ishimori est aussi l'auteur du premier tokusatsu ayant popularisé le genre sentaï en France, San Ku Kaï.
[ J’en profite pour vous signaler que pour le Geekopolis, la revue Animeland a sorti un numéro spécial sentaï, vendu avec le DVD de la fan-série France-Five, et que
votre serviteur apparaît en figurant dans l’épisode 5, oh fierté ! ]
L’œuvre de Shōtarō Ishinomori s'inscrit majoritairement dans la pensée qui domine la littérature japonaise de la deuxième
moitié du XXe siècle : un pays ravagé et brisé par une puissance destructrice, le traumatisme des bombardements atomiques restant très présent dans les mentalités.
Cyborg 009 fut déjà de maintes fois adapté, en séries télé, en jeux vidéos, ou en longs métrages, en 1966, 1967, 1968, 1979, 1980, 1993, et en 2002, avant que ne voit le jour cette nouvelle
adaptation « 009 Re:Cyborg » !
Mais cette fois, l’ennemi n’est plus la mafia ou le communisme, mais bel et bien Dieu lui-même !
En effet, et si Dieu demandait aux hommes de s’auto-détruire ?
…d’où sans doute les attentats actuels au nom de religions, culotté !
Mélangeant des références à l’actualité, et à l’histoire (l’holocauste nazi, l’archéologie, les kamikazes de la seconde
guerre mondiale…), le scénario riche et original nous surprend de bout en bout, dans ce film de plus réalisé avec maestria.
On sent le poids de la série « Ghost in the shell – Stand alone complex » (œuvre précédente du réalisateur Kenji Kamiyama) dans certains dialogues philosophiques, mais un style propre au metteur
en scène, dans l’ampleur de l’action, commence à apparaître.
Les cadrages donnent à voir une variation importante des valeurs de plans, gros plans sur les visages, plans américains de conversations, plans larges dans les décors, plans mobiles suivant
l’action en vol (avions, super héros, …), c’est donc très distrayant à l’œil.
Les images usent de couleurs fortes, sans tomber dans le kitsch, il y a beaucoup de ciel, donc de la lumière éclatante la plupart du temps.
Le montage alterne des séquences réflexives de dialogues calmes, avec une action trépidante « bigger than life », qui veut
toujours être plus spectaculaire que dans le manga précédant…
Impossible ?
Pourtant, ils y arrivent !… encore ! ! !
Les décors sont incroyables de précisions dans les détails, on sent bien que le réalisateur a commencé sa carrière comme « background artist ».
Ces décors sont variés eux aussi, car il y a beaucoup de pays représentés (le Japon bien sûr, mais aussi la Turquie, l’Italie, les USA, etc…).
Pour le design des personnages, notons un effort particulier : les types ethniques différents sont bien rendus, un fait suffisamment rare dans le manga pour être précisé.
De plus, c’est un travail fin et stylisé qui se poursuit jusque dans les costumes (surtout pour les dentelles de la
française Françoise Arnoul), on appréciera forcément les tatouages tribaux de cet indien à la Hulk, ou cet enfant aux pouvoirs psychiques, comme dans Akira, mais avec une tétine en bouche
!
L’animation est très fluide, il y a beaucoup de mouvement, et d’expression de visage, c’est très travaillé.
Ça cherche à en mettre plein la vue aux amateurs, et ça y parvient sans peine.
La musique est un point fort de plus, Kenji Kawaï, surtout connu pour l'atmosphère glaçante et hypnotique qui se dégage de sa musique (comme dans les « Ring », fait ici dans l’épique puissant, avec orchestre symphonique et chœurs, et use d’accents mystiques à l’occasion, faisant penser à son travail, déjà magnifique, sur « Avalon ».
Il utilise aussi des percussions de tous les coins du monde, comme pour les films sur lesquels il a déjà travaillé, comme les « Patlabor », « Seven Swords », « Ghost in the Shell » ou « Innocence ».
En conclusion, cet animé est à conseiller vivement aux amateurs de SF, de super héros, d’action impensable, ou même de réflexion métaphysique !
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Critique de NIGHT ON THE GALACTIC RAILROAD