BATMAN – THE DARK KNIGHT RETURNS
Pays de production : USA
Année de production : 2013
Durée : 152
Genre : animation
Réalisateur : Jay Oliva
Scénario : Bob Kane, Frank Miller
Cast : Peter Weller, Ariel Winter, David Selby
L’ avis du NIFFF :
Mon humble avis :
Selon ce grand geek amateur de comics de Kevin Smih (projetant au NIFFF 2014 ce film au cours de sa carte blanche), il s’agit ni plus ni moins du meilleur film sur
Batman jamais réalisé (et même des futurs films réalisés précise-t-il !), il a même plus lu et relu le comics original de Frank Miller que la bible.
Il a ainsi repéré et retenu une ligne précise de dialogue, où le vieux Batman fonçant vers un obstacle en voiture se dit « ça pourrait faire une belle mort… », avant
d’obliquer brusquement en ajoutant « …mais pas assez belle ! »…
Lorsque la Warner lui proposait un contrat en or (après « Cop out »), pour devenir un réalisateur mercenaire oubliant ses projets personnels pour ne réaliser que les
scénarii des autres, il les avait d’ailleurs remercié en leur ressortant cette fameuse réplique !
Kevin Smith termine sa présentation du film en promettant carrément au public masculin une véritable éjaculation, lors du combat entre Batman et Superman
!!!
Le message de ce dessin animé pourrait être la décrépitude de notre civilisation moderne, en termes de valeurs humaines, et le scénario prône la self-défense de
façon assez facho, mais on reste surtout concentré sur la psyché du vieux Bruce Wayne, incapable d’accepter sa retraite de Batman.
La réalisation est fidèle au matériau de base, le « graphic novel », mais en trouvant des équivalents visuels à la prose
de Miller.
Elle est beaucoup plus dynamique dans la seconde partie, une fois l’exposition des enjeux terminée.
Les cadrages sont variés, mais sans abuser des effets trop typés comics (perspectives exagérées par exemple), sauf dans les combats qui les nécessitent davantage.
Il y a quand même beaucoup de plongées et de contre-plongées, surtout dans la deuxième partie.
Certains plans sont directement issus de la BD, comme la scène où Superman prend une pause et qu’un aigle se pose sur son bras).
La photographie use de couleurs sombres aux ombres tranchées, des aplats nets faciles à animer.
C’est la méthode habituelle des dessins animés de chez DC, initiée par Bruce Tim avec la série Batman des années 90 (on le retrouve d’ailleurs ici à la production).
Le montage prend son temps, c’est finalement assez bavard, comme la BD (malgré que soit ôté la voix off qui
commentait toute l’action).
Les décors urbains sont classiques pour du polar, ils ne sont en rien futuristes, on reste dans une vision de Gotham city très réaliste.
Leur dessin reste stylisé, à la Bruce Tim encore une fois, pour ne pas trop faire de différence avec les cellulos d’animation rajoutés dessus.
Les designs des personnages est simple, stylisé au possible, reprenant les looks imposés par Bruce Tim (on ne retrouve en rien les spécificités du dessin si
particulier de Frank Miller), pour permettre une animation plus fluide, surtout dans les combats (la grande force des animés DC).
Bien entendu, la vision de Miller est respectée, quand à l’évolution des concepts de base, nos personnages ayant vieilli, et n’étant plus que l’ombre d’eux-mêmes :
outre Batman à la retraite, Superman à la botte de l’état, L’archer vert devenu manchot, on retrouve le Joker, Harvey Dent double face, le commissaire Gordon, un nouveau Robin (enfin une fille),
et la batmobile devient un vrai char d’assaut, Lana Lang vielle et grosse, Catwoman une maquerelle pathétique, la nazi Bruno une caricature de Brigitte Nielsen, le présentateur télé représente
David Letterman, et le président des states est encore Ronald Reagan (puisque la BD date des années 80) !
Il n’y a pas d’effets spéciaux, tout est fait en animation traditionnelle, à part quelques hélicoptères en 3D, et
des nuages en synthèse lors du détournement d’un missile par Superman.
Le doublage des voix est fait très sérieusement, on n’est pas dans la caricature, mais bien dans un polar très noir, Batman a une voix grave et rocailleuse à
souhait, celle de Peter Weller.
La musique fait très John Carpenter (époque « Assaut » ou « Escape from New York »), avec des synthétiseurs et des percussions très fortes (qui reprennent d’ailleurs
parfois la rythmique du générique de « Total Recall » composé par Jerry Goldsmith).
C’est bien dark, mais son caractère épique est souvent un peu faiblard.
La techno plus speed dans la seconde partie accompagne mieux les exploits de Superman.
Notons aussi une scène de fête foraine où la musique nous évoque beaucoup celle des compositions de Christopher Young pour « Hellraiser »… décidemment, Christopher
Drake est un compositeur sous influence !
En conclusion, une comparaison avec la BD originale s’impose…
Le film est assez respectueux de la BD sur l'histoire, certes les traits de dessins de la BD sont plus travaillés que sur le film d'animation, mais cette ligne claire respecte le design des
personnages. La voix OFF des albums disparaît complètement pour ne laisser que la place aux actions et aux effets visuels propre au film d'animation et on ne va pas s'en plaindre.
Mais, nul doute que Frank Miller sera moins fan de cet animé que Kevin Smith, la portée politique en étant nettement amoindrie, ce n’est pas encore ce film qui va le réconcilier avec les studios
qui adaptent ses livres !
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