CONTRACTED


Pays de production : USA
Année de production : 2013
Durée : 80
Genre : horror,drama
Réalisateur : Eric England
Scénario : Eric England
Cast : Najarra Townsend, Caroline Williams, Alice Macdonald

L’avis du NIFFF

Le film :
Après avoir passé une nuit d’amour désespéré avec un sombre inconnu, une jeune femme lesbienne prénommée Samantha présente de mystérieux symptômes. Persuadée d’avoir contracté une maladie sexuellement transmissible, elle rend visite à un médecin. Malheureusement, le diagnostic s’avère bien plus redoutable… Tandis que sa vie, sa santé et ses habitudes s’écroulent, Samantha endure de terrifiantes expériences. Mais quel sinistre mal pourrait bien être en train de la ronger de l’intérieur ?

Avec une pertinence rare, Eric England s'accapare de la thématique du virus pour traiter de multiples sujets actuels. L'horreur, d'abord esquissée et métaphorique, se propage avec effroi dans ce portrait du milieu lesbien de Los Angeles, avant de déployer toute son efficacité et de s'incruster sous votre épiderme. La jeune Najarra Townsend porte littéralement le film sur ses épaules : à la fois attachante et terrifiante, elle impressionne dans le rôle de Samantha, désespérée et passionnelle.

Le réalisateur :
Jeune réalisateur américain de 25 ans, Eric England a été diplômé de la Los Angeles Film School en juin 2008. Fan absolu de Scream, c’est tout naturellement qu’il conçoit un cinéma d’horreur fondé autour du sous-genre du slasher. Auteur des sanguinolents Madison County (2011) et de Roadside (2012), England est resté un peu en dehors des radars avant Contracted, présenté en première mondiale au NIFFF. Ce troisième long métrage annonce d'ores et déjà une belle carrière à ce jeune cinéaste.

Mon humble avis

La zombification se propage comme une MST, on ne nous l’avait pas encore faîte celle-là !
Mis à part ce postulat original, il n’y a rien de neuf dans le déroulement suivant la descente aux enfers (affective, sociale, et bien sûr physique) du personnage principal.
Le message est très réac, puisque, comme dans les années 80 (les « Vendredi 13 » et consorts), c’est la pécheresse (lesbienne, pratiquant le sexe libre avant le mariage, junkie, abusant de l’alcool, mauvaise professionnelle, et mauvaise fille, etc…) qui sera punie !
C’est la cinquième réalisation d’un très jeune (25 ans) réalisateur, Eric England, produit par aussi de très jeunes producteurs (mais avec toute leur famille juive derrière financièrement, déplacée en groupe pour l’occasion du festival du NIFFF), la mise en scène est donc convenable pour des cinéastes aussi jeunes, mais pas très prometteuse d’un talent hors du commun.
Les cadrages abusent de la « shaky-cam » qui secoue l’image tel un reportage pris sur le vif, pour faire immersif, c’est la mode habituelle des séries télé et autres films d’horreur à petits budgets.

La photographie est dans des tons souvent jaunâtres, peu contrastés, ce qui donne une effet très naturaliste.
Le montage est assez lent, il y a beaucoup de « plans séquences » filmant toute la scène, ponctués d’inserts de gros plans sur les émotions de l’actrice.
Rien d’extraordinaire pour les décors : des appartements (4 ou 5), un restaurant, le cabinet d’un docteur, la rue, etc…
Le tout avec une décoration banale, non vraiment rien à signaler.
Idem pour les costumes, il y a juste la copine homosexuelle dur-à-cuire qui est lookée légèrement gothique (avec piercings à l’appui), mais le reste des looks est très conventionnel (voire caricatural, tant les personnages en deviennent des archétypes).

Les effets spéciaux sont banals eux aussi : des lentilles, des veines peintes sur une peau pâle, du faux sang et des asticots…
Même les meurtres n’ont rien d’original, ça se veut gore, mais ça reste très timide dans la représentation graphique (une tête est fracassée « proprement » par exemple).
Les acteurs (des actrices surtout d’ailleurs) sont tous assez bons et crédibles.
L’héroïne est jouée par Najarra Townsend, qui fait tout ce qu’elle peut, dosant correctement notre empathie et notre dégoût, mais sans le supplément de charisme qu’il aurait fallu pour vraiment s’attacher à son personnage.

La musique du film n’est pas non plus remarquable, c’est une atmosphère inaudible, plus du bruitage que des mélodies.
En conclusion, je dirais que ce film mineur est destiné au public de jeunes goreux (rien de péjoratif, j’en ai fait partie autrefois), sans cesse renouvelé : il ne cherche même pas à plaire à ceux qui aurait déjà vu ça tant de fois…
Dommage.