CREEPY
Réalisé par Kurosawa Kiyoshi
Japan - 2016
Première suisse
avec Nishijima Hidetoshi, Takeuchi Yûko, Kawaguchi Haruna
130’ - japanese st en/fr - 16 ans
L'Avis du NIFFF :
Ayant échappé de peu à la mort, un détective se recycle comme professeur à l’université.
Loin de la métropole bruyante, il vit paisiblement avec sa femme jusqu’à ce qu’un ancien collègue vienne faire appel à ses services.
Une descente aux enfers commence alors...
Avec ce retour aux sources, Kurosawa Kiyoshi rappelle qu’il est bel et bien le maître de la J-Horror, en signant un thriller aussi élégant que tordu, qui glace le sang par sa morbidité
implacable.
Mon Humble Avis :
Spécialiste du film de fantômes (The cure, Kairo), Kiyoshi Kurosawa (qui avait raté l'opportunité de réaliser The Ring, parce que son scénario était trop alambiqué) revient ici avec un
polar...
Cependant, derrière le film de genre, le véritable message du métrage est de décrire l'explosion de la cellule familiale traditionnelle nipponne.
La réalisation académique de Kurosawa est son point faible, même si l'intrusion d'éléments étranges dans ce classicisme a ainsi plus de poids.
Les cadrages fixes sont sur pieds, pour la plupart.
Il y a une prédominance de plans larges et de plans taille.
La photographie est plutôt clinique, peu personnelle, et finalement assez télévisuelle.
La lumière est naturaliste, cela renforce les aspects étranges ou inquiétants que d'avoir un contexte vraiment réaliste.
Le montage est trop lent, les plans s'étirent tous de trop, il y a des scènes de dialogues entières sans contre champs ou plans de coupe.
Le film est globalement un poil trop long, mais c'est définitivement le style de ce réalisateur.
Les décors commencent par nous montrer une cellule dans le palais de justice, puis l'université où enseigne le héros, sa maison et son
voisinage de banlieue...
Encore une fois tout est fait pour rendre le cadre de l'histoire le plus crédible et anodin possible.
Du coup le décor tout simple de la cave du psychopathe nous apparaît comme la grotte d'un ogre !
Les costumes sont réalistes, sans originalité, on voit beaucoup de costard cravates de flics et autres fonctionnaires.
Les sfx sont peu nombreux, le gore restant suggéré.
Il y a quand même des cadavres décomposés depuis des années, dans des sacs sous vide, peu ragoûtants.
Une explosion de gaz donne lieu à un effet numérique qui s'intègre moins bien dans ce contexte si réaliste.
Le casting est sobre mais sans grand relief de prime abord...
Le personnage principal (Nishijima Hidetoshi, vu entre autres dans Dolls, Casshern, et Kanikōsen) a tout de même une certaine classe.
Progressivement, au fur et à mesure que l'on approfondit notre connaissance des personnages, ce jeu intériorisé devient la force du film.
On se pose beaucoup de questions à essayer de comprendre leur façon d'être, ce qui rend le public actif du déroulement de l'intrigue.
Certains personnages sont quand même plus originaux qu'ils en ont l'ait, comme le voisin étrange (Teruyuki Kagawa, vu entre autres dans Tokyo!, et la trilogie 20th
century boy) qui fait planer une menace sourde sur l'ensemble du film.
On est étonné aussi de l'importance accordée à une simple femme au foyer (Takeuchi Yûko), à la répétition de ses journées vide de sens, et à l'impact psychologique
et émotionnel qui en découle...
La musique est peu présente.
Lorsqu'elle est là, c'est surtout pour nous faire frissonner, mais Kurosawa apprécie le silence, les bruits de la nature, des gestes quotidiens, il emploie donc les sons non diegetiques le moins
possible.
La BO utilise des cordes, dans les tons graves, avec des notes elles aussi étendues au maximum.
En conclusion, je déconseille ce film aux fans de Michaël Bay, mais il a un scénario suffisamment intéressant pour être suivi sans ennui, malgré son rythme mollasson.