GIRL ASLEEP
"FANTASTIC BIRTHDAY"
Australia - 2015
Première suisse
avec Matthew Whittet,
Bethany Whitmore, Harrison Feldman
77’ - english st fr - 12 ans
sortie française : 22 mars 2017
L'Avis du NIFFF :
Le film
Affectée par son récent déménagement, Greta Discoll tente tant bien que mal de s’adapter à sa nouvelle vie.
Dès la rentrée, elle est heurtée par les moqueries ou l’indifférence de ses nouveaux camarades.
Elle fait quand même la rencontre d’Elliot, un jeune garçon excentrique, avec qui elle se lie d’amitié.
Tout part de travers lorsque ses parents lui avouent avoir organisé une fête d’anniversaire pour ses 15 ans, à laquelle tout le monde est convié.
Mais Greta est loin de suspecter la tournure que prendra cette soirée…
Girl Asleep est un coming of age débordant de fraîcheur, où l’adolescence est représentée dans tous ses paradoxes.
L’intervention du fantastique favorise la transition du monde réconfortant de l’enfance à celui de l’âge adulte.
Saupoudré d’humour absurde, ce conte acidulé évoque par sa mise en scène soignée et ses couleurs vives le cinéma de Wes Anderson.
Ce premier film surprend par sa richesse esthétique et son étrangeté, et devrait assurer à Rosemary Myers sa notoriété dans le milieu.
La réalisatrice
Née en Australie, Rosemary Myers suit une formation de mise en scène théâtrale.
Après avoir adapté pour la scène de célèbres contes tels que Pinocchio ou Le Magicien d’Oz, elle multiplie ses activités, non seulement au théâtre en assurant la direction artistique de la
compagnie de l’Arena et de Sydney, mais aussi à la télévision, où elle officie en tant que free-lance à ABC Television.
Ce riche parcours se cristallise dans Girl Asleep, un premier film qui témoigne d’une véritable maîtrise.
Mon Humble Avis :
Représentation visuelle de thèses psychologiques basiques, ce film a le mérite d'une interprétation assez simple des rêves d'une jeune fille ordinaire.
Le message du film traite des relations entre enfants et parents.
Le plus souvent, les parents font un enfants pour combler un vide dans leur relation et dans leur existence, ils l'élèvent ensuite en réglant des comptes par son intermédiaire, des comptes entre
conjoints, avec leurs propre parents et éducation, et veulent maintenir le plus longtemps possible cette situation de dépendance matérielle et de domination psychologique, consciemment ou non,
principalement pour leur propre bénéfice (supporter leur vie en lui donnant un sens, par leurs sacrifices dans les responsabilités parentales)...
Je vous invite vivement, pour approfondir ce sujet, à lire l'ouvrage de Gilbert C. Rapaille "Comprendre ses parents", qui éclaire énormément sur les alternatives possibles.
La réalisation empreinte d'une certaine poésie surréaliste, et d'une tendresse évidente pour les protagonistes...
Sûrement un indice sur une part d'autobiographie et d'auto analyse dans ce récit.
Les cadrages privilégient les plans très larges, isolant les personnages dans des décors épurés, mais il y a une bonne variation de valeurs de cadres.
La photographie utilise une lumière douce aux faibles contrastes, assurant un cadre paisible aux protagonistes.
Le montage est tranquille, suivant surtout le rythme des dialogues, c'est un film plutôt bavard.
Les décors nous montrent l'école où règnent le bizutage le plus sévère, et la maison bourgeoise a la déco ringarde où vit la famille.
Plus tard, les scènes de rêves permettent des plans nocturnes en forêt, où les ombres et le mystère autorisent de mélanger décors réels et reconstitutions en plateau plus théâtrales.
Les costumes sont de deux types, les uniformes scolaires (shorts et jupes rouges sur chemisettes jaunes), ôtant les personnalités individuelles, et
les tenues extravagantes des seventies avec pantalons pattes d'eph, pulls à cols roulés, et tissus imprimés aux couleurs associées avec un mauvais goût hallucinant.
L'apparition d'un fantastique onirique permet quelques costumes originaux.
La princesse sauvage à queue de renard est à ce titre assez étonnante.
Dans le rêve, le père se retrouve en homme arbre zombie, symbole des racines biologiques de l'héroïne, mais aussi de l'enracinement dans le rôle d'enfant, que veut lui faire conserver son vieux
père, incapable de la laisser devenir adulte.
Les sfx concernent surtout les maquillages des créatures oniriques.
Le casting est principalement composé d'ados à l'âge ingrat.
Certains ne sont vraiment pas aidés par la nature, comme ce rouquin maigrelet, Harrison Feldman, qui joue Elliot !
Le jeu est globalement assez caricatural, les personnages sont réduits à l'état de stéréotypes.
Mais certains passages sont drôles, d'autres émouvants, preuve que cela fonctionne...
La musique utilisé le disco et le psychédélique des années 70, les passages clippés sont particulièrement jouissifs.
La musique des passages oniriques est plus épiques, avec de très belles percussions ethniques, et du synthwave assez sombre.
Un chanson rock améliore énormément une scène de combat entre filles, assez mal faites par ailleurs.
En conclusion, le film solutionne les problèmes un peu vite (plus vite que ce n'est possible en réalité), pour un happy end finalement plus onirique
que ses scènes de rêve...
Mais c'est l'intention qui compte, et le film est plutôt bien intentionné, donc il faut se contenter de ce survol d'un thème universel.
La meilleure réplique du film :
"Tu as vu ce nouveau film, Constipation ?...
Non.
C'est normal, il n'est pas encore sorti !"
Par contre Girl asleep va bien sortir lui ! ;)
Il a été rebaptisé "Fantastic Birthday" pour sa sortie dans les salles françaises le 22 mars 2017.
Souhaitons lui bonne chance ! ;)
Si vous désirez passer un moment onirique rafraichissant, oublier vos propres problèmes existentiels en vous concentrant sur ceux d'autrui, ou bien simplement profiter d'un chouette moment de cinoche sensible et poétique, alors ne le ratez pas...
Supportons les petits films indépendants qui parviennent encore à sortir sur nos écrans au milieu des blockbusters testostéronés de super-zéros américains ! :)